Croissance salariale au Maroc en 2023 : des progrès notables malgré des disparités persistantes

Selon le rapport annuel 2024 de l’Observatoire Marocain de la TPME, la masse salariale déclarée à la Caisse nationale de sécurité sociale (CNSS) a atteint un niveau record en 2023, s’élevant à 204,2 milliards de dirhams. Cette progression de 9,7% par rapport à l’année précédente reflète une dynamique économique positive, bien que légèrement en retrait par rapport à l’augmentation de 10,2% enregistrée en 2022.

Une analyse des secteurs moteurs et émergents

La 5e édition du rapport met en lumière une reprise soutenue, malgré les perturbations provoquées par la pandémie de Covid-19. En comparant les données de 2022 et 2023 avec la période pré-Covid (2017-2019), il ressort que certains secteurs se sont particulièrement distingués.

Le secteur de l’hébergement et de la restauration a enregistré une hausse spectaculaire de 22,2% de sa masse salariale en 2023, témoignant de sa résilience et de sa forte reprise post-pandémie. L’enseignement suit avec une progression de 17,2%, appuyée par une augmentation de l’effectif de 10,3%. Ces évolutions traduisent l’importance croissante des secteurs des services dans l’économie marocaine.

Cependant, les secteurs traditionnels, tels que le commerce, la réparation automobile, l’industrie manufacturière et la construction, restent les piliers de l’économie salariale. En 2023, ces secteurs ont généré près de 44% de la masse salariale totale et employé près de 49% des salariés déclarés.

Les petites et moyennes entreprises en forte progression

L’analyse par taille d’entreprise révèle une montée en puissance des PME comptant entre 11 et 50 employés. Ces entreprises ont vu leur masse salariale augmenter de 14,2%, représentant 16,4% de la masse salariale totale, contre 15,8% en 2022. En revanche, les grandes entreprises de plus de 500 salariés continuent de dominer, avec une part de 37,3% de la masse salariale totale, bien que leur progression soit plus modérée (+8,2%).

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Des disparités salariales toujours marquées

Malgré ces avancées, des écarts significatifs persistent. En 2023, une majorité de salariés marocains (74,3%) percevait un salaire inférieur à 4 000 dirhams par mois, bien qu’une légère amélioration (-1,5 point) ait été observée par rapport à l’année précédente. Cependant, le pourcentage de travailleurs gagnant un salaire égal ou inférieur au SMIG a augmenté, passant de 44% à 54,8%.

Les hauts revenus restent peu représentés : seuls 2,7% des salariés touchent un salaire mensuel supérieur à 20 000 dirhams. Ce chiffre illustre la concentration de la masse salariale dans les bas revenus, notamment dans les micro-entreprises, où 84,6% des employés gagnent moins de 4 000 dirhams. À l’inverse, cette proportion est réduite à 60% dans les grandes entreprises.

Salaires et ancienneté des entreprises

Le rapport souligne également un lien entre l’ancienneté des entreprises et les niveaux de salaire. Dans les entreprises âgées de 2 à 5 ans, 65% des salariés sont rémunérés en dessous du SMIG, un chiffre qui chute à 47,1% pour les entreprises de plus de 10 ans. Ce constat met en évidence les difficultés des jeunes entreprises, souvent en phase de croissance, à offrir des salaires compétitifs.

Vers une croissance inclusive

Bien que la masse salariale ait connu une augmentation constante, le rapport révèle des défis structurels, notamment en matière de précarité salariale et d’inégalités. Pour que cette croissance bénéficie à l’ensemble des travailleurs marocains, il devient impératif de mettre en place des politiques visant à renforcer les capacités des entreprises, réduire les écarts salariaux et favoriser la montée en compétences des salariés.

Le rapport de l’Observatoire Marocain de la TPME constitue ainsi un outil essentiel pour comprendre l’évolution du marché du travail et orienter les décisions économiques et sociales à venir.

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