Le Grand Palais à Paris est le théâtre d’un sommet international de grande envergure sur l’intelligence artificielle, réunissant dirigeants politiques et acteurs majeurs du secteur technologique. Pendant deux jours, les débats porteront sur la régulation de cette technologie en plein essor et sur les moyens d’en faire un levier de développement maîtrisé.
Dès l’ouverture, Anne Bouverot, envoyée spéciale de la présidence française pour l’événement, a insisté sur la nécessité de dépasser les scénarios de science-fiction pour ancrer l’IA dans des usages concrets et responsables. Fei-Fei Li, chercheuse à Stanford, a quant à elle soulevé la question essentielle : « Peut-on faire de l’intelligence artificielle une force au service du bien commun ? »
Avec près de 1.500 participants, cette troisième édition du sommet accueille des figures politiques et économiques de premier plan, dont le vice-président américain J.D. Vance, le vice-Premier ministre chinois Zhang Guoqing, la présidente de la Commission européenne Ursula von der Leyen, ainsi que des dirigeants de la tech comme Sam Altman (OpenAI), Sundar Pichai (Google) et Dario Amodei (Anthropic).
Les échanges se concentreront sur les opportunités offertes par l’IA mais aussi sur les risques liés à son développement. Plusieurs tables rondes aborderont des sujets clés comme la cybersécurité, l’impact sur le marché du travail et les avancées scientifiques qu’elle pourrait permettre.
Vers une gouvernance mondiale de l’IA ?
L’un des objectifs affichés du sommet est de progresser vers un cadre international permettant de réguler cette technologie sans freiner l’innovation. L’initiative « Current AI », annoncée la veille par neuf pays et soutenue par onze grands dirigeants du secteur, illustre cette volonté de structurer une IA plus transparente et accessible. Dotée d’un investissement initial de 400 millions de dollars, cette initiative ambitionne de mettre en place des bases de données ouvertes dans des domaines comme la santé et l’éducation, tout en développant des outils permettant d’évaluer l’impact social et environnemental de l’IA.
Face à l’émergence de solutions concurrentes, notamment le robot conversationnel chinois DeepSeek et le projet américain « Stargate » financé à hauteur de 500 milliards de dollars, le sommet vise aussi à affirmer la crédibilité de l’Europe dans la course à l’IA. Emmanuel Macron a insisté sur la nécessité pour la France et l’Europe d’accélérer le rythme, annonçant un engagement de 109 milliards d’euros d’investissements privés pour soutenir l’écosystème français dans les prochaines années.
Une mobilisation financière sans précédent
Au-delà des discours politiques, plusieurs annonces majeures marquent cette édition. Parmi elles, le financement d’un campus dédié à l’IA en France par les Émirats arabes unis, à hauteur de 30 à 50 milliards d’euros, ainsi qu’un investissement de 20 milliards d’euros du fonds canadien Brookfield pour le développement de nouveaux centres de données.
Ces infrastructures sont essentielles pour répondre aux besoins croissants de l’IA, nécessitant une puissance de calcul toujours plus importante. À ce titre, Ursula von der Leyen devrait annoncer le lancement de supercalculateurs dédiés à la recherche publique et aux start-up européennes, afin de favoriser l’innovation et la compétitivité du continent.
Un sommet décisif pour l’avenir de l’IA
La seconde journée du sommet sera marquée par une séance plénière réunissant les chefs d’État de près d’une centaine de pays, ainsi qu’un « Business Day » destiné à faciliter les échanges entre les entreprises du secteur. À l’issue de l’événement, la France espère obtenir des engagements concrets pour une IA plus éthique et respectueuse de l’environnement, bien que ces mesures ne soient pas contraignantes.
Paris ambitionne ainsi de se positionner comme un acteur clé dans la définition des règles du jeu de cette technologie qui façonne déjà l’économie mondiale.