la Banque africaine de développement
La Banque africaine de développement (BAD) ne mâche pas ses mots.
«L’effet des ressources humaines qualifiées est statistiquement insignifiant, que ce soit sur l’incitation à l’innovation ou sur le niveau de productivité, ce qui révèle une sous-utilisation et une allocation inefficiente du capital humain dans les pays d’Afrique du Nord», lit-on dans son étude intitulée «Innovation et productivité : analyse empirique pour les pays de l’Afrique du Nord».
C’est le cas notamment du Maroc et de l’Égypte.
L’étude a dégagé d’autres résultats inattendus.
Il ressort ainsi que l’effet de l’exportation sur l’innovation est statistiquement insignifiant.

La cause ?

C’est question «principalement de la structure rigide des avantages comparatifs dans ces pays et de la concentration de l’exportation dans les secteurs à faible valeur ajoutée et à potentiel technologique réduit, particulièrement pour le Maroc», lit-on dans la publication de la BAD, publiée début octobre dernier.

Qu’en est-il de l’impact de l’investissement étranger sur l’incitation à l’innovation ?

Il est également limité, à en croire la même étude.
En effet, ces investissements ciblent des activités à faible valeur ajoutée et à bas coût tournées vers la sous-traitance.
De plus, ils sont généralement déconnectés et faiblement intégrés dans le tissu productif local et ne génèrent de ce fait que peu d’externalités en amont et en aval.

Que faire pour dynamiser l’innovation et stimuler la productivité ?

«Une attention particulière devrait être portée à certains aspects du système national d’innovation», répond-on auprès de la BAD.
Et d’ajouter : «Les pays d’Afrique du Nord sont désormais amenés à cibler un plus large éventail de technologies nécessitant une importante capacité d’absorption et une main-d’œuvre hautement qualifiée, pour renforcer leur compétitivité hors prix dans les secteurs traditionnels et diversifier leurs activités productives vers d’autres secteurs à plus forte valeur ajoutée».
C’est de cette façon qu’ils peuvent faire face «aux menaces concurrentielles exercées par un certain nombre de pays émergents, notamment les pays asiatiques, offrant des coûts de production imbattables dans les secteurs traditionnels».
Concrètement, la BAD a mis en exergue trois recommandations.
La première consiste à créer des synergies entre les différents acteurs du système national d’innovation embryonnaire.
L’objectif est d’initier les réformes nécessaires permettant à terme de mettre en mouvement tous les facteurs de réussite de l’innovation.
Ces «réformes devraient viser le renforcement de la gouvernance du système national d’innovation, la dynamisation du milieu de la recherche et de celui de l’entreprise, dans l’objectif de décloisonner les deux sphères en assurant un interfaçage plus efficient», précisent les analystes de la Banque.
Dans le même cadre, ajoutent-ils, l’urgence porte sur le développement de la qualité des programmes et des projets des institutions d’enseignement et de recherche, ainsi que leur alignement sur les besoins des entreprises notamment dans les nouveaux domaines stratégiques.
C’est pourquoi, recommande-t-on dans l’étude, un soutien plus renforcé devrait être fourni au système d’enseignement supérieur et à la formation professionnelle, en vue d’améliorer les compétences des ressources humaines pour une meilleure contribution aux processus de la production et de l’innovation.
Ensuite, les pays d’Afrique du Nord devraient reconsidérer les réformes et les stratégies liées à l’investissement direct étranger.
Il s’agit d’assainir le climat d’investissement et de l’accompagner par des incitations plus avantageuses aux investisseurs innovateurs.
De nouvelles politiques devraient cibler des IDE dans des activités productives à plus forte valeur ajoutée et suffisamment intégrées en amont et en aval à l’économie locale.
De plus, la stratégie devrait faciliter l’interfaçage avec le milieu de la recherche et encourager les programmes d’incubation en collaboration avec les organismes publics et le secteur privé local.
Enfin, des stratégies d’attractivité de la R&D internationale délocalisée par les firmes multinationales devraient dynamiser les systèmes d’innovation des pays d’Afrique du Nord.
Des mécanismes de contractualisation, soutenus par l’État, dans le domaine des sciences et des technologies, entre les centres de recherche, les universités, les entreprises locales potentiellement innovantes et les entreprises étrangères désirant délocaliser leurs activités de R&D, devraient renforcer la cohésion entre les différentes composantes du système national d’innovation autour de projets novateurs.

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