Ouvert ce matin à Tanger pour deux jours, les 28 & 29 avril 2023, la 5ème édition des Industry Meeting days (IMD) a s’est articulé autour de l’Investissement industriel, facteur d’employabilité, avec des panélistes bien outillés sur le sujet.
Si le premier round avec la participation de Yassine Tazi, le directeur général du CRI de Fès Meknès, Ahmed Bennis, Directeur de Tanger Med Zones, et Mohssine Semmar président du directoire de MEDZ s’est penché sur trois axes, que sont l’activité industrielle dans les Régions, cas de Fès Meknès; le rôle de l’aménageur-développeur dans le process d’investissement et l’impact de l’investissement industriel dans le développement des territoires.
Le second round de ce panel portant toujours sur « L’investissement industriel : Moteur de l’emploi et de la prospérité économique » a mis l’accent sur l’adéquation formation et employabilité avec les panélistes Khadija Tamda, PDG de Maroc Force Emploi ; Karim Cheikh, President de GIMAS ; Ali El Harti, Président de la FENELEC et Bouchta El Moumni, Président de l’Université Abdelmalek Essaâdi.
La première intervenante de ce round, en la personne de Khadija Tamda a partagé son expérience d’accompagnement des intérimaires au cours des dix années d’existence de Maroc Force Emploi, avant d’appeler à la création d’un consortium des intérimaires pour accorder aux travailleurs saisonniers un équilibre et une stabilité professionnelle, mais aussi offrir aux industriels une main-d’œuvre qualifiée et prête à l’emploi.
« Maroc Force Emploi, selon les chiffres, le groupe est aujourd’hui classé 3ème entreprise marocaine, en termes de chiffre d’affaires et de marge bénéficiaire.
Je pense que c’est la première société marocaine à avoir réalisé ces chiffres. Loin de me vanter, je suis fière de ces chiffres, car mon équipe est composée que de jeunes marocains sortis de l’école, mais qualifiés. 90% des membres de mon équipe sont des jeunes sortis fraîchement de l’école, qui ont aujourd’hui 9 à 10 ans d’expérience avec Maroc Force Emploi. Ils sont polyvalents et formés pour l’être.
C’est d’ailleurs l’une des raisons qui m’a poussé à faire une étude approfondie dans le secteur du recrutement. Une étude en rapport avec la problématique de la formation vers l’employabilité. La transition est assez pénible et difficile en ce moment. Les industriels veulent avoir des jeunes dynamiques, intelligents, formés, compétents et avec de l’expérience. Une adéquation assez complexe, je l’avoue, car cet objectif nécessite, des deux parties (que ce soit le public ou le privé), un grand effort à fournir. À cet effet, je lance un appel à tous les acteurs et les sociétés sérieuses dans le travail temporaire au Maroc, ensemble et main dans la main et créer un consortium pour les intérimaires, parce que ce sont des collaborateurs qui ont besoin de stabilité, de formation et de motivation. La formation est capitale pour avancer dans le domaine de l’industrie et offrir aux industriels une main-d’œuvre qualifiée, voulue et souhaitée. Un intérimaire ou contractuel ou encore un travailleur saisonnier a en moyenne un contrat de 2, 6 mois par an et un salaire moyen de 4300 Dirhams par mois. Pour la seule année 2020, nous avons eu 2,2 millions de contrats de travail temporaire signé, avec une évolution du chiffre d’affaires de 4,1% d’augmentation pour les sociétés d’intérim. Ces chiffres doivent nous donner à songer au sort de ses collaborateurs extérieurs. N’ont-ils pas le droit d’être titularisés ? Nous nous devons de trouver une solution pour pérenniser l’emploi des collaborateurs extérieurs. Et cette recherche de solution passe bien évidemment par la formation, en alternance avec les entreprises ».
À la suite de la PDG de Maroc Force Emploi, c’est le Président du GIMAS, Karim Cheikh qui est revenu sur le parcours dynamique du Maroc au cours de ces 20 dernières années, grâce à la vision éclairée de Sa Majesté, Le Roi Mohammed VI; avant de s’épancher sur l’adéquation formation-employabilité dans le domaine de l’aéronautique.
« Il y a 20 ans, personne n’imaginait que notre industrie marocaine n’aurait sa propre plateforme automobile, qui est la 2ème plus compétitive au monde ; que l’aéronautique passerait de 4 ou 5 sociétés à plus de 140 aujourd’hui ; qui aurait imaginé une industrie électrique, renouvelable, la chimie, la parachimie, le textile, l’offshoring…
En 20 ans, grâce à la vision éclairée de Sa Majesté, les choses ont bien bougé. Nous avons fait un bond de géant et ceci continue et continuera avec la nouvelle charte de l’investissement et les décrets, il y a énormément de chantiers qui sont lancés, notamment la décarbonation, l’industrie 4.0… Aujourd’hui, les objectifs sont clairs, 150 milliards de Dirhams d’investissement, 500 000 emplois, des secteurs stratégiques, une prime territoriale, prime genre… De nombreux facteurs montrent que nous avons une excellente orientation.
