Les places portuaires marocaines et marseillaises, qui affrontent au même titre les répercussions néfastes de la crise sanitaire actuelle, sont appelées à repenser leur coopération en vue de soutenir un développement durable de leurs échanges dans l’ère post-covid-19, a souligné, jeudi, Jalal Benhayoun, directeur général de Portnet S.A.

Les défis imposés par cette crise rendent nécessaire une coopération plus étroite entre les deux communautés portuaires dans la perspective d’appuyer la compétitivité des opérateurs et leur résilience face à des chocs si inédits, a expliqué le directeur du Guichet unique national des procédures du commerce extérieur lors d’un Webinar organisé par Portnet sur le thème de « la coopération des places portuaires marseillaises et marocaines avant et après le Covid-19 ».

« La route logistique vers l’Europe via le port de Marseille est une véritable opportunité qu’on doit saisir aujourd’hui », a-t-il fait valoir, invitant les logisticiens à envisager au long terme le coût de leurs opérations de fret, compte tenu des risques de rupture des circuits maritimes, qui ont connu de grandes perturbations durant la crise actuelle, poussant davantage d’opérateurs à explorer d’autres routes alternatives plus sûres.

Évoquant le rôle de la digitalisation dans le secteur portuaire, il a mis l’accent sur les chantiers lancés par le Maroc dans ce sens depuis une dizaine d’années, qui ont donné naissance, entre autres, au guichet unique, Portnet, qui sert une communauté de plus de 50.000 usagers sur tous les volets logistiques et bancaires, permettant ainsi une continuité d’activité, en dépit des contraintes de la pandémie.

Le Maroc ambitionne de devenir la plaque tournante de la logistique et du commerce vers et depuis l’Afrique, a-t-il dit, notant que le Digital est un accélérateur de l’intelligence communautaire et collective à l’ère du Covid-19, eu égard à son rôle de facilitateur des échanges et d’amélioration de l’expérience client.

Les ports devront concevoir une offre complète couvrant toutes les problématiques pour fournir les réponses exhaustives qu’attendent les opérateurs économiques, a-t-il ajouté, faisant observer que l’existence des accords entre les administrations marocaines et françaises et qu’il « faut juste réunir tout le monde autour de la même table au lieu de travailler séparément ».

Pour sa part, Dominique Lebreton, directeur projets, audit et commercialisation à MGI (Marseille Gyptis International), a relevé que la pandémie a exigé davantage d’agilité de la part des opérateurs, dans la mesure où le grand challenge a été de poursuivre les opérations et répondre aux demandes des usagers par le biais des outils digitaux.

Il s’agit également de rendre les « supply chains » plus interopérables et d’intégrer davantage d’informations relatives aux objets connectés, a enchaîné le Responsable de MGI qui gère, à l’instar de Portnet, un système communautaire qui relie toutes les composantes du monde maritime à travers son système d’information.

Il a en outre appelé à consolider les liens entre les opérateurs marseillais et marocains au vu de leur grande proximité et leur connaissance mutuelle, mettant en avant à cet égard les atouts du port marseillais en termes de productivité et de fluidité des marchandises.

Le président de la Fédération des Associations Nationales des Courtiers d’Affrètements et des Agents Maritimes (FONASBA), Abdelaziz Mantrach a, quant à lui, estimé que la crise sanitaire aura un impact majeur sur la carte des chaines d’approvisionnement maritimes, puisque les circuits les plus courts seront favorisés au détriment de ceux plus longs qui se sont montrés vulnérables au cours de la crise.

Et de constater également une montée en force du protectionnisme et des relocalisations après que plusieurs pays se sont rendus compte des contre-effets de la délocalisation des industries stratégiques, appelant à mener une réflexion sur la réponse de l’industrie maritime à la pandémie et sa capacité à assurer l’approvisionnement des marchés en différents produits.

Les ruptures et les pénuries de marchandises entraînées par la pandémie pousseront les pays à diversifier leurs partenaires commerciaux et privilégier de sources d’approvisionnement plus proches, a-t-il estimé, notant que les ports marocains et marseillais devront mettre à profit leur proximité géographique pour développer les flux d’échange.

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