En 2024, l’économie marocaine a créé 82.000 emplois nets, selon les dernières données publiées par la Haute Commission au Plan . Cependant, cette progression cache des disparités importantes entre les milieux urbain et rural, ainsi qu’une augmentation du chômage et du sous-emploi. Alors que les secteurs des services et de l’industrie ont enregistré des créations d’emplois, l’agriculture continue de subir des pertes significative
Une création d’emplois concentrée en milieu urbain
Entre 2023 et 2024, le marché du travail a vu la création de 162.000 emplois en milieu urbain, contre une perte de 80.000 emplois en milieu rural. Cette dynamique contrastée s’explique par la forte contribution des secteurs des services (+160.000 emplois) et de l’industrie (+46.000 emplois). En revanche, le secteur agricole a perdu 137.000 emplois, accentuant le déclin des zones rurales.
Le travail rémunéré a augmenté de 177.000 postes, tandis que le travail non rémunéré a diminué de 95.000 postes. Cette évolution reflète une formalisation partielle de l’économie, mais aussi une précarité persistante, notamment en milieu rural.
Chômage en hausse : les jeunes et les femmes particulièrement touchés
Le nombre de chômeurs a augmenté de 58.000 personnes en 2024, portant le total à 1,638 million de personnes. Le taux de chômage national est passé de 13% à 13,3%, avec des pics alarmants chez les jeunes de 15 à 24 ans (37,%) et les femmes (19%).
Les diplômés ne sont pas épargnés : le taux de chômage parmi les détenteurs de diplômes atteint 20%. Les régions les plus touchées sont les zones urbaines, où le taux de chômage s’élève à 16,9%, contre 6,8% en milieu rural.
une précarité qui s’aggrave
Le sous-emploi a également augmenté, touchant 1,082 million de personnes en 2024, soit une hausse de 3,7% par rapport à 2023. Le taux de sous-emploi est passé de 9,8% à 10,1% au niveau national, avec une progression plus marquée en milieu rural (12,2%).
Les secteurs les plus concernés sont l’agriculture (+0,9 point) et les services (+0,2 point). Par ailleurs, 32,8% des travailleurs déclarent travailler plus de 48 heures par semaine, un chiffre qui illustre la pression sur les conditions de travail.
Disparités régionales : cinq régions concentrent 73% de l’activité économique
Cinq régions dominent le marché du travail marocain : Casablanca-Settat, Rabat-Salé-Kénitra, Marrakech-Safi, Tanger-Tétouan-Al Hoceïma et Fès-Meknès. Ces zones regroupent 73% de la population active.
La région de Casablanca-Settat reste la plus dynamique, avec presque 22,4% de la population active nationale. Cependant, elle enregistre également le taux de chômage le plus élevé parmi les grandes régions (15%). À l’inverse, les régions du Sud et de l’Oriental affichent des taux de chômage supérieurs à 20%, reflétant des défis structurels importants.
des défis structurels à relever
Malgré une légère amélioration en 2024, le marché du travail marocain reste confronté à des défis majeurs. La polarisation entre zones urbaines et rurales, la précarité des emplois et le chômage des jeunes diplômés nécessitent des politiques publiques ciblées.
La formalisation de l’économie, le renforcement des secteurs productifs et l’amélioration de la formation professionnelle apparaissent comme des leviers essentiels pour réduire les inégalités et stimuler une croissance inclusive.
Rachid Mahmoudi