Les résultats de l’ENNVM 2022-2023 mettent en évidence une distribution inégale des revenus au Maroc. En moyenne, un ménage marocain gagne 89 170 DH par an, avec de grandes disparités selon les catégories socio-économiques et géographiques.

Si le revenu annuel moyen s’élève à 103 520 DH en milieu urbain, il tombe à 56 047 DH en milieu rural. Par ailleurs, près de 72 % des ménages gagnent moins que la moyenne nationale, témoignant d’un écart de richesse important.

Les salaires, principale source de revenus

Les revenus salariaux constituent 35,1 % du revenu total des ménages, suivis des transferts publics et privés (21,3 %). En milieu urbain, les salaires représentent 36,4 % des revenus, contre 29,5 % en milieu rural, où l’économie informelle et l’agriculture restent prédominantes.

Les classes moyennes sous pression

Le fossé entre les catégories sociales se creuse : les 20 % les plus aisés perçoivent un revenu moyen de 49 634 DH par personne et par an, tandis que les 20 % les moins aisés vivent avec 6 943 DH, soit un écart de 7,1 fois. Ce ratio était de 6,2 en 2019, indiquant une aggravation des inégalités.

Quelle stratégie pour une meilleure répartition des richesses ?

Face à ces écarts croissants, plusieurs pistes sont envisagées pour garantir une meilleure répartition des richesses et assurer une croissance plus inclusive. L’une des premières mesures consiste à augmenter les salaires minimaux et à encourager la formalisation des emplois, en particulier dans les secteurs où le travail informel est encore prédominant, comme l’agriculture et les services. Un revenu minimum plus élevé permettrait d’améliorer le pouvoir d’achat des travailleurs les plus vulnérables, réduisant ainsi la pression économique sur les ménages à faible revenu.

Parallèlement, le renforcement de la protection sociale est une nécessité pour accompagner les travailleurs précaires et offrir un filet de sécurité aux familles les plus fragiles. L’élargissement de la couverture médicale et la mise en place de dispositifs de soutien en cas de perte d’emploi sont des leviers essentiels pour limiter l’impact des crises économiques et garantir une stabilité financière aux foyers les plus modestes.

Enfin, pour réduire durablement les inégalités, il est crucial de stimuler l’entrepreneuriat et l’investissement productif. Encourager la création de petites et moyennes entreprises à travers des incitations fiscales et un accès facilité au financement permettrait de dynamiser le marché du travail et de générer des opportunités économiques pour un plus grand nombre de Marocains. Le développement de secteurs stratégiques tels que l’innovation technologique, l’économie verte et l’industrialisation locale pourrait également jouer un rôle clé dans la redistribution des richesses et la réduction des disparités territoriales.

Le défi du Maroc est désormais de trouver un équilibre entre croissance économique et justice sociale. Une politique plus inclusive, alliant augmentation des revenus, protection sociale renforcée et encouragement de l’investissement, pourrait permettre d’atténuer les inégalités et d’assurer un développement plus équitable, profitant à l’ensemble de la population.

Rachid Mahmoudi

LAISSER UN COMMENTAIRE

Please enter your comment!
Please enter your name here