l'Institut Africain de Recherche en Agriculture Durable

Dans un contexte marqué par des enjeux environnementaux et économiques croissants, le sud du Maroc se positionne en fer de lance de l’innovation agricole et scientifique. À travers l’Institut Africain de Recherche en Agriculture Durable (ASARI) de l’Université Mohammed VI Polytechnique (UM6P), basé à Laâyoune, la région ambitionne de transformer ses atouts naturels, notamment le dromadaire, en véritables moteurs de développement. Lamfeddal Kouisni, directeur de l’ASARI, que nous avons rencontré lors de la première conférence internationale sur le camelin, le 14 octobre, nous dévoile les défis, les solutions innovantes et l’impact majeur que la recherche scientifique entend apporter pour un développement socio-économique durable dans ces territoires emblématiques du Maroc.

Lors de la Conférence Internationale sur le Camelin, vous avez accueilli des éleveurs et des coopératives des régions du Sud. Quels sont les principaux défis auxquels ces acteurs font face, et comment la recherche scientifique ressortira à l’UM6P peut-elle apporter des solutions concrètes à ces problématiques ?

Aujourd’hui, nous avons lancé la première partie de la Conférence Internationale sur les camélidés, organisée par le programme de recherche de la chaîne de valeur animale de l’Institut ASARI, en partenariat avec la Fondation FB. L’objectif principal de cette conférence, qui se tient ici dans le Sud du Maroc, est de partager avec la communauté locale, principalement les éleveurs et les coopératives, les dernières innovations liées à ce secteur. Dès les premières discussions, nous avons échangé avec les acteurs locaux sur les initiatives qu’ils ont déjà prises pour valoriser les produits issus du dromadaire dans cette région. Toutefois, ils nous ont également fait partie des nombreux défis auxquels ils sont confrontés.

Lamfeddal Kouisni, directeur d'ASARI
Lamfeddal Kouisni, directeur d’ASARI, au centre (Conférence internationale sur le camelin, le 14 octobre à Laâyoune)

Cet échange entre coopératives, éleveurs et scientifiques de renommée internationale nous permet d’espérer que ces derniers bénéficieront des innovations développées à l’échelle mondiale, tout en profitant des recherches menées par ASARI. Par exemple, nous avons abordé la valorisation du lait de chamelle, un produit qui ne peut être conservé que trois à quatre jours à l’état frais. Grâce à des initiatives locales, il est désormais possible de le conserver jusqu’à douze jours et même de le transformer en poudre, tout en préservant sa valeur nutritive, ce qui permet de le stocker sur une période beaucoup plus longue.

À ASARI, nous travaillons également sur d’autres composantes du dromadaire, telles que la viande, la peau, la santé animale, la sélection génétique, et la production. L’objectif est d’accompagner les éleveurs et de contribuer à l’amélioration de leur qualité de vie, tout en promouvant de bonnes pratiques et des solutions technologiques pour faire de cette filière un levier de développement socio-économique dans les régions du Sud.

L’antenne de l’UM6P à Laâyoune joue un rôle stratégique dans le développement régional. Pourrait-vous nous expliquer comment ce projet contribue à l’émergence de l’écosystème scientifique et technologique au sein des provinces du Sud ?

L’UM6P, à travers l’Institut ASARI, a développé une gamme complète de programmes de recherche visant à accompagner les communautés locales. L’agriculture dans les zones désertiques est un point central de nos efforts. En effet, sans une agriculture adaptée, il est impossible d’élever des dromadaires ou d’autres types d’animaux dans ces régions. De plus, la gestion de l’eau, dans un contexte de changements climatiques et de sécheresses récurrentes, est un enjeu crucial.

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À ASARI, nous disposons d’équipes de recherche et d’une infrastructure de pointe pour développer des solutions innovantes. Ces solutions sont destinées à répondre aux défis socio-économiques des populations locales, contribuant ainsi à leur développement durable.

Quels sont les principaux domaines de recherche et d’innovation sur lesquels se concentre l’antenne UM6P à Laâyoune, et comment ces initiatives répondent-elles aux défis spécifiques de la région, notamment en termes d’environnement et d’économie ?

Pour répondre aux besoins des communautés locales, notre feuille de route de recherche a été élaborée en étroite collaboration avec les acteurs régionaux. Nous avons invité, dès le début, des éleveurs, agriculteurs, coopératives, ainsi que les représentants des différents ministères présents dans le Sud pour établir ensemble les priorités. Nous avons structuré notre programme de recherche autour de quatre axes principaux.

l'Institut Africain de Recherche en Agriculture Durable
Lamfeddal Kouisni, directeur d’ASARI

Le premier concerne l’agriculture dans les zones arides, avec un focus particulier sur l’agriculture biosaline, où nous avons déjà obtenu des résultats encourageants, applicables même au nord du Maroc. Le deuxième axe est la valorisation de la biomasse désertique, notamment à travers les plantes aromatiques et médicinales du désert, ainsi que les algues marines, étant donné la richesse de la côte atlantique en micro et macro-algues. Le troisième domaine est la chaîne de valeur animale, avec un accent particulier sur le dromadaire et les ovins. Enfin, nous travaillons sur la gestion des énergies renouvelables et de l’eau, avec l’idée d’utiliser ces énergies pour le dessalement de l’eau, que ce soit l’eau souterraine ou de mer, afin de la rendre utilisable en agriculture.

La formation des jeunes talents est au cœur de la mission de l’UM6P. Quelles sont les actions mises en place par votre antenne pour attirer et accompagner les étudiants dans des parcours qui répondent aux besoins du marché du travail local et national ?

Le développement du capital humain est une priorité pour nous. Actuellement, nous formons principalement des doctorants et des chercheurs, tout en accueillant des stagiaires en master. Nous employons également des techniciens et ingénieurs de divers horizons dans nos laboratoires. Cette diversité est reflétée dans notre corps professoral, avec des chercheurs des marocains, mais également des experts venus du Kenya, du Brésil, du Pakistan, et d’Éthiopie. Cette diversité nous permet de proposer des méthodes d’enseignement et des innovations de pointe à nos jeunes talents, qui seront les futurs leaders dans les secteurs scientifiques et technologiques.

Propos recueillis par Rachid Mahmoudi

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