« Le secteur suit le chemin d’un cercle vertueux »
Le secteur de l’industrie automobile connait une véritable dynamique au Maroc. Après Renault, c’est au tour de PSA Peugeot de venir s’implanter dans le pays. Avec la création de plusieurs écosystèmes, ce secteur entend tirer la croissance vers le haut. Tajeddine Bennis, vice-président de l’AMICA, nous fait le point sur le secteur, ses défis et ses perspectives de développement.
Idm : l’industrie automobile vient de connaitre la création de l’écosystème «moteur et transmission». de quoi s’agit-il concrètement ? Tajeddine bennis : le Power train est le cœur d’une voiture, son industrialisation est très complexe et représente une valeur ajoutée très forte dans la chaine de valeur d’un véhicule. le développement d’un écosystème « moteur et transmission » implique tout simplement l’intégration de nouveaux métiers dans la chaine de valeur de l’automobile au maroc. il s’agit de la mécanique avec sa chaine de valeur affinage – fonderies – usinages – assemblage. Puis, les composants complexes bougies, carburateur, pompes d’injection, pompes à huiles, électronique… ceci impliquerait la création de plus de 10.000 emplois à terme, générerait un chiffre d’affaire additionnel de plus 5 milliards de dirhams, l’arrivée de nouveaux acteurs et permettrait de passer de 40% actuellement à plus de 60% d’intégration locale et donnerait une ce secteur nouvelle dimension à l’industrie automobile au maroc, et du coup la compétitivité des constructeurs ayant décidé d’assembler des véhicules au maroc à savoir renault-nissan et PSA s’en trouverait renforcée. L’attractivité du maroc pour d’autres constructeurs serait encore plus forte et les encouragerait à décider de nouvelles implantations industrielles. Quels types d’entreprises verront leurs activités boostées par cet écosystème ? tout d’abord les acteurs locaux à savoir Floquet monopôle déjà présent dans les activités de fonderie sous-pression et usinage des pistons et chemises (fournisseur rang1 de Psa) , BontaZ, omr, Baldwin Filters. nous assisterons à l’arrivée de nouveaux acteurs dans ces nouveaux métiers mais aussi des Jv avec des acteurs locaux. ceci donnerait également plus d’opportunités de développement de la sous-traitance transversale pour des métiers comme la maintenance industrielle, l’ingénierie, la réalisation de machines spéciales, les emballages… Quels sont les métiers d’avenir concernant le secteur de l’industrie automobile ? vous savez, dans la chaine d’industrialisation, nous retrouvons tous les métiers possibles et imaginables. au niveau industriel, la panoplie couvre l’affinage, les fonderies, l’usinage, l’assemblage mécanique, l’emboutissage, l’assemblage par soudure, le sertissage, le décolletage, les traitements de surface, la peinture, le câblage électrique, l’électronique, l’injection plastique, le textile, l’ébénisterie ou encore les biens d’équipements (machines, emballages,enginsdemanutention).auniveau des services, la panoplie couvre l’ingénierie, la logistique, la formation, la maintenance, le contrôle de gestion, la gestion des ressources humaines…etc. les contraintes de concurrence mondiale (qualité coûts, délais et environnement) que connait ce secteur pousse les acteurs à la performance, la rigueur et à l’amélioration continue. le développement de ce secteur au maroc est une opportunité pour tirer vers le haut tous les autres secteurs industriels, y compris celui des prestations. l’industrie automobile est une industrie transversale. Y a-t-il aujourd’hui des secteurs qui souhaitent se lier avec vous afin de profiter des opportunités qu’offre l’activité de l’outsourcing automobile ? Effectivement, comme précisé précédemment, la diversité des métiers de l’industrie automobile en fait une industrie transversale et tous les secteurs (textile, métallurgie, biens d’équipement …) peuvent profiter des opportunités de son développement. Quels sont les atouts du Royaume en la matière ? Il y a la stabilité politique du royaume, sa position géographique ainsi que son ouverture au marché international. il y a aussi la visibilité du développement du secteur à travers le plan d’accélération