L’Afrique n’est plus un continent périphérique aux yeux des cybercriminels. C’est désormais une cible stratégique. C’est ce qu’a révélé Pascal Naudin, responsable entreprise chez Kaspersky pour l’Afrique du Nord, de l’Ouest et Centrale, en marge de la 3ᵉ édition de GITEX Africa.

Lors d’un entretien accordé à Industrie du Maroc Magazine, le représentant du géant mondial de la cybersécurité a livré des données préoccupantes sur l’état de la menace numérique dans la région. « Rien qu’au Maroc, nos solutions ont permis de bloquer environ 13 millions d’attaques en 2024 », a-t-il déclaré. Un chiffre impressionnant, d’autant plus qu’il ne reflète qu’une partie de la réalité : « Nous ne couvrons pas l’ensemble du marché marocain. Cela signifie que le volume total d’attaques est bien plus élevé. »

Une explosion des menaces à l’échelle continentale

Au-delà du Maroc, le constat est tout aussi alarmant. Selon Kaspersky, le continent africain a enregistré une hausse de 14 % des cyberattaques en un an. Une tendance qui s’observe notamment en Afrique de l’Ouest, du Nord et Centrale, les trois zones d’intervention de Pascal Naudin.

« L’Afrique est devenue une cible privilégiée pour les hackers. Là où il y a de l’argent à gagner, les cybercriminels ne sont jamais loin », a-t-il prévenu.

Des solutions techniques… mais pas seulement

Face à cette recrudescence des menaces, les entreprises africaines investissent de plus en plus dans des outils de cybersécurité. Toutefois, selon Kaspersky, l’efficacité de ces outils repose sur leur mise en œuvre rigoureuse et continue.

« Déployer une solution ne suffit pas. Il faut qu’elle soit vivante. Les cybermenaces évoluent chaque jour, et les systèmes doivent suivre. Cela passe par des mises à jour régulières et une configuration optimale », explique Naudin.

Il insiste également sur le rôle central des responsables informatiques (DSI et RSSI), appelés à mettre en place des protocoles de veille, de supervision et de réaction rapide pour limiter les vulnérabilités.

L’humain, maillon faible mais rempart essentiel

Au-delà de la technologie, c’est l’utilisateur final qui reste le premier vecteur d’attaque. Mails piégés, faux liens, erreurs humaines : autant de failles que les hackers exploitent.

« La cybersécurité ne repose pas uniquement sur les machines. Le premier rempart, c’est l’humain. Il est impératif de renforcer les campagnes de sensibilisation et de formation à tous les niveaux. »

Ce plaidoyer pour une approche globale — à la fois technique et humaine — s’inscrit dans une vision d’une cybersécurité résiliente, adaptée aux réalités africaines. Car à mesure que le continent accélère sa digitalisation, les enjeux de protection deviennent cruciaux pour préserver les acquis, garantir la confiance numérique et soutenir l’émergence économique.

Rachid Mahmoudi 

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