La célébration de la Journée mondiale de l’alimentation, le 16 octobre de chaque année, constitue une opportunité pour enclencher une prise de conscience de la nécessité de renforcer la sécurité alimentaire, en particulier en faveur des personnes souffrant de la faim dans le monde.
Le choix du thème « Le droit aux aliments au service d’une vie et d’un avenir meilleurs » pour cette année n’est pas fortuit puisque le droit d’accès à une alimentation saine est au cœur de l’existence humaine.
Cet accès aux aliments n’est pas toujours acquis à cause de plusieurs facteurs, notamment les conflits armés et le changement climatique. De ce fait, des populations entières souffrent de famine qui peut entraîner des décès.
« Les agriculteurs du monde entier produisent suffisamment d’aliments pour nourrir plus de la population mondiale, cependant la faim persiste », lit-on sur le site web de l’Organisation des Nations unies pour l’alimentation et l’agriculture (FAO) qui précise que jusqu’à 733 millions de personnes sont confrontées à la faim en raison de conflits, de chocs climatiques répétés et de ralentissements économiques.
Cette situation touche plus durement les pauvres et les personnes vulnérables, dont beaucoup sont des ménages agricoles, ce qui reflète l’aggravation des inégalités entre les pays et à l’intérieur de ceux-ci, estime l’organisation onusienne.
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La transformation des systèmes alimentaires actuels est devenue une nécessité pour garantir la sécurité alimentaire mondiale et préserver les ressources naturelles productives pour les générations futures, a indiqué Abdelhak Laiti, représentant adjoint de la FAO au Maroc. L’agriculture peut être durable quand elle intègre les trois dimensions de la durabilité, à savoir celles économique, sociale et environnementale, a souligné M. Laiti dans un entretien accordé à la MAP. L’agriculture durable est celle qui applique les principes du développement durable tels que définis par la communauté internationale à Rio de Janeiro en juin 1992, a précisé M. Laiti, expliquant que cette agriculture « multifonctionnelle » doit assurer une production pérenne d’aliments, recherchés par les populations, tout en respectant les limites écologiques, économiques et sociales susceptibles de maintenir cette production dans le temps. Dans la même veine, le Pr Aziz Abouabdillah, enseignant-chercheur à l’École nationale d’agriculture de Meknès, a relevé qu' »assurer le droit aux aliments en période de conflit ou de catastrophes naturelles est un défi complexe, mais cela passe avant tout par la mise en place de stratégies solides de souveraineté alimentaire, notamment pour les produits de base comme les céréales ».
Dans des pays semi-arides tels que le Maroc où les périodes de sécheresse sont fréquentes et où les conflits internationaux affectent les importations, il devient crucial de produire localement malgré la raréfaction des ressources naturelles, a ajouté l’universitaire dans sa déclaration. Pour faire face à ce changement climatique, il préconise le recours au dessalement de l’eau de mer qui « est une solution envisageable, étant donné les vastes côtes marocaines ».
« Parallèlement, il est important de promouvoir des initiatives visant à réduire la consommation et le gaspillage alimentaire. Au Maroc comme dans d’autres pays arabes, les produits céréaliers, tels que le pain, sont les plus gaspillés malgré leurs prix subventionnés », a-t-il dit.
M. Abouabdillah a appelé dans ce sens à encourager la population à adopter des habitudes alimentaires plus responsables, notant que cela contribuerait à renforcer la sécurité alimentaire, surtout en temps de crise.
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Interrogé sur la gestion des périodes de stress hydrique en agriculture, le professeur-chercheur a souligné que plusieurs stratégies peuvent être mises en œuvre, dont le choix des cultures et des variétés.
« Il s’avère crucial de privilégier des cultures qui consomment moins d’eau et de promouvoir l’utilisation de variétés tolérantes au stress hydrique », a-t-il relevé, donnant l’exemple du remplacement partiel du blé tendre par l’orge, qui est une culture plus résistante à la sécheresse et peut pousser dans des sols caillouteux et salins.
Il s’agit également de limiter les cultures gourmandes en eau en tenant compte des besoins économiques et sociaux et d’optimiser l’irrigation, notamment par des pratiques agricoles intelligentes qui sont nécessaires pour maximiser la production tout en minimisant l’usage de l’eau, a préconisé M. Abouabdillah. L’irrigation de précision, l’irrigation souterraine, l’utilisation d’additifs comme les hydrogels et la couverture du sol sont autant de techniques qui peuvent améliorer l’efficacité de l’irrigation, a-t-il expliqué.
Le professeur-chercheur prône également la sensibilisation et le changement des habitudes alimentaires ainsi que le dessalement de l’eau de mer qui, bien que coûteux, reste une option envisageable, surtout pour des pays comme le Maroc qui bénéficie d’un accès à l’océan Atlantique et à la Méditerranée. Selon lui, cela permettrait de fournir de l’eau même en période de sécheresse prolongée, assurant ainsi une production agricole stable.
La nourriture, avec l’air et l’eau, figure parmi les besoins humains les plus essentiels. Pourtant, l’accès à une alimentation adéquate n’est pas une réalité pour tous. La célébration de la Journée mondiale de l’alimentation est une occasion pour promouvoir ce droit fondamental de tout être humain.