
La Société Nationale des Autoroutes du Maroc (ADM) a réajusté le prix de vente du Pass Jawaz à partir de septembre 2024. Après cinq années à le proposer à un tarif symbolique de 10 dirhams, l’entreprise publique annonce un retour progressif à son prix initial, invoquant des raisons économiques et stratégiques.
Cette décision suscite l’attention, dans un contexte où la mobilité reste un enjeu majeur pour les Marocains, particulièrement en période estivale.
Une stratégie d’accessibilité qui a porté ses fruits
Introduit en 2014 dans le cadre de la transformation digitale de l’entreprise, le télépéage Jawaz s’est progressivement imposé comme la solution phare pour fluidifier le trafic sur les autoroutes marocaines. ADM souligne que l’objectif initial de cette technologie était clair : démocratiser son usage en le rendant accessible à toutes les bourses.
Pour y parvenir, le prix du Pass a été revu à la baisse à plusieurs reprises. Initialement proposé à 200 dirhams, il est passé à 100, puis à 10 dirhams en 2019. Ce tarif, bien inférieur au coût réel de fabrication du support, a été maintenu durant cinq années, ADM assumant la différence à travers ses propres ressources.
Un effort financier conséquent qui s’est avéré payant. Plus de deux millions de Pass Jawaz ont été écoulés, et la solution représente désormais près de 60 % des paiements sur l’ensemble du réseau autoroutier, toutes catégories de véhicules confondues, et jusqu’à 80 % dans le segment des poids lourds professionnels.
Un retour au prix initial pour assurer la pérennité du service
ADM considère désormais que l’objectif de démocratisation du télépéage est atteint. Dans cette logique, l’entreprise estime opportun de revenir au prix initial du Pass, jugé plus représentatif de son coût réel. Cette décision s’appuie sur trois arguments principaux :
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Un objectif atteint : La diffusion massive du Pass Jawaz permet aujourd’hui d’envisager une nouvelle phase de gestion durable du dispositif. Avec plus de deux millions d’usagers conquis, le pari de l’accessibilité est, selon ADM, largement remporté.
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La nécessité d’un équilibre économique : Après cinq années de subvention indirecte du Pass, l’entreprise juge ce modèle non viable à long terme. Le retour à un prix couvrant mieux les coûts de production est présenté comme une mesure de bon sens, qui évite de fragiliser les finances de l’opérateur public.
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La garantie d’un service de qualité : Le maintien d’un haut niveau de service – qu’il s’agisse des infrastructures, de la fluidité du trafic ou des outils technologiques – nécessite des investissements continus. Un tarif réaligné permettrait, selon ADM, de financer ces améliorations sans compromettre les attentes des usagers.
Un message centré sur l’intérêt de l’usager
Dans sa communication, ADM insiste sur le fait que l’usager demeure « au cœur de ses préoccupations ». L’entreprise rappelle son rôle pionnier dans la digitalisation des services publics au Maroc, et revendique une approche inclusive de la mobilité autoroutière.
Cette hausse annoncée ne serait donc pas une fin de faveur, mais plutôt un passage à une nouvelle étape, plus durable et mieux adaptée à la maturité du service. En parallèle, ADM promet de poursuivre ses efforts pour diversifier les canaux de vente et de recharge du Pass, afin d’en faciliter l’usage au quotidien.
Une transition à surveiller
Si le message se veut rassurant, la hausse du prix du Pass Jawaz pourrait susciter des interrogations chez certains usagers, en particulier ceux qui ont récemment adopté le dispositif. ADM devra veiller à accompagner cette transition avec une communication pédagogique et transparente, pour éviter toute perception négative de cette évolution tarifaire.
En misant sur l’adhésion de ses clients et la qualité de son service, ADM espère maintenir la dynamique du télépéage comme levier de modernisation et de sécurité du réseau autoroutier marocain.