En 2024, les startups marocaines ont levé un total de 70 millions de dollars, consolidant ainsi leur position dans le top 5 des écosystèmes entrepreneuriaux du continent africain. Si ce chiffre témoigne d’un dynamisme indéniable, il reste bien modeste face aux « Big 4 » que sont le Kenya, le Nigeria, l’Égypte et l’Afrique du Sud, qui concentrent à eux seuls 84 % des financements levés en Afrique. À travers ces chiffres, se dessine un écart significatif qui interroge sur les défis et les opportunités du Maroc dans un paysage concurrentiel en pleine mutation.
Le rapport annuel d’« Africa: The Big Deal » révèle que les startups africaines ont levé un total de 2,2 milliards de dollars en 2024, un montant en baisse de 25 % par rapport aux 2,9 milliards de l’année précédente. Cette tendance s’inscrit dans une décroissance amorcée depuis le pic de 2022, où les financements atteignaient alors 4,6 milliards de dollars. Ce repli global n’a pas empêché les pays du « Big 4 » de maintenir leur domination. À titre d’exemple, le Kenya, leader du classement, a levé 638 millions de dollars, représentant à lui seul 29 % de tous les fonds mobilisés sur le continent.
Le Maroc, avec ses 70 millions de dollars, reste à distance respectable de ces poids lourds. Cependant, il devance des pays comme le Ghana (68 millions), la Tanzanie (53 millions) ou encore la Côte d’Ivoire (33 millions), confirmant sa capacité à figurer parmi les écosystèmes dynamiques d’Afrique.
Une concentration des financements sur les grandes puissances
Le rapport souligne une concentration marquée des investissements sur un petit nombre de pays et même d’entreprises. En effet, en 2024, la moitié des financements levés en Afrique a été captée par seulement dix startups, tandis que 188 entreprises ont réussi à mobiliser des fonds dépassant le million de dollars. Ce phénomène, bien que courant dans l’investissement technologique, accentue les disparités régionales et limite l’émergence d’écosystèmes encore en développement, comme celui du Maroc.
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En Afrique du Nord, les financements ont atteint 478 millions de dollars, soit une baisse de 35 % par rapport à 2023. Cette contraction est largement attribuée à l’Égypte, qui, bien que restant un leader régional avec 400 millions de dollars levés, a enregistré un recul significatif de 37 %. Le Maroc, quant à lui, a relativement bien résisté, mais cette stabilité n’a pas suffi à combler le déclin de la région.
Les forces et faiblesses de l’écosystème marocain
L’écosystème entrepreneurial marocain bénéficie de plusieurs atouts. Le soutien institutionnel, porté par des initiatives comme « Innov Invest » ou encore des programmes d’accompagnement tels que « 212 Founders », joue un rôle clé dans l’essor des startups. Des fonds d’investissement locaux, tels qu’UM6P Ventures ou CDG Invest, ont également multiplié leurs efforts pour financer des projets innovants.
Cependant, pour rivaliser avec les « Big 4 », devront intensifier leur internationalisation et attirer non seulement des financements, mais aussi des talents et des collaborations stratégiques à l’échelle continentale et mondiale.
Ces dernières années, le Maroc confirme de plus en plus son potentiel dans le paysage entrepreneurial africain, mais pour passer du statut d’acteur prometteur à celui de leader régional, il devra redoubler d’efforts. Dans un continent où l’innovation progresse à une vitesse fulgurante, le Maroc a encore toutes les cartes en main pour jouer un rôle central dans la transformation économique et technologique de l’Afrique.