Le paysage industriel marocain présente un visage contrasté au terme du mois de février 2025. Selon la dernière enquête mensuelle de Bank Al-Maghrib, le secteur affiche simultanément une stagnation de sa production et une augmentation significative de ses ventes, révélant ainsi les dynamiques sectorielles divergentes qui traversent l’appareil productif national.
Le Taux d’Utilisation des Capacités s’est stabilisé à 78%, masquant des réalités industrielles profondément contrastées. Les performances sectorielles dessinent en effet une véritable cartographie des forces et faiblesses de l’industrie marocaine. L’agroalimentaire et la mécanique-métallurgie apparaissent comme les locomotives du moment, affichant une production en nette progression. À l’inverse, le textile et le cuir peinent à maintenir leur niveau d’activité, tandis que la chimie et parachimie enregistrent un recul préoccupant.
Cette stagnation globale de la production contraste singulièrement avec la vitalité des indicateurs commerciaux. Les ventes progressent dans la plupart des branches, tirées principalement par la demande étrangère qui compense la relative faiblesse du marché domestique. Les carnets de commandes traduisent cette dynamique positive, affichant des niveaux supérieurs à la normale dans la majorité des secteurs, à l’exception notable du textile et cuir qui continue de subir les contrecoups des transformations structurelles du marché.
Les projections à trois mois esquissent un scénario en demi-teinte. Si les industriels marocains affichent globalement un optimisme mesuré, avec trois quarts des entreprises anticipant une reprise de leur production, cette confiance reste inégalement répartie. La mécanique-métallurgie et la chimie-parachimie devraient maintenir leur élan, tandis que l’agroalimentaire pourrait marquer une pause. Le secteur du textile et cuir, quant à lui, ne semble pas en mesure d’inverser la tendance dans l’immédiat.
Cette situation paradoxale, où la demande soutenue ne parvient pas à entraîner la production, interroge sur la capacité de l’appareil industriel marocain à répondre aux sollicitations du marché. Les experts pointent du doigt la nécessité d’accélérer les investissements productifs et d’adapter les outils industriels aux nouvelles réalités du commerce international, particulièrement dans les secteurs traditionnels comme le textile qui peinent à maintenir leur compétitivité.
Alors que le Maroc poursuit sa stratégie industrielle à l’horizon 2030, ces données conjoncturelles soulignent l’impérieuse nécessité d’accompagner la transformation structurelle des filières en difficulté tout en consolidant les avantages compétitifs des secteurs les plus dynamiques. Le prochain trimestre s’annonce déterminant pour vérifier si cette stagnation productive n’est qu’un ajustement passager ou le révélateur de déséquilibres plus profonds.