Entretien avec Khalid El Mediouri

IDM: M. Khalid El MEDIOURI, comment se porte le CNESTEN ?

KM: Créé en 1986, le CNESTEN est un établissement public qui a pour missions principales la promotion et le développement des applications des techniques nucléaires dans les différents secteurs socio-économiques, la préparation des bases technologiques nécessaires pour l’introduction de l’option électronucléaire et l’appui technique à l’Etat en matière de sûreté et sécurité radiologique et nucléaire.
Placé sous la tutelle du Ministère de l’Energie, des Mines, de l’Eau et de l’Environnement, le CNESTEN a pu développer des compétences, des services et des offres de formation au profit des opérateurs socio-économiques dans plusieurs domaines tels que la santé, la nutrition, l’eau, l’industrie, l’environnement, l’agriculture, les ressources naturelles, les sciences de la matière et la sûreté et sécurité.
En termes de positionnement, le CNESTEN dispose d’un réseau de partenariat avec l’Université, les organismes de recherche, les opérateurs socio-économiques et des organismes similaires dans les pays africains.
Sur le plan international, le Centre a mis en place un cadre de collaboration avec l’Agence Internationale de l’Energie Atomique ‘AIEA’, le programme de coopération africain AFRA et des organismes équivalents en France, aux Etats-Unis d’Amérique, en Belgique et autres.
Ce positionnement national et international a été acquis grâce au savoir faire et aux compétences que le Centre met au service du développement des techniques nucléaires dans les différentes secteurs.
Ce positionnement a été, également, consolidé grâce aux infrastructures du Centre d’Etudes Nucléaires ‘CENM’, situé à 25 Km au nord de Rabat, qui comprend un réacteur de recherche de 2 MW de puissance et une dizaine de laboratoires spécialisés dans les applications des techniques nucléaires dans les secteurs cités ci-haut.

IDM : Concernant le secteur de l’énergie, quel rôle prétend jouer le CNESTEN pour le développement de l’option électronucléaire ?

KM : Pour rappel, la stratégie énergétique nationale, adoptée en 2009 lors des premières assises de l’énergie, considère l’option électronucléaire à long terme parmi les ressources alternatives une fois les conditions de sa faisabilité technologique, de sûreté, de protection de l’environnement et de compétitivité économique seront justifiées.
Compte tenu de ses missions, des infrastructures du CENM, de son capital humain et de son positionnement national et international, le CNESTEN s’avère un pilier central pour le développement d’un programme électronucléaire notamment au niveau de la formation et de l’expertise en technologie des réacteurs, la sûreté et sécurité, la radioprotection, la gestion des déchets radioactifs, la gestion des situations d’urgence radiologique, la protection de l’environnement, la communication et la coopération internationale.
En effet, en termes de capacités nationales, la plateforme technologique du CNESTEN conjuguée au développement multisectoriel des techniques nucléaires est un atout structurant pour bâtir une assise scientifique et technologique pour l’avènement de l’électronucléaire dans notre pays.
Nous considérons tous ces éléments dans le cadre des travaux du Comité de Réflexion sur l’Electronucléaire et le Dessalement de l’Eau de mer par voie nucléaire ‘CRED’, mis en place en 2009 par le département de l’énergie et dont la présidence est confiée au CNESTEN.
Ce Comité est composé de représentants des départements de l’Energie, de l’Eau et de l’Environnement, de l’Office National de l’Electricité et de l’Eau potable ‘ONEE’, du Centre National de la Radioprotection ‘CNRP’ relevant du Ministère de la Santé, de l’Université et de l’Association des Ingénieurs en Génie Atomique du Maroc ‘AIGAM’.
Il a pour mission l’évaluation des conditions préalables à l’introduction de l’option électronucléaire dans le mix énergétique national notamment au niveau de la prise de connaissance de toutes les implications politiques, technologiques et financières nécessaires à la prise de décision.

IDM : Le CNESTEN ambitionne de devenir un centre d’excellence, de formation et de recherche dans les domaines des sciences et technologies nucléaires. Comment vous y attelez-vous ?

KM : Effectivement, le CNESTEN est désigné par l’AIEA en tant que centre régional pour l’Afrique en matière de formation et d’expertise dans les domaines de l’hydrologie isotopique, la radioprotection, la nutrition et la sûreté et sécurité nucléaire et radiologique.
Nous avons l’ambition d’élargir cette reconnaissance à d’autres domaines tels que les applications des techniques nucléaires en industrie, les utilisations des réacteurs de recherche et la gestion des déchets radioactifs.
Concernant le volet de la recherche, le Centre oeuvre au développement d’une dizaine de programmes, utilisant l’outil nucléaire, couvrant la production des radiopharmaceutiques utilisés en médecine nucléaire, biologie moléculaire, nutrition, eau, climat, environnement, ressources naturelles, agriculture, sciences de la matière, industrie, instrumentation et sûreté et sécurité.
Ces programmes sont développés dans le cadre des accords mis en place par le CNESTEN avec les universités nationales, les organismes de recherche et les opérateurs socio-économiques.
Côté formation professionnelle, nous contribuons à la formation de plus de quatre cents opérateurs dans les domaines des contrôles non destructifs, de la radioprotection, de la sûreté et la sécurité radiologique et nucléaire.
Sur le plan international, dans le cadre de l’accord de coopération établi avec l’AIEA, nos experts interviennent dans plusieurs pays pour le transfert de savoir, la formation et l’expertise.
Dans ce même cadre, nous recevons annuellement une trentaine de stagiaires africains pour des périodes allant jusqu’à trois mois de formation sur l’une des applications des techniques nucléaires et plus de deux cents professionnels qui prennent part aux workshops, cours et séminaires organisés par le Centre.
Côté bilatéral, nous sommes liés avec plusieurs organismes équivalents en France, aux Etats-Unis, en Espagne et en Belgique, par des accords de coopération, ce qui nous permet d’intégrer plusieurs réseaux de recherches internationaux et travailler sur des problématique de niveau mondial.

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