IDM : L’année 2021 était attendu comme celle de la relance. Au niveau de votre filière, comment l’avez-vous apprécié ?

MEB : De manière générale, 2021 a été une année de rebond relatif de manière Trans-sectorielle. Au niveau du médicament, les fabricants locaux ont connu une dynamique favorable ainsi qu’une croissance positive, tout en limitant les risques de pénurie grâce à la gestion optimale des stocks de sécurité. Bien que les chiffres ne soient pas encore consolidés, l’on peut d’ores et déjà avancer que le secteur a affiché une croissance aux alentours de 5% en 2021. Depuis le début de la pandémie, notre industrie n’a pas connu d’arrêt d’activités. Les opérateurs nationaux membres de la FMIIP ont redoublé d’efforts pour sécuriser l’approvisionnement du marché, aussi bien pour les protocoles thérapeutiques de Covid-19 que pour les autres pathologies.

Dans un autre registre, 2021 a constitué un tournant historique majeur pour notre industrie : nous avons assisté au lancement de réformes transformatrices sous le Leadership de Sa Majesté Le Roi Mohammed VI que Dieu l’Assiste, telle la généralisation de la protection sociale et le projet ambitieux de fabrication de vaccins, qui posent ainsi les premiers jalons d’une industrie capable de produire des médicaments, des vaccins, des tests et des équipements médicaux nécessaires pour répondre autant aux besoins propres du Maroc, ainsi qu’à ceux des pays partenaires d’Afrique. Aujourd’hui, nous sommes mobilisés à tous les niveaux, en étroite collaboration et en concertation avec les pouvoirs publics, pour anticiper sur les défis à venir et mener à bien ces chantiers royaux, conformément aux recommandations formulées par la Commission Spéciale sur le Nouveau Modèle de Développement.

IDM : Après une année 2020 difficile, le Maroc renoue avec la croissance. Quel est la part de votre secteur dans ce résultat ?

MEB : À notre niveau, le marché privé de l’industrie pharmaceutique a connu jusqu’à novembre 2021 une croissance de 5,3 % en unités et de 6,9 % en valeur, ce qui place notre industrie au niveau des prévisions nationales antérieures.  Dans ce sillage, une étude sur le marché des médicaments au Maroc, réalisée par IQVIA, expert mondial des données pharmaceutiques, fait état d’« un paysage pharmaceutique encourageant » et place le pays « en bonne position pour la production locale de médicaments princeps et de génériques ».

Nous tablons par ailleurs sur la deuxième phase du Plan d’accélération industrielle (PAI), qui s’étendra de 2022 à 2025. Dans ce contexte de reconfiguration des chaînes de valeurs mondiales, les mesures du PAI constitueront un atout majeur pour un positionnement à l’international, plus avantageux pour la production pharmaceutique marocaine. Ce soutien indispensable des pouvoirs publics, que notre fédération souhaite voir s’intensifier, se justifie par la contribution du secteur à près de 6% du PIB industriel.

IDM : Sur le volet social, quid de la récupération des emplois perdus en 2020 ?

MEB : Dès la détection des premiers cas de Covid, les fabricants locaux se sont impliqués à tous les niveaux durant les différentes phases de cette crise sanitaire pour assurer l’approvisionnement en médicaments. C’est un secteur où l’intégralité des emplois a été préservée. Il s’agit de près de 52 500 emplois directs et indirects hautement qualifiés et à forte valeur ajoutée, contribuant à l’équilibre de la balance commerciale et au rayonnement du Maroc à l’international, notamment en Afrique.

IDM : Quelles sont les mesures phares prises pour parvenir à ces résultats ?

MEB : Grâce au tissu national de fabrication, nous n’avons souffert d’aucune rupture de stock, au moment où de nombreux pays à travers le monde ont fait face à des pénuries de médicaments, notamment ceux utilisés dans le protocole thérapeutique anti-Covid-19. Le cabinet américain Deloitte, dans son dernier rapport consacré au Maroc, sorti en Août 2021, fait état d’un secteur « en forte dynamique, à travers notamment le lancement de projets d’envergure dans la production locale de médicaments biosimilaires et de génériques et la création d’unités de production de vaccins et sérums pour le marché local ». Les fabricants locaux pour leur part ne cessent de se réinventer en permanence. Plusieurs d’entre eux se sont lancés récemment dans des productions locales de produits d’hormonologie, d’anticancéreux, d’aérosols, de produits de biotechnologie (insuline et autres).

Notre fédération a également noué plusieurs collaborations et partenariats avec les universités pour la formation, l’accompagnement scientifique et technique, la Recherche et Développement, y compris les essais cliniques. Pour accompagner l’essor du secteur, la FMIIP a annoncé, en avril 2021, la création d’un institut de formation professionnelle dans les métiers de l’industrie pharmaceutique, en vue de sécuriser une filière de talents.

IDM : Nouvelle année, nouvelle vision, quelles sont vos ambitions et perspectives pour la nouvelle année ?

MEB : Ayant réalisé plus de 16 milliards de dirhams de chiffre d’affaires global annuel en 2019, l’industrie pharmaceutique marocaine dispose aujourd’hui de la taille critique pour positionner le médicament « Made in Morocco » comme un produit contribuant à la fois à l’amélioration de la santé des marocains et des citoyens du continent. Bien que ce secteur reste l’un des plus dynamiques de l’économie marocaine, la fabrication locale est toutefois freinée et menacée par l’escalade des importations. Depuis les années 90, notre production locale de médicaments perd chaque année un peu plus de sa prééminence régionale. Au bout de d’une trentaine d’années, on est passé de 80% à 50% de notre consommation en valeur.

En revanche, la FMIIP souhaite ainsi capitaliser sur la production locale pour en faire un véritable catalyseur du développement du secteur, et ce, en travaillant main dans la main avec les départements concernés. Pour y parvenir, nous avons identifié plusieurs chantiers prioritaires, en alignement avec les recommandations du Nouveau Modèle de Développement, dont la mise en place de la préférence nationale à travers l’encouragement de la fabrication locale, la digitalisation des processus d’enregistrement du médicament et la mise en place de l’Agence Nationale du Médicament. Une structure clé pour apporter un meilleur accompagnement au secteur, le réguler et garantir la traçabilité et la qualité du médicament.

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