Le deuxième panel de l’édition 2020 du Forum International des Energies de l’Industrie (FIEI) s’est articulé sur des modèles éprouvés en termes de décarbonation. Tant à l’international, que sur le plan local.
Pour développer le sous-thème, « les use cases de la décarbonation, quel modèle ? Automobile l’Agro-industrie l Textile l Aéro-spatial », six experts ont été mobilisés. Ce sont notamment, Leila Jebbari, directrice générale de Schneider Electric, Houda Azzaoui, membre du Comité de direction Capgemini, Imane Mozher, directrice Communication et Engagement Director de Suez-Maroc, Youssef Achhoubi, directeur Commercial et Marketing de Signify [MAWA, ex Philip Lighting], Ayoub Hirt, Chef de Département Chimie Verte, Bioénergie et Agritech à l’IRESEN, et Badreddine Messaoudi, directeur général d’UNIMAGEC.
Pour Schneider, prioriser l’efficacité énergétique
Pour Leila Jebbari qui pense que « la décarbonation est un sujet déterminant pour notre génération », surtout dans la lutte contre le réchauffement climatique. De son point de vue, la course à la décarbonation implique trois leviers, à savoir les énergies renouvelables, l’électrification et l’efficacité énergétique. « Malheureusement l’efficacité énergétique qui est le plus à notre portée, est moins médiatisée », dira-t-elle. Un fait déplorable du fait que, « 60% de l’énergie produite est gaspillée ». À son sens donc, « L’efficacité énergétique est le levier le plus important », et c’est ce qui explique l’engagement de Schneider Electric sur cet aspect, et l’expertise qu’elle a développée. Une expertise que l’entreprise se propose de mettre à la disposition des acteurs. Pour conclure, La directrice de Schneider reste convaincue que, « l’efficacité énergétique c’est le futur et il faut s’y mettre maintenant ».
L’Intelligence Artificielle, un levier
Capgemini dont 10% des consultants sont capables de réaliser le bilan carbone de diverses activités, a fait cas de quelques use cases de décarbonation dans la supply-chain (à travers la massification des flux), l’intégration locale, dans la gestion des déchets… A en croire Houda Azzaoui, ces différents champs d’application ont permis au cabinet d’éviter plus de 90 000 tonnes de carbone, depuis le début de l’année, et de réaliser un gain d’à peu près 53 millions d’euros. Elle a également partagé leur retour d’expérience sur « l’utilisation de l’intelligence artificielle [qui] a permis de mettre en place des applications » à fort impact. « Tous ces éléments nous permettent d’atteindre les objectifs du groupe d’être net zéro d’ici 2025. » Et de préciser que toutes ces innovations sont réalisées par des ingénieurs marocains.
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Signify, une stratégie décarbonation bien ancrée
Dans ce tour d’horizon des use cases, Signify n’a pas été en reste. Son directeur Commercial et Marketing, Youssef Achhoubi a étalé, d’une façon globale, les accomplissements du groupe. De son exposé l’on retient que l’objectif de décarbonation est bien ancré dans leur stratégie, et a permis des résultats probants : réalisation de 83% des revenus en solutions durables, 2,5 milliards d’ampoules LED installés à travers le monde, 90% de déchets recyclés, et 100% des sites de production tournant à l’Energie renouvelable. « Sur l’opérationnel, l’émission carbone a été réduit de 287 000 kilotonnes, soit la réduction de 70% d’émission carbone, ce qui équivaut à l’utilisation de 250 0000 voiture, ou 30 millions d’abres dans la nature », dira-t-il pour conclure.
SUEZ, bilans et crédits carbone certifiés
En ce qui concerne SUEZ, il est ressorti de l’intervention de sa représentante que l’expérience de 160 ans dans l’environnement, les déchets et l’eau, lui permet d’offrir une panoplie de services au niveau de toute la chaîne de valeur. « On accompagne les entreprises, on arrive à mesurer leur activité carbone, les modéliser pour en faire des prévisions », a fait savoir Imane Mozher. De là, sont proposées des solutions de réduction de CO2 à travers le captage ou la séquestration. Pour les industriels locaux intéressés de concrétiser leur ambition de décarbonation, SUEZ met à leur disposition des solutions permettent la réalisation de bilan carbone certifié, et des offres de compensation carbone grâce à des crédits carbone.
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IRESEN, une panoplie de projets
« La décarbonation c’est notre métier », dira d’emblée Ayoub Hir de l’IRESEN. Il a indiqué que son institution travaille sur plusieurs paliers : solaire, smart grid, hydrogène, etc. Son exposé a permis de voir que l’institut est présent sur de multiples projets couvrant l’ensemble des paliers de l’économie circulaire. En termes de use cases, il a déroulé un éventail de projets en cours de développement : batteries, frigos solaires, champs solaire, aqua solar visant à dessaler l’eau de mer, et en clou de ces innovations, il y a la borne de recharge. Il a également fait cas de la plateforme de Jorf Lasfar dont l’objectif majeur est la production d’ammoniac vert grâce à l’hydrogène, du pilote concernant le kérosène vert, etc.
L’investissement dans les EnR, l’alternative
Pour UNIMAGEC, une entreprise maroco-marocaine qui opère sur plusieurs secteurs d’activités, notamment les énergies renouvelables, le photovoltaîque , Badreddine Messaoudi, son directeur général, a plutôt plaidé pour la libéralisation du secteur des énergies renouvelables. Il a alors évoqué les récents chiffres du Wali de Bank Al Maghrib, indiquant « un taux de croissance d’1%, une inflation de 9,4%, et un taux directeur de 1,75% qui n’est pas suffisant, à cause d’une facture énergétique qui a déjà occasionné un déficit de 4 MMDH sur les 3 premiers mois ». Face à ce tableau, il a indiqué que la « solution maximale pour le Maroc » est d’investir massivement dans les énergies renouvelables.
Ce tour d’horizon des use cases a démontré l’existence de réelles actions sur en cours de déploiement sur le terrain, avec la contribution d’ingénieurs marocains. Il revient alors aux diverses parties prenantes de s’investir à fond, leur compétitivité en dépend
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Gethème Yao