Les premières zones industrielles

SELMA ZERHOUNI Fondatrice de AM Architecture du Maroc

Nul ne regrette les zonages industriels des années 80.
En effet, les plans d’aménagement de l’époque ouvraient à l’urbanisation des terrains agricoles, sans équipements et sans VRD.
Nombreux sont ceux qui investissaient ces espaces sans bouches d’incendies, sans routes, sans éclairages urbains…
La zone de Sidi Bernoussi souffre encore d’un manque structurel d’aménagement public.
A Tanger, la zone industrielle est construite sur un bassin versant menacé régulièrement de crues. Doukkarate, Ain Kaddous, Sidi Brahim à Fès sont dans un état de délabrement urbain navrant.
Aîn Sebaa semble toujours en cours de construction…Pour ces premiers industriels du Royaume, l’espace commun n’a rien d’affriolant pour les moments de pause.
Ils se dépêchent de finir leur journée de labeur pour aller se réfugier dans leurs villas cossues.

Comment ces zones industrielles ont-elles été pensées dans les premiers plans d’aménagement de l’époque ?

En « zonage » justement ! Les urbanistes ont défini des espaces d’activité industriels sans réellement s’occuper de leur réalisation.
Le découpage s’est fait au gré du foncier, sans plans de masse unificateur, sans vision de vocation complémentaire ou de régulation urbaine.
Les unités d’alors étaient vendues à des clients qui pouvaient simplement spéculer sur le terrain et abandonner des « dents creuses » dans un contexte urbain sans particularités.
C’est ainsi que les marges urbaines de nos grandes cités ont été détériorées.
Les portes de nos belles capitales s’effilochent et offrent un aspect non fini, déplorable.
Du coup, l’image même de l’économie industrielle s’en trouve pervertie.
En ces temps de crise mondiale, d’anciennes usines ferment, augmentant la sinistrose ambiante.
Force est de constater que l’environnement urbain des anciennes zones industrielles est à sauver.
En même temps que la création des parcs d’activité exemplaires que l’ont voit fleurir, il est temps de réhabiliter l’urbanisation des entrées des villes.
La cause est d’utilité publique.
Car transformer tous ces délaissés de voierie, toutes ces friches industrielles en crèches, jardins, équipement sportifs, en équipements culturels… serait donner du baume au cœur aux ouvriers.
En améliorant leur quotidien, les zones industrielles intégreraient l’urbanité.
Alors, au lieu de focaliser uniquement sur les centres, l’investissement public des collectivités locales devrait s’orienter aussi vers les marges urbaines.
Car la deuxième génération de ces premiers industriels aura besoin d’être encouragé par l’Etat, pour continuer à produire de la richesse.

SELMA ZERHOUNI

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