La biomasse ou la valorisation des résidus agricoles et déchets forestiers représentent une source énergétique inouïe pour le secteur agroalimentaire. Pour en tirer le plein potentiel, le gouvernement a lancé une stratégie pour démocratiser son utilisation.
À l’instar de tous les domaines de l’activité humaine, le secteur agroalimentaire reste largement dépendant d’énergie. En effet, l’amont et l’aval des chaînes de valeur des filières agriculture, pêche et élevage sont grandement tributaire d’énergie. Qu’elle soit directe ou indirecte, cette énergie de nature fossile (utilisant du carburant, du combustible de l’électricité, ou de l’énergie grise) assure le fonctionnement des machines, des bâtiments ou la fabrication des moyens de production (intrants, fertilisants…) et des infrastructures. Toutefois Face à la pression climatique et le contexte de transition énergétique que le monde amorce, les opérateurs de l’agroalimentaire doivent à la fois réduire la consommation énergétique fossile, et combler le gap par des énergies renouvelables. Un tel contexte se présente alors comme un terreau favorable pour les énergies issues de recyclage.
Sonner la fin des énergies fossiles
L’un des points de satisfaction de la COP 26 d’il y a 2 ans, tenue au Royaume Uni, a été d’avoir acté la « diminution progressive » des énergies fossiles. Un pas notable qui laisse croire que « l’ère du charbon se termine », note Jennifer Morgan, la présidente de Greenpeace International. Un postulat confirmé par les mutations technologique qui ont commencé à s’opérationnaliser depuis la fin du siècle dernier et qui connaissent une phase d’accélération ces dernières années. On pourrait citer en l’occurrence le bond de géant marqué par la mobilité électrique dans certains pays européens. Les pays nordiques en tête. La mesure commerciale prise par le Vieux continent de taxer les produits en fonction de leur bilan carbone, stimule également l’urgence de rechercher des sources alternatives.
L’Agroalimentaire : source inouïe de biomasse
Pour le secteur agroalimentaire, les énergies issues de recyclage représentent un enjeu de taille dans la quête de la sécurité alimentaire. Elles peuvent s’avérer donc problématique pour le secteur lui-même et, à un niveau plus large, à l’économie du pays. Fort heureusement, l’activité agricole est auto-génératrice d’énergie. En effet les résidus issus de l’activité agricole ains que les déchets forestiers constituent une précieuse source. Pailles de céréales et d’oléagineux, résidus de maïs, déjections d’animaux sont des précieuses ressources qui permettent d’obtenir du biogaz à partir de la biomasse. Par ailleurs, certaines cultures possèdent des propriétés ou substances énergétiques, comme l’éthanol contenues dans la betterave ou les huiles énergétiques issues des cultures oléagineuses, et bien d’autres.
D’autres part, différentes techniques de transformation et de valorisation en énergie de ces plantes, résidus ou déchets ont fait leur preuve. On peut dans ce cadre évoquer la production de carburants liquides (ethanol et methanol), la production de chaleur par combustion etc.
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Les recherches sur ces différentes sources ont débuté depuis la fin du siècle dernier, et ont bien évolué depuis lors. Elles connaissent pour la plupart un usage répandu grâce à leurs nombreux atouts, Toutefois, elles représentent encore une part bien trop faible dans la consommation d’énergie primaire, moins de 10% selon les dernières données de l’Agence internationale de l’Energie, en date de 2019 et dressant le bilan de l’année 2017. Toujours selon l’instance internationale, les biomasses occupaient une part de 6% dans la consommation énergétique au Maroc en 2018. Une proportion relativement faible et aux antipodes du potentiel marocain.
L’Etat et les parties prenantes des secteurs de l’agriculture et de la transition énergétique, devront regarder de près cet aspect à mesure d’impacter significativement la quête de souveraineté alimentaire.
Gethème YAO