Rachid Yazami, physicien et inventeur marocain de renommée mondiale.

Rachid Yazami met fin aux supputations et donne des clarifications sur l’avancement que connaissent ses projets aux Maroc et le développement de sa technologie de charge ultra rapide pour les voitures électriques. Détails.

« Si on avait suivi mes recommandations en 2016, on serait en train de fabriquer des batteries au lithium au Maroc aujourd’hui ». C’est en ces termes que Rachid Yazami, le physicien et inventeur marocain, déplore le peu d’enthousiasme des décideurs et acteurs marocains.

À l’en croire, sa volonté de développer une technologie purement marocaine bute jusqu’à présent. Comme conséquence, la technologie de charge ultra rapide, pour batterie de smartphones et voitures électriques, échappe au Maroc. Et ce au grand désarroi de Rachid Yazami, regrettant une opportunité manquée pour l’industrie marocaine et le “Made in Morocco“. Un beau gâchis d’autant plus que de technologie purement marocaine, il n’en existe pas pour l’heure. Pourtant ce ne sont pas les ressources qui manquent, fait savoir Rachid Yazami. Il cite en exemple le projet de recyclage des batteries au lithium engagé par le groupe minier marocain Managem. L’objectif étant de récupérer le cobalt contenu dans la cathode (pôle +) de la batterie. « C’est une initiative pour lesquelles des méthodes tout à fait innovantes existent et pourraient servir au Maroc », dit-il avec un brin d’enthousiasme.

Le projet Giga factory au Maroc en pause

Pour revenir à l’application industrielle de sa récente invention de protocole de charge ultra rapide des batteries au lithium, c’est finalement aux Etats-unis qu’elle sera développée. « J’imagine qu’à la phase commerciale, cela coûtera beaucoup plus cher au Maroc, que s’il y avait été conçu comme je l’ai désiré ». Ainsi donc le projet d’une Giga Factory pour fabriquer des batteries est temporairement mis sous l’éteignoir. Idem pour une autre société qu’il envisageait créer au Maroc pour exploiter sa technologie de charge ultra rapide. Toutefois « je ne perds pas espoir », confie Rachid Yazami. Pour preuve, « je n’ai pas manqué de signifier à mes partenaires d’envisager un développement ultérieur au Maroc ». Une doléance qui selon lui a bon écho.

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Selon le scientifique, ce choix final pour les Etats-unis l’a été à son corps défendant. En effet Rachid Yazami croit mordicus que le Maroc peut s’inviter dans ces technologies. À condition d’effacer la phobie du risque. « Au Maroc il faudrait faire émerger le concept “Risk assessment“ au domaine technologique. Dans les pays comme le Japon et les USA c’est tout une discipline. Et les experts du “Risk assessment“ ont pour mission l’évaluation des risques entourant une nouvelle technologie. » Il poursuit en prenant pour exemple la giga-factory du leader mondial de véhicule électrique. « À l’époque Tesla ne savait pas faire des batteries. Si bien que ce sont les japonais qui ont leur ont construit l’usine dans l’Arizona. Mais aujourd’hui, voyez le résultat ». Un parallèle que fait Rachid Yazami pour encourager les décideurs marocains à plus d’audace.

Atteindre la taille critique technologique

Cela dit, le Prix Draper 2014 fait de son mieux pour que son pays soit au rendez-vous technologique. C’est à cet objectif d’ailleurs que répond son projet de Centre d’excellence sur les batteries (CEB@UPF). Co-développé avec l’Université privée de Fès, ce CEB@UPF sera un terreau favorable pour l’émulation de la R&D. « Pour qu’une technologie soit adoptée par un pays, ce dernier doit atteindre la taille critique », indique Rachid Yazami. Il explique : « c’est le stade où les ingénieurs et les chercheurs ont un niveau de connaissance et de compréhension disruptive. Ce qui permet facilement de convertir une innovation scientifique en solution pour l’industrie. Pour ce faire, il faut une percolation suffisante entre ces acteurs. Et donc le CEB@UPF servira à ce dessein ».

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Concernant l’affaire « Atlastechin » dont fait écho nos confrères du Desk, Rachid Yazami affirme que la page est tournée. Non sans avoir fustigé « un manque d’information et de professionnalisme ». « Si le journaliste avait pris la peine de me contacter dans les règles de l’art, et non via ma messagerie Facebook, il aurait eu la vraie information », fait-il savoir avant de conclure : « pour moi l’affaire Atlastechin est une tempête dans un verre d’eau ».

En somme, c’est un pays autre que le nôtre qui tirera parti du génie marocain. Autant dire qu’à l’heure où l’on prône la souveraineté tous azimuts, l’on gagnerait à impliquer plus sérieusement nos scientifiques et ingénieurs. Surtout quand ils montrent de la sollicitude comme Rachid Yazami.

Frère John

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