À peine sorti d’une crise sanitaire, le monde fait à nouveau face à une forte hausse des prix d’engrais, du fait du conflit en Ukraine et de la suspension temporaire des exportations russes. Si cette rupture de fertilisants intervient dans une période très sensible, elle pourrait représenter pour le Maroc et l’Office Chérifien des Phosphates (OCP), une opportunité pour d’améliorer sa marge sur le marché international, vu que des pays comme le Brésil cherche une alternative à l’engrais russe.

Les cours du gaz naturel ont connu une envolée des plus historiques, poussant les fabricants de fertilisants a limité leur production. Conséquences, les prix internationaux de référence des engrais ont augmenté tout au long de 2021, de nombreux cours atteignant des niveaux records. Pour les engrais azotés, les prix flambent. L’urée, un des principaux engrais azotés, a plus que triplé ces 12 derniers mois. Celle de la mer Noire (vrac) est passée de 245 USD/la tonne en décembre 2020 à 901 USD/t, soit plus de 264 %, en octobre 2021.

Les prix des engrais phosphatés ont augmenté au même rythme. Ceux du phosphate diammonique ou DAP (Di-Ammonique Phosphate), l’un des principaux engrais phosphatés composites, ont doublé, passant de 360 USD la tonne à 726 USD/t (plus de 101%) sur cette même période. L’augmentation des coûts des engrais DAP est clairement imputable à la hausse des prix du composant azote. Toutefois, la hausse des tarifs des engrais phosphatés a eu le même effet. On estime qu’elle compte pour environ 50% de l’accroissement global des prix des DAP.

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Le conflit en Ukraine intensifie la situation

Le risque étant désormais plus lié à l’indisponibilité qu’au coût, de nombreux agriculteurs se sont retrouvés incapables de couvrir complètement leurs besoins. L’exemple de la France en est une preuve palpable. Le marché français n’a couvert qu’à 60 % les besoins des agriculteurs. Dans ce contexte d’indisponibilité, bon nombre d’entre-deux se sont retrouvés pris au piège, car produire ou importer nécessite énormément de temps et ce temps, aucun agriculteur n’en dispose dorénavant.

Perturbés ces circonstances, les agriculteurs à travers le monde, ignoraient que l’a conjoncture actuelle pourrait être à nouveau chamboulée. Malheureusement, c’est ce qui advint ce 24 février, à l’aube avec l’attaque de l’Ukraine par l’armée russe. Après s’être stabilisés a minima, en février, les prix de l’ammonitrate et de l’urée poursuivent leur ascension sur les marchés mondiaux.

Cette guerre en Ukraine détériore l’état de disponibilité des engrais, particulièrement celui des azotés, dont les prix sont en hausse depuis plusieurs mois. Et la situation s’envenime un peu plus avec la décision de la Russie concernant ses exportations du produit. En effet, le pays, compté parmi les principaux producteurs mondiaux d’engrais, avec 13 % du commerce mondial des intermédiaires et 16 % des engrais finis, recommande aux producteurs d’engrais russes de suspendre temporairement à leurs exportations, évoquant le « sabotage d’entreprises étrangères » entravant le transport de leurs produits.

Le Maroc pourrait tirer son épingle du jeu

Face à cette pénurie à l’échelle mondiale, les importateurs reviennent précipitamment aux achats, que ce soit en Europe ou du côté de l’Amérique. Le Brésil, l’un des territoires les plus touchés par ce déficit de stock de fertilisants (importe environ 60 % des engrais azotés russes) a déjà pris attache avec une dizaine de pays arabes, dont le Maroc, afin de remédier à la situation présente. La ministre brésilienne de l’Agriculture et de l’Élevage, Tereza Cristina a souhaité une augmentation potentielle des exportations d’engrais en direction de ce pays à grande vocation agricole, suite au conflit russo-ukrainien.

Le Maroc, avec OCP Group a justement les moyens de soutenir le Brésil, car le Royaume détient à lui seul 70 % des réserves mondiales de phosphate. En décembre dernier, le Maroc s’est classé premier exportateur d’engrais vers le Brésil, avec 75,37 millions de dollars, soit 62,91% des importations de fertilisants de ce vaste pays d’Amérique latine, selon les données de la Chambre Arabo-Brésilienne de Commerce. Le Maroc est aussi le pays qui vend le plus d’engrais au Brésil parmi les 22 États arabes et se classe troisième fournisseur mondial d’engrais auprès de la « patrie de la samba », juste après la Russie et la Chine.

Les prix du phosphate étant déjà à la hausse (901 USD/t, soit plus de 8700 DH), l’arrêt des exportations russes va certainement faire remonter les prix, cela pourrait représenter une opportunité pour ce premier exportateur mondial de phosphates et détenteur de l’une des plus grandes réserves mondiales.

Leïla Mariam

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