Avec 319 milliards de dirhams d’investissements et six projets phares, le Royaume accélère sa transition énergétique.

Le Maroc franchit une nouvelle étape dans sa stratégie énergétique. Avec la sélection de cinq investisseurs internationaux et nationaux pour développer six projets structurants dans les régions du sud, le Royaume se positionne comme un acteur clé de l’hydrogène vert. Ces initiatives, d’un montant global de 319 milliards de dirhams, visent à produire de l’ammoniac, du carburant industriel et de l’acier vert, tout en réduisant l’empreinte carbone du pays. Une dynamique alignée sur les Hautes Directives de SM le Roi Mohammed VI, qui appelle à une mise en œuvre rapide et qualitative de «l’Offre Maroc» en matière d’énergie verte.

Le Maroc a réussi à attirer cinq investisseurs majeurs, nationaux et internationaux, pour développer six projets dans les régions du sud. Ces investisseurs, leaders dans leurs domaines respectifs, ont été sélectionnés selon une méthodologie scientifique et transparente, garantissant un partenariat équilibré et durable. Parmi eux, on trouve des géants mondiaux comme Ortus (États-Unis), Acciona (Espagne) et ACWA Power (Arabie Saoudite), ainsi que des acteurs nationaux comme Nareva. Les projets, qui seront implantés dans les régions de Dakhla, Laâyoune et Guelmim, portent sur la production d’ammoniac vert, de carburant industriel et d’acier vert. Ces zones, riches en ressources naturelles et en potentiel énergétique, offrent un cadre idéal pour le développement de l’hydrogène vert. Ces initiatives s’ajoutent aux deux projets déjà lancés dans le cadre des accords signés entre le Maroc et la France en octobre 2024, impliquant TotalEnergies et ENGIE.

Une dynamique alignée sur les Hautes Directives Royales

Cette initiative s’inscrit dans la lignée des Hautes Directives de SM le Roi Mohammed VI, énoncées dans le discours du Trône du 29 juillet 2023. Le Souverain avait appelé à une mise en œuvre rapide et qualitative de «l’Offre Maroc» en matière d’hydrogène vert, afin de valoriser les atouts naturels et géostratégiques du Royaume.

Le Chef du gouvernement, Aziz Akhannouch, a souligné l’importance de cette dynamique, basée sur la minutie et la rigueur. «Nous concrétisons aujourd’hui la vision de Sa Majesté dans ce domaine, en travaillant selon ses instructions pour atteindre des objectifs ambitieux qui servent l’économie nationale et préservent l’environnement», a-t-il déclaré. Akhannouch a également précisé que les investisseurs ont été soigneusement sélectionnés selon des critères rigoureux, prenant en compte leur expertise technique, leur capacité financière et leur engagement en faveur de la durabilité.

Un potentiel énorme pour l’économie verte

Le Maroc dispose d’atouts majeurs pour devenir un leader de l’hydrogène vert : une position géographique stratégique, des ressources naturelles abondantes et des infrastructures de qualité. Ces projets structurants permettront non seulement de réduire l’empreinte carbone du Royaume, mais aussi de créer des milliers d’emplois et de stimuler l’innovation dans les régions du sud. La procédure de sélection reste ouverte à d’autres investisseurs, témoignant de la volonté du Maroc d’attirer les meilleurs acteurs mondiaux dans ce secteur prometteur. «Les investisseurs ont été soigneusement sélectionnés, et nous entamerons bientôt des négociations pour garantir la réalisation des projets selon les normes internationales les plus élevées», a affirmé Akhannouch. Dans une déclaration riche en perspectives stratégiques, Mohammed Yahya Zniber, Président du Cluster Green H2, a insisté sur l’importance de ne pas se limiter à la production d’hydrogène vert, mais de développer également une industrie en aval. «Produire de l’hydrogène vert n’est pas une finalité en soi si ce n’est pas accompagné par un développement en aval», a-t-il déclaré. Zniber a souligné que le Maroc a aujourd’hui l’opportunité de développer des produits qui étaient jusqu’à présent l’apanage des producteurs de pétrole et de gaz, comme l’ammoniac, le méthanol et l’acier vert. «Nous espérons pouvoir donner une alternative à la pétrochimie par de l’hydrogénoChimie», a-t-il ajouté, en référence à une nouvelle industrie basée sur l’hydrogène vert. Zniber a expliqué que cette approche permettrait de créer une chaîne de valeur industrielle complète, allant de la production d’hydrogène vert à la fabrication de produits dérivés à haute valeur ajoutée.

Zniber a également insisté sur l’importance des partenariats, des infrastructures et de la formation pour réussir cette transition. «La formation et la Recherche et développement sont un enjeu majeur», a-t-il déclaré, tout en rappelant que le Maroc doit mettre en place les infrastructures nécessaires pour stocker et transporter l’hydrogène et ses dérivés. «Cela nécessite notamment des ports, un réseau électrique d’ampleur, ainsi que des stations de dessalement nécessaires à l’électrolyse, mais aussi à la consommation humaine et agricole», a-t-il précisé. Le Président du Cluster Green H2 a également souligné le rôle crucial de la réglementation dans cette transition. «La mise en place de réglementations relatives à la manipulation, au stockage et au transport de l’hydrogène est un axe primordial à développer», a-t-il ajouté. M. Zniber a rappelé que le Cluster Green H2, en tant que force de proposition, joue un rôle clé dans la promotion de l’innovation, la formation, et le développement de partenariats. «Le Cluster regroupe des industriels, des universités, des centres de recherche et des entreprises publiques autour d’une même table, permettant d’échanger, de réfléchir et de proposer des voies de développement», a-t-il expliqué.

Zniber a insisté sur la nécessité de valoriser localement l’hydrogène vert. «Le Maroc ne cherche pas à produire uniquement de l’hydrogène vert et d’en devenir un simple exportateur. Cela reviendrait à répéter les mêmes erreurs qui consistent à exporter des produits et matières premières non transformées et non valorisées», a-t-il déclaré. Selon lui, une partie de l’hydrogène vert pourra être exportée vers des partenaires, notamment européens, mais l’essentiel résidera dans la valorisation locale de ce produit.

Rachid Mahmoudi 

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