LOGISTIQUE – Le secteur “souffre encore” d’un recours insuffisant à une logistique moderne, intégrée et professionnelle fournie par les prestataires spécialisés, a affirmé, le 30 octobre 2019 à Casablanca, Abdelkader Amara, ministre de l’Equipement, du transport, de la logistique et de l’eau.
Intervenant lors de la cérémonie inaugurale de la 1ère édition de la Journée marocaine de la logistique, tenue sous le thème “Le Maroc sur le chemin de la performance logistique”, Amara a indiqué que le secteur pâtit de la prédominance d’une logistique traditionnelle réalisée pour compte propre avec des moyens limités et inappropriés.
Le ministre a également invité à cette occasion les entreprises du secteur à s’orienter vers l’innovation logistique par l’adoption de la digitalisation et à encourager l’émergence des startup dans les domaines de la logistique.
Il est également important de traiter la problématique de la logistique urbaine qui connaît plusieurs limites liées au manque d’organisation de l’activité au sein du périmètre urbain, à l’atomisation du tissu des professionnels, à la non adéquation de la flotte de transport utilisée et au manque de certains équipements publics nécessaires à une bonne gestion de la circulation des véhicules de transports de marchandises à l’intérieur des villes, a-t-il ajouté.
Pour ce qui est de la formation dans les métiers de la logistique, Amara a souligné que, malgré les efforts menés dans le cadre de la mise en œuvre du contrat d’application relatif au développement de la formation et des compétences logistiques, le marché de l’emploi se caractérise actuellement par une inadéquation entre l’offre et la demande en termes de profils, en particulier pour les niveaux de maîtrise et exécution.
De même, a-t-il fait remarquer, l’évaluation a montré que le contenu et l’approche pédagogique des formations offertes ont besoin d’être revus, invitant à cet égard les opérateurs de la formation, publics et privés, à accélérer la mise en place des programmes de formation concertés avec les représentations professionnelles en vue de répondre aux exigences du marché de l’emploi.
Par ailleurs, le ministre a indiqué que le déploiement de la stratégie logistique nationale a permis de réaliser plusieurs acquis à différents niveaux, dont la hausse à 5,1% de la contribution globale de la logistique à la formation du PIB marocain avec une valeur ajoutée générée de 46 milliards de dirhams en 2017 contre 34 milliards de dirhams en 2010, soit une croissance annuelle moyenne de 3,6%.
Il s’agit aussi de l’augmentation de l’emploi à 425.000 en 2017 contre 378.000 en 2010 et de la progression de la création annuelle nette d’entreprises de transport et de logistique à 2.000 créations en 2018.
Cependant, la mise en œuvre des différents chantiers s’est heurtée à plusieurs contraintes, particulièrement en ce qui concerne le chantier de développement des zones logistiques qui représente la pierre angulaire de la stratégie logistique nationale, a noté M. Amara.
En effet, l’indisponibilité de fonciers immédiatement utilisables aux bonnes localisations et aux meilleurs prix donne souvent lieu à un abandon forcé ou un ajournement des projets de la part des opérateurs et des investisseurs et, par conséquent, à une perte significative de plusieurs opportunités pour le développement de zones logistiques modernes, a-t-il expliqué, estimant que des efforts importants, notamment financiers, doivent encore être fournis en termes de sécurisation et de mobilisation du foncier destiné au développement des zones logistiques, mais aussi en termes d’aménagement d’infrastructures de base qui nécessitent des investissements lourds et à faible rentabilité financière.
De son côté, le directeur général de l’Agence marocaine de développement de la logistique (AMDL), Mohamed Yousfi, a présenté les principaux axes de la stratégie logistique nationale, mettant l’accent sur les différentes mesures prises dans les domaines des routes et autoroutes, des ports, des aéroports, du secteur ferroviaire (ligne à grande vitesse) et du tramway pour développer des infrastructures de qualité à même de soutenir le développement des activités logistiques.
Il a, en outre, rappelé les principaux objectifs de cette stratégie ainsi que les cinq axes sur lesquels elle s’articule à savoir “le développement des zones logistiques”, “l’optimisation des flux de marchandises”, “le développement d’acteurs logistiques performants”, “le développement des compétences” et une “gouvernance adaptée du secteur”.
Yousfi a, à cet effet, précisé que ces axes affichent des taux d’avancement de la mise en œuvre de 9%, 10%, 12%, 26% et 45% respectivement, alors que le taux de déploiement de l’ensemble de la stratégie s’élève à 14%.
Organisée sous l’égide du ministère de l’Equipement, du transport, de la logistique et de l’eau, en partenariat avec la Confédération générale des entreprises du Maroc (CGEM), cette journée a été l’occasion pour l’Etat et le secteur privé, de s’arrêter sur l’état d’avancement des engagements des différentes parties prenantes dans le cadre du contrat-programme Etat-CGEM, signé en 2010 et des contrats d’application qui en découlent et de ressortir les ajustements nécessaires.