Dans l’aéronautique, il y a 20 ans, nous n’avions que 4 ou 5 entreprises, qui à l’origine étaient que des opérateurs autour de la Royale Air Maroc (RAM), pour la maintenance, c’était un secteur d’activité relativement réduit… Aujourd’hui, avec le Plan d’Action Industriel (PAI), nous avons plus de six écosystèmes. Nous avons des clients comme Airbus qui vous dit clairement qu’il n’y a pas un seul appareil du groupe sans qu’il y ait des pièces du Maroc.
Pour le volet formation, il y a à peu près deux ans, le secteur automobile et aéronautique, avec la CGEM, le ministère de l’Industrie et du Commerce et le ministère de l’Enseignement supérieur, nous avons signé une convention pour former 100 000 ingénieurs et techniciens, en fonction de nos besoins. En 2011, pour l’aéronautique, il y a également eu un projet public-privé signé entre le GIMAS et le ministère de la Formation professionnelle pour mettre en place un établissement dénommé « Institut des métiers de l’aéronautique ». Un institut financé par l’Etat et piloté par les industriels pour former au moins 400 lauréats par an dans les premières années d’existences. Aujourd’hui, nous sommes à plus de 2000 techniciens par an. C’est un système qui marche très bien, car c’est de la formation par alternance. Dans le mois, l’apprenant à deux semaines de formation à l’Institut et deux autres chez l’industriel. Et nous avons généralement des taux d’insertion de 99%.
De plus, avec nos partenaires des ministères de l’Industrie ; de l’Enseignement Supérieur et l’Innovation, nous travaillons à accroître le volet ingénierie, ainsi que la recherche et le développement, parce que l’avenir de l’aéronautique, c’est l’avion décarboné, c’est la propulsion par l’hydrogène… Il va y avoir de nombreux défis concernant l’avion du futur, auxquels nous devons être préparés d’avance. »
Président de la FENELEC, Ali El Hartia a lui salué l’engagement du gouvernement à soutenir l’entreprise marocaine. « La Fédération Nationale de l’Électricité, de l’Électronique et des Énergies Renouvelables (FENELEC) a une météo dont les indicateurs sont pratiquement tous au vert, peu sont à l’orange ou au rouge. Dans l’ensemble, tous les éléments sont au vert ». Le secteur est complètement transverse et aujourd’hui, il y a énormément d’investissement qui se fait. Que ce soit dans l’eau, l’énergie ou les grands chantiers de l’OCP, mais aussi dans l’automobile et l’aéronautique, où des installations électriques sont sollicitées à chaque que l’on installe une usine. Le secteur connaît une excellente croissante. Il y a également des facteurs qui participent à cette excellente santé du secteur, notamment la décarbonation, qui est d’actualité dans notre domaine. En effet, la décarbonation peut être un risque, mais aussi une opportunité, comme cela s’est avéré être le cas concernant notre secteur d’activité. Nous avons la possibilité d’accélérer et positionner nos entreprises d’électricité, afin de chercher davantage de part de marché. Rappelons que l’Europe, c’est aujourd’hui notre client qui représente 2/3 de nos exportations ; il y a donc lieu d’aller chercher plus de part de marché.
D’un autre côté, nous avons un programme investissement dans le domaine de l’eau qui est très important, parce que l’eau se fait de plus en plus rare. Il faut donc penser au dessalement. Et s’il y a besoin de dessalement, il y a obligatoirement besoin de puissance, de centrales, de stations électriques. Ce qui fait de ces éléments, des indispensables qui sont à même de porter la croissance du secteur.
J’aimerai à présent saluer l’engagement du gouvernement, qui a posé des actes positifs à notre égard. En 2022, nous avons tous vécu une période difficile, avec la flambée de la manière première, avec l’exemple de la tonne de cuivre qui est passée de 5000 à 10 000, 11 000 voire plus et face à cette situation, le gouvernement a fortement réagi. Le 18 avril 2022, le gouvernement a sorti une circulaire qui permettait aux entreprises publiques de surseoir au projet, si celui-ci n’était plus rentable pour eux. C’est un geste très fort, car nous savons tous que lorsque l’État lance un projet, c’est qu’il en a besoin. Quand il vous donne la possibilité de l’arrêter, ce n’est pas par gaieté de cœur.»