Ce n’est un secret pour personne qu’au Maroc, l’eau est une denrée rare. Alors que les normes de l’OMS tirent sur la sonnette d’alarme en dessous de 1700 m3/an/habitant, le Royaume est sous la barre des 500 m3/an/habitant. Un stress hydrique structurel, accentué par le changement climatique et son corollaire de sécheresse sans précédent sévissant à travers le monde, et dont nous en payons un lourd tribut. Cela dit, si la précarité de nos ressources hydriques, qui ne datent pourtant pas d’hier, n’avait jusque-là défrayé la chronique, c’est grâce au volontarisme de l’Etat, qui ne ménage aucun effort pour pallier à ce déficit, à travers une politique dédiée et un cadre réglementaire taillé sur mesure pour gérer à bon escient la rareté hydrique. Résultat, le pays compte à date 286 barrages (grands et petits), 88 unités de traitement d’eau potable, dont 9 pour le dessalement de l’eau de mer et 16 installations de dérivation.
On peut se rendre à l’évidence de cet engagement sans faille, sauf qu’en l’état actuel des choses, les efforts de l’Etat seul ne suffisent plus. Il faut une implication responsable et citoyenne de tous les acteurs de la société marocaine. C’est donc ainsi qu’il convient de saisir le message de Sa Majesté, le Roi Mohammed VI (que Dieu l’assiste, face aux parlementaires en octobre dernier, nous appelant : « à un traitement diligent de la problématique de l’eau, dans toutes ses dimensions, et notamment à une rupture avec toutes les formes de gaspillage ou d’exploitation anarchique et irresponsable de cette ressource vitale ».
Nous voici expressément interpellés, tous autant que nous sommes, sur notre rapport à l’eau. Un appel auquel n’échappent pas nos chers industriels dont une bonne proportion, fort heureusement, a déjà entrepris des mesures drastiques et courageuses dans ce sens. Bien d’initiatives permettant une gestion en circuit fermé et évitant toute déperdition de cette ressource font déjà leur preuve. En la matière la stratégie de l’OCP, à travers la réutilisation des eaux usées ou le dessalement de l’eau de mer, est un bel exemple qui doit être mis en exergue. Bien d’autres expériences réussies en la matière existent, et il importe que nul ne soit en marge de ce mot d’ordre visant à faire de cette ressource vitale, un allié et non un défi pour notre économie.
Alors vous comprendrez très aisément que pour Industrie du Maroc, qui a juré fidélité à une ligne éditoriale traitant des problématiques saillantes du tissu industriel marocain, ni le silence, ni l’immobilisme ne pourraient être autorisés. C’est ce qui explique d’ailleurs le dossier que nous y consacrons dans ce numéro, et justifie que la 5ème édition des “ Matinées de l’Industrie“ soit consacrée aux défis urgents et futurs de l’industrie de l’eau. Un thème qui voile à peine notre ambition de concourir à l’émergence d’une véritable industrie de l’eau.
En espérant que vous serez des nôtres pour amorcer cette réflexion, nous vous souhaitons une bonne lecture… et une belle année surtout!