Lors de la 9ᵉ Rencontre Annuelle de la FNACAM, le président de l’Autorité de Contrôle des Assurances et de la Prévoyance Sociale , Abderrahim Chaffai, a salué la résilience du marché marocain des assurances, tout en soulignant la nécessité de renforcer la protection des citoyens et de réduire les écarts de couverture. Avec un chiffre d’affaires de 60 milliards de dirhams en 2024, en hausse de 5 %, et une croissance de 7 % au premier semestre 2025, le secteur confirme sa dynamique mais doit, selon lui, repenser son modèle face aux mutations technologiques et sociétales.

Un marché solide mais encore inégalement protégé

Dans son allocution, Abderrahim Chaffai a rappelé que malgré la croissance soutenue du marché marocain des assurances, les écarts de protection demeurent significatifs. Le taux de pénétration, estimé à près de 4 %, reste supérieur à la moyenne régionale, mais en deçà du potentiel réel du Royaume.
L’ambition de l’ACAPS, a-t-il affirmé, est « d’élargir durablement la couverture assurantielle afin que la protection ne soit pas un privilège mais un droit pour tous ».

Mettant en perspective l’évolution du cadre législatif depuis la première assurance obligatoire automobile en 1937 jusqu’à la récente assurance construction, M. Chaffai a annoncé un nouveau chantier majeur : l’assurance multirisque habitation obligatoire, un dispositif destiné à sécuriser les biens et les personnes face aux sinistres, encore trop peu couverts aujourd’hui.

Vers une refonte des assurances obligatoires

Le président de l’ACAPS a reconnu que, malgré la robustesse du dispositif actuel, le système des assurances obligatoires reste hétérogène et inégalement appliqué.
Une action coordonnée s’impose, a-t-il dit, pour « passer d’un cadre dispersé à un modèle cohérent, lisible et inclusif ».

Dans ce cadre, une étude conjointe entre l’ACAPS et la FMA a identifié deux leviers de développement prioritaires :

  • le renforcement de la protection des biens, des personnes et des capitaux,

  • et l’amélioration de l’inclusion socio-financière, afin de rendre les produits d’assurance accessibles au plus grand nombre.

Aujourd’hui, les assurances obligatoires représentent environ 33 % du total des primes émises et 60 % des portefeuilles gérés. Pour M. Chaffai, cette dépendance structurelle constitue un frein à la diversification et à l’innovation. D’où la refonte en cours du Livre IV du Code des Assurances, qui vise à moderniser la régulation, valoriser le capital humain et favoriser de nouveaux canaux de distribution digitalisés.

L’intelligence artificielle, un levier de transformation et de vigilance

Le thème central de cette 9ᵉ rencontre — « Les assurances obligatoires et les intermédiaires face à l’intelligence artificielle » — a permis à M. Chaffai d’insister sur l’importance d’un équilibre entre innovation et responsabilité.
L’IA, a-t-il expliqué, « s’impose désormais dans toute la chaîne de valeur du secteur », qu’il s’agisse de la personnalisation des produits, de la tarification des risques ou de la détection des fraudes.

L’ACAPS prévoit la mise en place d’un dispositif digital de contrôle fondé sur l’intelligence artificielle, destiné à surveiller les ventes en ligne et les communications liées aux produits d’assurance. Objectif : détecter automatiquement les pratiques non conformes et renforcer la protection des assurés.

Un écosystème tourné vers l’innovation

Dans la continuité de cette modernisation, l’ACAPS a lancé en 2025 le programme “Émergence”, un cadre de collaboration réunissant compagnies d’assurance, intermédiaires et startups Insurtech pour développer des solutions concrètes et adaptées aux réalités du marché marocain.
Ce programme sera inauguré le 16 octobre 2025, marquant une nouvelle étape dans la construction d’un écosystème national de l’assurance innovante.

M. Chaffai a également évoqué la prochaine dématérialisation de l’attestation d’assurance automobile via un QR code sécurisé, ainsi que la plateforme EDUCAPS, dédiée à l’éducation financière et assurancière du grand public.

Protéger, innover et servir

En conclusion, le président de l’ACAPS a rappelé que l’avenir du secteur se jouera sur trois piliers :

« Innover avec responsabilité, protéger avec équité et servir avec confiance. »

Une feuille de route qui ambitionne de consolider le rôle du Maroc comme acteur régional majeur du secteur assurantiel, tout en plaçant la protection du citoyen au cœur de sa stratégie.

Rachid Mahmoudi

LAISSER UN COMMENTAIRE

Please enter your comment!
Please enter your name here