Alors que la création des zones industrielles en Afrique s’accélère, le Continent se “désindustrialise“, allègrement. Un contraste mis à nu dans le rapport 2021 de la Conférence des Nations Unies sur le Commerce et le Développement (CNUCED) sur les zones économiques spéciales en Afrique.
Les zones industrielle ou zones économiques spéciales (ZES) sont, en tout état de cause, un vecteur essentiel dans le processus d’industrialisation des Etats. En Afrique, elles sont malheureusement en souffrance eut égard à un certain nombre de difficultés. D’après notre confrère Jeune Afrique, « hormis certaines exceptions, de nombreux projets de ZES ont avorté, été retardés ou n’ont pas produit les résultats espérés ». Toujours selon ce média, le secteur manufacturier africain serait même en perte de vitesse, citant à titre d’exemple La contribution du secteur manufacturier dans le PIB des économies ouest-africaine, qui serait passée 17 à 11% entre 1980 et 2020. Une situation qualifiée de “déclin industriel“.
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Zones industrielles, comme un raz de marée
Un recul industriel qui contraste pourtant avec la prolifération de zones industrielles que l’on observe depuis quelques années à travers le continent. En effet, tirant exemple du succès rencontrés par les pays latinos et asiatiques dans la mise en œuvre de ZES, les politiques publiques africaine vont emboîter le pas. Comme un raz de marée, les zones et parcs industriels, zones franches, et autres infrastructures, formant l’armada des ZES ont vu le jour sur le continent. Ainsi, comme l’indique le rapport 2021 de la CNUCED sur le sujet, s’ils étaient 4 pays dans les années 90 à en disposer, on en dénombrait 38 à avoir au moins une ZES. Le rapport de poursuivre, « Le nombre de ZES sur le continent est passé d’environ 20 en 1990 à 237 en 2020 ».
Répartition disparate et divergente
Il est cependant bon de noter que la répartition des ZES n’est pas équilibrée. En effet les pays à l’est du continent concentrent à eux seuls plus de 50% des zones existantes. Selon les données de la CNUCED, le Kenya et l’Ethiopie possèdent respectivement 61 et 18 ZES. Toujours selon ces statistiques, l’Afrique de l’ouest regorge 24% du total, avec un Nigéria décomptant 38 ZES. Quant à la zone australe, d’après la source, 16% des ZES y sont implantées, l’Afrique du sud et le Bostwana possédant chacune 8 zones. Et en bas du tableau, les pays du nord enregistrant 10% du total, dont 10 sont implantées en Egypte. Il est toutefois nécessaire de préciser que les données de la CNUCED tranchent avec celles de l’Association Africaine des Zones Economiques (AEZO).
L’organisation mise en place en 2015 par le groupe Tanger Med donne une répartition dans laquelle l’Afrique du nord en coude-à-coude avec l’Afrique occidentale, et le Maroc sont les mieux nantis en la matière. Vrai ou faux, le fait est que le Continent et ses zones industrielles ne représentent que 4% des ZES dans le monde.
Les incitations, et après ?
En guise de conclusion, la CNUCED rapporte que la démultiplication de ZES n’est pas parvenue à industrialiser conséquemment l’Afrique. A la différence des pays d’Asie et d’Amérique latine, l’effet levier souhaité n’a pu s’opérer. De ce fait, les experts de l’organisation tirent la sonnette d’alarme sur « le risque de multiplication de zones peu performantes ». Déplorant « la capacité des ZES africaines à attirer des entreprises et à créer des emplois », ils incitent les décideurs sur la voie de benchmarks pour identifier les pratiques ayant fait leur preuve à l’international. En clair, les recommandations de l’instance internationales remettent en cause l’efficacité des incitations, quand celles-ci ne sont pas suivies de politique et de gouvernance appropriées.
FAZI, un horizon
Il convient au regard de la situation des zones industrielles africaine, de s’inspirer de modèles (pourquoi pas) africains qui marchent. En cela il n’y a pas meilleur exemple que Tanger Med qui a littéralement changé le visage de tout une nation par le succès fulgurant que connait ce complexe industriel. Un succès qui est en train d’être réédité en d’autres lieux du territoire marocain, et qui devrait servir de cas d’école pour les pays du Continent. C’est d’ailleurs là tout l’intérêt de plateforme comme le Forum Africain des Zones Industrielles (FAZI).
NGY