Motivés par la volonté de créer des « villes à vivre », les participants à la 3e édition du Smart City Expo s’interrogent : Comment faire de la ville une innovation citoyenne ? Une question qui a fait couler beaucoup d’encre cette dernière décennie et qui interpelle plus d’un. Proposer des services innovants pour apporter des solutions viables à l’urbanisme des villes, mettre en place une stratégie globale et intégrée en matière de gestion d’eau, opter pour la numérisation et les nouvelles technologies, telles sont, parmi d’autres, les propositions débattues lors de cette édition organisée en l’honneur de la ville de Shanghai. Eclairage.
« Villes à vivre et innovation citoyenne ». Le thème de cette édition du Smart City Expo oriente déjà les débats vers une problématique trop soulevée par les responsables, la société civile et les observateurs nationaux et internationaux. Pour eux, il est temps de passer à la grande vitesse dans ce challenge national qui engage toutes les catégories socioéconomiques et politiques du pays. « Proposer des services innovants pour apporter des solutions viables à l’urbanisation des villes », tel est l’appel formulé lors de cette édition du salon qui a réuni tous les acteurs concernés. D’autant plus « qu’il n’est pas possible de créer des villes intelligentes sans la participation de la société et l’engagement citoyen », comme l’a annoncé Abdelaziz El Omari, maire de Casablanca, à l’inauguration du salon. Un avis que partage Aziz Rabbah, ministre de l’Energie, des mines et du développement durable. Aux yeux des deux responsables, une ville intelligente intègre impérativement les notions de communication et d’échange entre les autorités et les citoyens.

Mais quel est le rôle de tout un chacun ?
« Il faut que le gouvernement donne plus d’importance aux projets relatifs à la numérisation, et ce, pour gagner du temps, d’une part, et faciliter les choses aux citoyens, d’autre part», dixit le ministre. Celui-ci ne sous-estime pas « l’importance du facteur du développement durable et intégré pour atteindre les objectifs de développement des villes qui produisent plus de 70% de la population ». Il s’y engage même : « Nous devons nous diriger vers des solutions durables en matière de bâtiment, de transport, etc». Et ce n’est pas tout. « L’usage des technologies permet d’offrir aux citoyens des services optimaux dans tous les secteurs et de réduire les coûts des prestations », constate M. Rabbah. Et de souligner « le rôle novateur des villes intelligentes dans la facilitation d’accès aux services en réduisant le coût et le temps ».
Pour sa part, Khalid Safir, le wali, directeur général des collectivités territoriales au sein du ministère de l’Intérieur, encourage l’optique de l’usage des technologies. Il en fait même un cheval de bataille pour réussir ce challenge. « L’usage des nouvelles technologies permettra aux villes de se développer de manière durable et solide, notons qu’un développement rapide passe nécessairement par l’adoption de plans qui font de la technologie l’outil majeur pour anticiper l’avenir », surenchérit le wali.
Cette logique émane directement de la volonté du Royaume à s’inscrire davantage dans toutes les initiatives encourageant le développement dans tous les secteurs, et ce, à l’échelle nationale, régionale et africaine. Pour leur part, « les politiques régionales prennent en considération les caractéristiques locales et obéissent aux besoins de chaque zone », dit le ministre de tutelle.
Le secteur privé n’est pas en reste dans cette synergie. Son rôle est factoriel. Comme le formule clairement le ministre, « il faut une grande collaboration publique-privée puisque les moyens dont bénéficie le secteur public sont moindres et insuffisants pour réaliser tous les objectifs ». Mais comment ? « Le secteur privé doit collaborer avec le public en vue de la mise en place d’un business model adéquat au cas marocain », conclut-il.