industrielle 2014-2020. Puis, il y a l’excellence des infrastructures portuaires, routières, plateformes industrielles, télécommunications. on possède aussi la compétence des ressources humaines. sans oublier les incitations à l’investissement ainsi que le cadre fiscal très avantageux des zones franches et enfin une administration à l’écoute des professionnels du secteur. si nous faisons l’analyse de l’évolution de la plupart des équipementiers qui se sont installés dans les vingt dernières années, nous observons des extensions au bout de deux trois années, puis de nouvelles usines et activités. Je prends pour exemple des groupes comme sumitomo avec 6 unités industrielles employant plus de 16.000 personnes, lear avec 6 unités opérationnelles dans trois activités employant plus de 12.000 personnes, Delphi avec 3 unités opérationnelles et une en cours (10.000 employés) ,Yazaki avec trois unités opérationnelles ( 9.000 employés) et la liste est longue. ceci est le meilleur indicateur de l’attractivité du secteur. le secteur emploie aujourd’hui plus de 90.000 personnes, a réalisé en 2015 un chiffre d’affaire à l’export de plus de 50 milliards de dirhams confirmant ainsi son rang de premier exportateur du royaume. la vision 2020 du plan d’accélération industrielle à savoir l’atteinte de plus 100 milliards de dirhams à l’export,unecapacitéd’assemblaged’unmillion de véhicules avec une valeur ajoutée de plus de 60% met en évidence le potentiel de ce secteur. Aujourd’hui le maroc se veut comme une destination privilégiée pour les constructeurs européens qui voudraient voir leurs véhicules construites ici chez nous. vous ne visez pas d’autres régions comme l’Asie par exemple? nous ne sommes qu’au début de l’histoire, nous avons affaire à un développement qui suit le chemin d’un cercle vertueux. en effet, la stratégie de développement actuelle du secteur est en trois étapes qui s’articulent bien entre elles. Premièrement, un renforcement du tissu de sous-traitance ainsi que les équipementiers de rang 2 et 3. Deuxièmement, ceci améliorerait la compétitivité des équipementiers rangs 1, leurs permettant de gagner plus de marchés, donc de se développer d’avantage. on verra ainsi l’arrivée de nouveaux équipementiers rangs1 dans de nouveaux métiers. et enfin, troisièmement, ceci encouragerait les constructeurs automobiles à augmenter leurs sourcing composants à partir du maroc mais aussi donnerait des idées d’implantation d’usines d’assemblage. les constructeurs automobiles sont dans une logique de conquête de marché mondiale avec une présence dans toutes les régions. ce qui est valable pour les constructeurs européens l’est également pour les asiatiques pour lesquels le maroc pourrait représenter un hub pour servir le continent africain mais aussi l’europe. le Port tanger med avec ses connexions jouerait un rôle non négligeable pour de nouvelles concrétisations. Quels sont les opportunités qu’offre le secteur aussi bien aux industriels qu’aux chercheurs d’emploi? en l’espace des cinq années à venir, la forte évolution du chiffre d’affaires du secteur de 50 à 100 milliards, accompagnée par une croissance de la valeur ajoutée de 35 à 56 points, représente une opportunité extraordinaire de développement pour les industriels mais aussi pour tous opérateurs dans le secteur des services. le niveau élevé d’exigence en terme qualité, coût, délais et respect de l’environnement représente également un opportunité de renforcement de la solidité de ces entreprises. les besoins en ressources humaines sont estimés à 90.000 nouveaux emplois et devraient représenter également des opportunités aux chercheurs d’emplois. l’aspect adéquation formation par rapport aux besoins du secteur est fondamental pour réussir ce challenge, c’est pour cette raison qu’un travail dans ce sens a été entamé entre les l’amica ( association de l’industrie et du commerce automobile) ainsi que l’oFPPt et les écoles d’ingénieurs et universités aboutissant ainsi à l’établissement des profils des nouveaux 90.000 employés du secteur, le rapprochement avec les filières existantes et l’implication des industriels dans l’élaboration des filières absentes.