Le président du Conseil économique, social et environnemental (CESE), Ahmed Reda Chami, a indiqué, mercredi à Rabat, qu’une classe moyenne forte constitue une assurance d’une paix sociale et d’une stabilité politique.
« Plus les inégalités sont faibles, plus il y a de la solidarité sociale et donc moins il y a de problèmes de stabilité politique ou sociale », a dit M. Chami dans une déclaration à la presse, en marge de la présentation, à la Chambre des Conseillers, des résultats d’une étude réalisée par le CESE, intitulée « Renforcer et élargir la classe moyenne au Maroc: enjeux et moyens de créer une classe moyenne qualifiée, prospère et qui prend l’initiative ».
Le président du CESE a, à cette occasion, relevé que l’existence d’une classe moyenne large est extrêmement importante pour tout pays, notant que celle-ci participe au développement économique et elle est assurance d’une paix sociale et d’une stabilité politique.
Il a préconisé, dans ce sens, le renforcement et l’élargissement de la classe moyenne marocaine qui, selon lui, joue un rôle moteur dans toute société, grâce à son soutien à la consommation locale et à son incitation à investir dans les domaines de l’éducation, de la santé et du logement.
Cette même classe joue également un rôle essentiel dans le maintien de la viabilité des systèmes de protection sociale grâce aux cotisations et au paiement des impôts, a-t-il poursuivi.
M. Chami a, aussi, noté que grâce à sa capacité à épargner, la présence d’une classe moyenne forte est un levier majeur de financement des investissements. De plus, cette classe promeut, entre autres, l’adoption d’une bonne gouvernance dans la gestion des affaires publiques et l’amélioration des services publics, a-t-il fait valoir.
À cet égard, le Conseil a tenté, à travers l’étude réalisée, d’apporter des éléments de réponse à deux questions soulevées par la saisine de la Chambre des Conseillers, à savoir la définition de la classe moyenne et les moyens de l’élargir et de la renforcer.
Cependant, les efforts visant à renforcer et à développer la classe moyenne se heurtent à de nombreux obstacles que ladite étude a mis en évidence, a fait savoir M. Chami, citant dans ce sens « la polarisation » des services de base tels que l’éducation, la santé, le logement et autres.
Cette polarisation, a-t-il expliqué, conduit à la coexistence de deux systèmes, dans les secteurs privé et public, au niveau de chacun des services de base, sans qu’il y ait toujours un besoin d’intégration et de convergence entre eux, ce qui contribue à l’accentuation des disparités sociales.
De son côté, le président de la Chambre des Conseillers, Hakim Benchamach a mis en avant l’importance de la classe moyenne et son rôle majeur dans le développement social, économique et politique, plaidant pour l’élargissement de cette classe à même de constituer un pilier de stabilité et un moteur de production important.
Il a, en outre, relevé que la question de la classe moyenne constitue un défi sociétal aux problèmes multiples et multidimensionnels, ajoutant que la prise de conscience doit s’accompagner d’une volonté politique forte et réelle qui place cette classe au cœur du modèle de développement souhaité.
Présentant les résultats de l’étude, Lahcen Oulhaj, membre du CESE et président de la commission temporaire chargée de la préparation de cette étude, a soulevé les contraintes qui rendent difficile la définition de la classe moyenne, évoquant l’adoption d’une définition statistique de la classe moyenne basée sur le niveau de revenu et de consommation et la faiblesse du cadre statistique de suivi des salaires dans le secteur privé.
Il s’agit également de l’expansion du secteur informel et la faiblesse des statistiques qui y sont liées, ainsi que l’absence de mécanisme statistique relatif aux revenus non salariaux, a-t-il précisé.
La réalisation de cette étude du CESE, qui a été préparée après saisine de la Chambre des Conseillers, s’inscrit dans le cadre de la continuité de la dynamique incarnée par le partenariat institutionnel entre les deux institutions, à travers leur organisation du cinquième Forum parlementaire sur la justice sociale en février 2020.