La gestion de l’eau au cœur des débats
Mustapha Bakkoury a sa propre vision des choses. Il sous-entend l’importance de la Régionalisation avancée dans cette optique. Le président du Conseil de la région de Casablanca-Settat, croyant aux opportunités dont dispose notre pays, lève un peu la barre des défis : « L’ambition est grande, il faut trouver de nouvelles façons de travailler aussi bien au niveau technique qu’institutionnel ». A ses yeux, la vraie solution est de « travailler sur un équilibre territorial beaucoup plus large qui englobe l’ensemble des régions… c’est ainsi que l’on arrivera à explorer une partie supplémentaire de notre potentiel de développement ». Une logique approuvée par l’ensemble des intervenants puisqu’elle découle directement du « nouveau modèle de développement à mettre en place pour passer un nouveau palier de croissance », conclut-il.
« Le développement urbain au Maroc est déjà colossal et va continuer… Aujourd’hui, les régions doivent régler les problématiques de villes et celles dehors des villes, notamment en matière de déplacement, de services d’administration, d’éducation… », résume-t-il.
D’où, sa stratégie claire pour le littoral, cette zone fragile et très attractive. « Il serait nécessaire d’accorder à ce facteur majeur plus d’attention. Il est inadmissible de freiner le développement en cours et ne pas développer cette zone au détriment de la durabilité », argumente l’élu. Pour argumenter sa thèse, M. Bakkoury donne l’exemple du plan de développement régional de sa région. Celui-ci intègre plusieurs axes autour de « la durabilité, de la mobilité ou encore de l’amélioration des infrastructures des grands centres urbains et des espaces verts ».
L’eau reste la question la plus importante dans la vision du président du Conseil de la région de Casablanca-Settat. Sans cette source de vie incontournable, toute démarche ou stratégie de développement ne peut aboutir à ses fins. Il serait donc fondamental de mettre en place « une stratégie globale et intégrée en matière de gestion d’eau », appelle M. Bakkoury, qui envisage dans le futur proche de lancer le projet du dessalement de l’eau de mer pour la ville de Casablanca ». Une démarche visant la rationalisation de la gestion de l’eau dans cette région caractérisée par la forte consommation en cette source de vie élémentaire.

Shanghai, ce prototype à suivre
Le message de Mohamed Jouahri est clair : « Avec Shanghai, Casablanca sera plus que jamais le lieu d’échange d’idées et de partage de solutions ». Le but est d’assurer « son développement en tant que métropole africaine, durable et intelligente », poursuit le président de la société de développement local Casablanca Events et Animation (CEA).
Mais cela n’empêche, selon lui, que « la métropole a su se positionner sur la voie des Smart Cities, promouvant son modèle de gestion urbaine fondé sur une approche collaborative et intelligente qui place le citoyen au cœur de sa réflexion ». De quoi en être fier devant la vice-présidente du Comité de Shanghai, Fang Huip ing (CCPPC – Chine), qui n’a pas cessé de féliciter le développement de la ville de Casablanca. L’invité d’honneur de cette 3e édition du Smart City Expo n’a pas caché son enthousiasme malgré les défis qui attendent la métropole marocaine. Elle donne plus d’arguments motivants les uns que les autres, d’autant plus que Shanghai, cette capitale économique de la Chine, « a affronté durant des années des défis d’ordre environnementaux dans un contexte de pression démographique très important ». Les politiques innovantes et l’usage des technologies avancées ont permis, d’après elle, à la grande ville chinoise de se remettre sur la bonne voie du développement. Ainsi, Shanghai a pu mettre en place, durant deux décennies, des initiatives concrètes et intégrées pour « créer des espaces de vie bien pensés ».

Smart City Expo : Forte participation à la 3e édition.
Tenue du 18 au 20 avril à Casablanca, sous le thème « Villes à vivre et innovation citoyenne », la 3e édition du Smart City Expo a mis la ville de Shanghai à l’honneur. Le Salon a attiré plus de 15.000 participants et une centaine d’intervenants. Un peu moins de visiteurs par rapport aux deux premières éditions, mais les organisateurs ont joué cette fois-ci sur la qualité. Ils ont réussi à offrir un meilleur service aux participants et surtout une valeur ajoutée au niveau des débats et des rencontres B to B. Avec plus de cent intervenants, 92 villes et une centaine d’exposants, la programmation de cette année a été aussi riche et diversifiée. Organisée par Casablanca Events et Animation, cette édition a accueilli près de 85 intervenants autour de « keynotes », de sessions plénières et parallèles. Ce qui a donné aux débats plusieurs dimensions, techniques mais surtout sociales.

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