Retrait américain de l’Unesco Retour sur une décision controversée
Donald Trump, fidèle à sa ligne nationaliste, a de nouveau engagé les États-Unis sur la voie du retrait de l’Unesco, dénonçant un agenda jugé contraire aux intérêts américains.

La décision prise le 22 juillet 2025 par les États-Unis de quitter à nouveau l’Organisation des Nations unies pour l’éducation, la science et la culture (Unesco) a suscité de nombreuses réactions à l’échelle internationale. Cette annonce vient raviver une relation déjà complexe entre Washington et l’institution onusienne. Membre fondateur de l’organisation en 1945, les États-Unis se sont retirés une première fois en 1984 sous la présidence Reagan avant de revenir en 2003.

En 2011, Washington avait suspendu ses financements à l’Unesco suite à l’adhésion de la Palestine, puis s’était retiré en 2017 sous l’administration Trump avant de réintégrer l’organisation en 2023. Ce nouveau départ, prévu pour fin 2026, constitue donc le deuxième retrait sous une administration Trump.

Motivations idéologiques et politiques

La Maison-Blanche justifie ce nouveau retrait par des raisons principalement idéologiques. Selon Anna Kelly, porte-parole de l’administration Trump, l’Unesco serait devenue un soutien actif à des « causes culturelles et sociales woke et clivantes », contraires aux valeurs de « bon sens » défendues par l’électorat américain. Par ailleurs, le Département d’État américain reproche à l’organisation de promouvoir un « agenda mondialiste et idéologique », en soulignant particulièrement l’adhésion de la Palestine comme « hautement problématique », alimentant, selon Washington, une rhétorique anti-israélienne.

La porte-parole du Département d’État, Tammy Bruce, critique également ce qu’elle estime être une focalisation excessive de l’Unesco sur les objectifs de développement durable des Nations unies. Selon elle, cette orientation internationale « clivante » s’oppose directement à la politique « America First » prônée par Donald Trump.

Ces critiques traduisent une profonde méfiance américaine envers les institutions multilatérales. Cette seconde administration Trump a déjà affiché sa défiance envers d’autres organisations internationales comme l’Organisation mondiale de la santé et le Conseil des droits de l’homme des Nations unies, reprochant à ces entités leur proximité avec des courants jugés trop progressistes.

Vives réactions internationales

La directrice générale de l’Unesco, Audrey Azoulay, a immédiatement réagi en exprimant un « profond regret », tout en reconnaissant que la décision américaine n’était pas totalement surprenante. Mme Azoulay déplore surtout la répétition des mêmes arguments invoqués sept ans auparavant, alors même que les tensions politiques internes à l’organisation se sont largement apaisées.

Elle rappelle que l’Unesco demeure un des rares espaces de consensus international où le multilatéralisme se traduit par des actions concrètes. Elle souligne également que la diversification des financements obtenue ces dernières années permettra à l’organisation de mieux absorber le départ américain, désormais évalué à 8 % de son budget, contre 20 % auparavant.

Sur la scène diplomatique internationale, les réactions ne se sont pas fait attendre. La France, par la voix du président Emmanuel Macron, a réaffirmé son « soutien indéfectible » à l’Unesco, assurant que la décision américaine ne remettrait pas en cause l’engagement français envers l’organisation. Du côté de la Chine, la diplomatie de Pékin a qualifié le retrait américain de « décision indigne d’une grande puissance responsable », tout en réaffirmant son soutien aux programmes culturels et éducatifs de l’Unesco.

À l’inverse, Israël a salué la décision américaine. L’ambassadeur israélien auprès des Nations unies a dénoncé les « biais anti-israéliens » reprochés à l’Unesco, tandis que le ministre israélien des Affaires étrangères, Gideon Sa’ar, a remercié les États-Unis pour leur « soutien moral et leur leadership ».

Aux États-Unis même, le débat reste très vif. La sénatrice démocrate Jeanne Shaheen dénonce une décision « à courte vue » qui offrirait « une victoire stratégique à la Chine », susceptible de devenir la première contributrice de l’Unesco et d’étendre son influence culturelle mondiale. L’ancien ambassadeur américain auprès de l’Unesco, David Killion, partage ces inquiétudes et souligne que cette organisation est un « champ de bataille crucial pour l’influence culturelle et intellectuelle mondiale ». Il redoute qu’en quittant l’institution, Washington abandonne le terrain à Pékin, permettant ainsi à la Chine d’imposer sa propre vision du patrimoine mondial.

Implications culturelles et diplomatiques

L’impact du retrait américain dépasse largement les simples considérations financières. L’Unesco joue un rôle central dans la protection de sites emblématiques, tels que la Statue de la Liberté et le Grand Canyon, ainsi que dans des initiatives éducatives et mémorielles fondamentales, notamment la lutte contre l’antisémitisme. En se retirant, les États-Unis renoncent ainsi à peser sur les choix internationaux concernant la préservation du patrimoine mondial et pourraient affaiblir certains programmes globaux en matière d’éducation et de culture.

Ce retrait s’inscrit donc clairement dans une stratégie plus large de repli nationaliste de l’administration Trump. Pour les partenaires européens et asiatiques, cette décision marque un nouveau recul américain vis-à-vis du multilatéralisme, favorisant potentiellement un rééquilibrage des rapports de force internationaux au profit d’autres puissances.

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