L’enquête nationale sur le Niveau de Vie des Ménages 2022-2023 révèle une réalité contrastée : alors que le taux de pauvreté monétaire a diminué à 3,9 % en 2022, la vulnérabilité économique touche désormais 4,75 millions de Marocains, dont près de la moitié en milieu urbain.
Entre 2014 et 2022, la pauvreté monétaire a globalement reculé, en particulier en milieu rural, où elle est passée de 9,5 % à 6,9 %. En revanche, certaines régions affichent des taux alarmants, notamment Fès-Meknès (9 %) et Guelmim-Oued Noun (7,6 %), concentrant une grande partie des populations en difficulté.
L’ombre de la vulnérabilité économique
Si la pauvreté extrême est quasiment éradiquée, la vulnérabilité, elle, progresse. Elle touche désormais 12,9 % de la population contre 12,5 % en 2014, avec une hausse significative en milieu urbain (9,5 % en 2022 contre 7,9 % en 2014). Cette fragilité croissante s’explique par l’inflation, la crise post-COVID et les sécheresses successives, qui impactent particulièrement les classes moyennes.
Les inégalités en hausse, un frein à la cohésion sociale
L’indice de Gini, qui mesure les écarts de revenus, est passé de 39,5 % en 2014 à 40,5 % en 2022, confirmant une polarisation sociale accrue. Le top 20 % des ménages les plus riches détient 48,1 % des dépenses de consommation, contre seulement 6,7 % pour les 20 % les plus pauvres.
Quels leviers pour une meilleure inclusion économique ?
Pour inverser cette tendance, les experts appellent à un renforcement des politiques de redistribution, une meilleure inclusion financière et une accélération des investissements dans l’éducation et la formation professionnelle.
En somme, le Maroc a fait des progrès significatifs dans la lutte contre la pauvreté, mais la montée des inégalités et la vulnérabilité des classes moyennes exigent des réponses politiques rapides et adaptées.
Rachid Mahmoudi