
Le 15 août 2025, Donald Trump et Vladimir Poutine se retrouveront en Alaska, ancien territoire russe devenu État américain, pour discuter des conditions d’une paix en Ukraine. Le Monde retiendra son souffle, ce jour-là, pour savoir ce qu’il adviendra d’un conflit qui perdure.
Cette rencontre, inédite depuis le retour de Trump à la Maison-Blanche, a été rendue possible après la mission préparatoire de Steve Witkoff, émissaire personnel du président américain, reçu pendant trois heures au Kremlin début (6) août.
L’annonce a surpris par sa rapidité : jusque-là, Moscou semblait privilégier une issue militaire, renforcée par ses gains sur le terrain. Mais l’initiative de Washington, mêlant signaux d’ouverture et pressions économiques (?), a modifié la donne.
Pourquoi Poutine accepte-t-il aujourd’hui ?
La question centrale est de savoir ce qui a convaincu le maître du Kremlin de se prêter au jeu diplomatique : des garanties implicites sur un allègement progressif des sanctions ou la promesse d’un cadre de négociation où Moscou se verrait reconnaître ses acquis territoriaux ? A moins que ce soit, pour Poutine, la volonté de tester Trump, qui revendique un rôle de « faiseur de paix » ?
L’Alaska, lieu symbolique d’un passé commun russo-américain, n’est pas choisi au hasard : il renvoie à un espace hors du théâtre européen, sous contrôle américain, mais porteur d’une mémoire historique russe que Poutine ne peut ignorer.
Trump, un pragmatique à toute épreuve
En l’état actuel du conflit, c’est la Russie qui détient l’initiative militaire. Trump, conscient que les rapports de force se traduiront directement dans les termes de la paix, adapte sa stratégie : utiliser les leviers économiques colossaux des États-Unis pour modeler la posture de Kiev ; encadrer la discussion sur la base des « positions respectives » des deux belligérants réels : Washington et Moscou ; et éviter que des considérations politiques intérieures à l’Ukraine ne viennent bloquer un accord qui pourrait couronner sa présidence et, pourquoi pas, lui valoir un Prix Nobel de la paix.
Zelensky, incontournable, mais gérable
Volodymyr Zelensky, qui s’oppose à toute concession territoriale, devra se prononcer sur l’accord éventuel. Mais en cas de refus, le scénario le plus probable ne serait pas l’abandon de la paix, mais l’imposition de pressions économiques et diplomatiques écrasantes par Washington pour forcer son acceptation.
Dans cette perspective, l’Ukraine ne serait pas l’architecte de l’accord, mais le bénéficiaire ou le récipiendaire d’un texte négocié au-dessus de sa tête. Cela surtout que les Européens, déjà divisés sur la conduite du conflit, pourraient appuyer la position américaine pour clore le chapitre.
Questions ouvertes à la veille du sommet
- Quelles concessions précises Washington est-il prêt à offrir à Moscou pour sécuriser un accord ?
- La Russie exigera-t-elle une reconnaissance officielle de ses gains territoriaux, et dans quelle forme ?
- Quelles contreparties Trump mettra-t-il sur la table pour habiller l’accord d’un vernis de réciprocité ?
Un rendez-vous qui pourrait clore un cycle
Si un accord est trouvé le 15 août, il consacrera le retour des négociations entre les grandes puissances. En cas d’échec, la rencontre aura au moins permis à Moscou et Washington de se jauger directement, dans un contexte où les lignes du front militaire continuent d’évoluer en faveur de la Russie.
Ce sommet ne sera donc pas seulement une étape diplomatique : il est une démonstration de rapport de forces, un coup de poker de Trump et une tribune offerte à Poutine. L’un et l’autre savent que la paix, dans ce conflit, se décide à deux – et que le reste suivra.































