Lors du second round du premier panel, portant sur une double thématique, à savoir « La souveraineté sanitaire et alimentaire : un défi à relever », mais aussi « La souveraineté énergétique : le nerf de la guerre », les experts et intervenants ont eu à répondre à une série de questions autour de « Entre un secteur sanitaire, positivement challengé par dame Covid et des plans d’autosuffisance alimentaire, soumis aux désidératas de la pluviométrie, la Souveraineté dans ces deux domaines reste au stade de perspective. Dans ce contexte, quels mécanismes implémenter ? », et « Carburant essentiel à tout développement industriel, l’énergie est restée pour le Maroc l’impossible équation, jusqu’à l’alternative des renouvelables. Quels schémas directeurs faut-il suivre pour une indépendance énergétique ? »

Pour El Harti Ali, Président de la Fenelec et directeur général de Centrelec, qui est revenu sur les grandes lignes de l’ambitieux programme de développement de l’efficacité énergétique et des énergies renouvelables, décliné en une soixantaine de plan d’actions, n’en a pas moins souligné que les lignes sont dures. « Néanmoins, nous faisons ce que nous pouvons. Il faudrait que l’Etat soit plus alerte », a-t-il ajouté. Dans cette corporation, on croit que la décarbonation est à la fois une menace et une grande opportunité…

Sur le changement de mindsets et la façon de renforcement de la stratégie de souveraineté, Nadia Zeddou, Fondatrice du Cabinet Green Wave, a trouvé que la crise nous a permis d’apprécier un savoir faire locale que nous n’arrivions pas optimiser… Les industriels ont du hausser le niveau de leur qualité pour satisfaire le marché local et se projeter sur l’international… croit-elle. De son avis, la crise a en quelque sorte catalysé le changement de mindsets.

Qair Maroc a été brièvement présentée par sa Directrice générale, Wahba Zniber,  de  comme un fournisseur de centrales électriques vertes qui peuvent êtres du stockage, des stations flottantes, des centrales solaires ou produisant de l’hydrogène vert, un producteur à vision mondiale et locale. La Directrice générale de Qair Maroc a assuré qu’ils sont capables de fournir des solutions de décarbonation en réponses aux demandes des industriels. Actuellement sur 3 projets, elle a révélé la centrale solaire livrée à son client Nestlé Maroc qui tourne depuis un an. En attendant l’amendement de la loi 13-09, Qair Maroc trouve que les opportunités sont importantes aussi bien sur la Moyenne Tension que sur la Haute Tension.

 

Retenir le capital humain

De son côté, El Ferdaous Othman, Vice-President d’ABA Technology (co-constructeur de grandes transformations disruptives) et ex-secrétaire d’Etat chargé de l’Investissement, ex-Ministre de la Culture, de la Jeunesse et des Sports, a tenu à faire la nuance entre souveraineté et sécurité. Justement, il trouve que de plus en plus on tend vers une réduction de la chaîne de valeurs. Fort heureusement, il y a des moyens de réagir, dira-t-il, évoquant les exemples du Green Deal, ajustement aux frontières ou taxe CBAM (Carbon Border Adjustment Mechanism) qui va entrer en vigueur cette année et sur une période transitoire de 5 ans. De son avis, à partir de 2026, il faudra inclure ces aspects sur toute la supply chain. Citant le cas de la Cosumar qui a réussi un partage de valeurs d’amont vers l’aval, il s’agira de faire de la supply chain connectée, aller à fond dans l’Iot (Internet des objets). Entre autres axes à développer, El Ferdaous Othman trouve que le Maroc, jusque-là exportateur net de capital humain, doit commencer à retenir ce capital…

Saïd Benhajjou, président du Cluster Santé, a trouvé que covid-19 a été une réelle opportunité pour le secteur où 90% des intrants étaient importés. En peu de temps, le Maroc a mis en exergue plusieurs compétences et assurer une production autonome en gel hydroalcoolique, masques, respirateurs artificiels… Quant aux leviers sur lesquels s’appesantir en priorité pour relever le défi de la souveraineté, le président du Cluster Santé mise d’abord sur la confiance nationale avant la préférence nationale, puis sur la normalisation et la certification…

Donner plus de chance au Made in Morocco

A en croire Imane Zaoui, Directrice générale de Nestlé Maroc, entreprise qui va fêter ses 30 ans bientôt, l’accent doit être mis sur la sécurité et la qualité. Du travail avec 6 000 fermiers dans les Doukkala, des 6 000 t de lait, produites par année, elle s’est félicitée qu’une part de 60% du business y émanant est produite au Maroc par des marocains. Il s’agit bien d’une multinationale qui est dans l’alimentaire et exporte vers l’Afrique du nord, le Moyen Orient et Malte, autant de références… soulignera-t-elle.

Quant à Ghizlaine Khaneboubi, Directeur exécutif du Pôle Industriel & Développement de Sothema, l’industrie pharmaceutique est le fer de lance de la production sanitaire, avec une contribution de 1,5% du PIB et 52% du secteur industrielle pour un chiffre d’affaires annuel de 14 milliards dh. Elle trouve qu’avec des laboratoires (47 sites de production), dont les performances dépassent les frontières du pays, il est temps que l’accompagnement du Maroc soit plus accentué.

S’inscrivant dans cette lancée, Chraibi Nawal, Directrice générale de MAsCIR, reviendra sur les acquis notamment de cette plateforme technologique via leurs départements R&D, Innovation … au service de l’industrie, mais aussi des différents pôles de recherche en biologie, en microélectronique, en matériaux et nanomatériaux. De nombreux essais ont été transformés, notamment avec Moldiag pour développer les premiers tests marocains de diagnostic du cancer du sein et de la tuberculose.

El Harti Al insistera sur les success-stories, preuves que les opérateurs sont capables d’êtres compétitifs. Il a lancé un appel aux donneurs d’ordre public pour leur donner une chance. En cette période de lancement de la ZLECAf, il voudrait que le Made In Morocco soit une feuille de route.

Ces riches interventions ont été agrémentées de keynotes, singulièrement celle de Mohamed Benouda, PDG ABA Technology sur « Crises et Opportunités : industrie X.O dans un monde incertain », une façon d’inciter les industriels d’être à la page et mieux encore d’anticiper les évolutions, épousant de nouveaux paradigmes. Nous y reviendrons.

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