Au cours de la première session de son Conseil, tenu mardi 22 mars 2022 à Rabat, Bank Al-Maghrib (Institut d’émission) a décidé de maintenir inchangé son taux directeur à 1,50%.

Compte tenu du niveau extrêmement élevé des incertitudes qui entourent les projections macroéconomiques élaborées par les services de Bank Al Maghrib, et qui font ressortir notamment une baisse sensible de la valeur ajoutée agricole ainsi qu’une certaine consolidation des activités non agricoles, le Conseil la politique monétaire a décidé de maintenir l’orientation accommodante et ce, pour continuer à soutenir l’activité économique et atténuer l’impact de l’environnement international défavorable. Il a alors décidé de garder le taux directeur inchangé à 1,50%. C’est ce qui ressort d’une note, rendue publique par BAM et qui vient de nous parvenir.

Bien entendu, la réunion d’abord procédé à une analyse approfondie de l’environnement international, marqué par les évènements liés à la guerre en Ukraine, à un moment où la reprise économique mondiale fait déjà face à plusieurs défis, notamment le renchérissement des matières premières, la persistance des perturbations des chaines mondiales de production et d’approvisionnement et les fortes pressions inflationnistes. Des développements qui peuvent affectés plus ou moins l’économie nationale confrontée à des chocs endogènes, notamment dus aux aléas climatiques, une production céréalière autour de 25 millions de quintaux et après 103,2 millions de quintaux, un an auparavant…

BAM annonce que la valeur ajoutée agricole devrait ainsi baisser de 19,8%, ramenant la croissance économique à 0,7% en 2022, après un rebond qui aurait atteint 7,3% en 2021. En 2023, sous l’hypothèse d’une récolte moyenne de 75 millions de quintaux, la valeur ajoutée agricole augmenterait de 17%, portant la croissance à 4,6%. Pour ce qui est des activités non agricoles, elles devraient se consolider graduellement, avec une progression de 3% de leur valeur ajoutée en 2022 et en 2023.

Le déficit du compte courant à 5,5% du PIB en 2022

Au chapitre des prévisions sur les échanges, Le Conseil a fait remarquer qu’au niveau national, sous l’effet essentiellement de la flambée des cours des matières premières, le déficit du compte courant se creuserait à 5,5% du PIB en 2022, après 2,6% en 2021, avant de revenir à 3,7% en 2023. L

Quant aux importations, elles progresseraient en effet de 14,9% en 2022 en lien avec l’alourdissement de la facture énergétique et l’augmentation des acquisitions des produits agricoles et alimentaires et des biens de consommation. En 2023, les analystes de BAM trouvent que la hausse se limiterait à 1,1%, sous l’effet notamment de l’allègement prévu de la facture énergétique.

En parallèle, les exportations devraient s’améliorer de 12,5% en 2022 et de 3,4% en 2023, tirées principalement par l’accroissement des ventes de la construction automobile et par la hausse de celles des phosphates et dérivés en 2022, croient-ils.

Près de 80 MMDH de Transferts MRE

Les recettes de voyage connaîtraient une reprise graduelle, tout en restant à des niveaux inférieurs à ceux d’avant crise, passant de 34,3 milliards de dirhams (MMDH) en 2021 à 47 milliards en 2022 et à 70,9 milliards en 2023, relève-t-on dans le document.

BAM s’attend à des transferts des MRE retrouvant progressivement leur niveau d’avant crise, revenant à 79,3 milliards en 2022 et à 70,8 milliards en 2023, après un niveau exceptionnel de 93,3 milliards en 2021.

Concernant les IDE, l’institut d’émission table sur des recettes avoisinant l’équivalent de 3% du PIB en 2022 et 3,5% en 2023.

A en croire les analystes, tenant compte notamment des financements extérieurs prévus du Trésor, les avoirs officiels de réserve se situeraient à 342,8 milliards de dirhams à fin 2022 et à 347,3 milliards à fin 2023, assurant ainsi une couverture autour de 6 mois et demi d’importations de biens et services.

Relativement au crédit bancaire pour le secteur non financier, il devrait maintenir un rythme de croissance modéré autour de 4% en 2022 et en 2023, relève-t-on dans cette note.

Un suivi étroit de la conjoncture

Sur le volet des finances publiques, en dépit de l’accroissement important des dépenses de compensation du gaz butane et du blé, BAM mise sur l’hypothèse d’un déficit budgétaire se stabilisant quasiment à 6,3% du PIB en 2022, à la faveur d’une mobilisation exceptionnelle des ressources, à travers notamment les mécanismes de financement spécifiques et les recettes de monopoles. En 2023, il s’allégerait à 5,9% du PIB, résultat essentiellement de l’amélioration prévue des rentrées fiscales, souligne-t-on. Enfin, BAM assure qu’au regard des fortes incertitudes qui entourent les développements géopolitiques liés à la guerre en Ukraine et leurs implications aux niveaux international et national, elle continuera d’assurer un suivi étroit de l’évolution de la conjoncture économique et financière et procédera à une actualisation régulière de ses prévisions et de ses analyses.

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