Sur plusieurs périodes, le Maroc a initié une politique de substitution des importations par la fabrication locale, avec des fortunes diverses. Dernièrement, une nouvelle démarche de l’Etat, adossée au « Made in Morocco » et la « Banque de Projets », lancée en septembre 2020, dans le cadre de la mise en œuvre du Plan de relance industrielle, lui a donné un sacré coup de fouet.

Au Maroc, les importations, c’est bon an mal an 183 milliards dh (MMDH).  En remettant en selle cette démarche de substitution des importations, lancée officiellement le 11 novembre 2020 à Rabat par Moulay Hafid Elalamy, alors ministre de l’Industrie, du commerce, et de l’économie verte et numérique, l’objectif était de développer une industrie marocaine dans des secteurs-clés. Un secteur secondaire capable de produire en valeur 34 MM dh en substitution aux importations, mais aussi de créer entre 50 000 à 100 000 emplois. De surcroît, le pays pourra réaliser 17 MMDH sur les marchés export. Le secteur automobile marocain, au-delà de la substitution à l’import, voit ses exportations atteindre + de 80 MMDH en 2019. Sur ce même secteur, la production de bus pour le transport urbain à Casablanca a atteint 200…

Incitations et mesures d’accompagnement des opérateurs 

Dans la première tranche de la Banque de Projets, quelque 17 conventions d’investissement ont été signées pour stimuler l’entrepreneuriat industriel local. Elles sont au nombre de huit dans l’Agroalimentaire à hauteur de 620 millions dh (MDH) pour générer 1 630 emplois et 914 MDH de chiffre d’affaires en 2023, deux dans la pêche, l’industrie laitière, la confiserie-biscuiterie-chocolaterie, la transformation d’agrumes, de fruits et légumes, quatre dans le Textile & Cuir pour près de 220 M dh pour générer1 350 emplois et un CA additionnel de 354,94 MDH, et trois dans la plasturgie, l’emballage et la plasticulture, dans l’industrie de l’électrique et électronique, pour un montant de 17 MDH, devant apporter une valeur ajoutée de 92 MDH.

Par la suite, les signatures de projets d’investissement et chantiers compilés dans la banque de projets n’ont pas tardé. Les projets d’investissements bénéficient d’un accompagnement approprié et sont grandement encouragés.

La Banque de Projets, un tremplin

Actuellement ce sont des centaines de projets industriels (https://banquedeprojets.mcinet.gov.ma), représentant un potentiel de substitution de 35,5 MMDH, la banque dépassant l’objectif de substitution à l’import sur 2021, fixé à 34 MMDH.

La cellule, baptisée War-Room et composée de plus de 25 personnes dédiées et plusieurs Directeurs centraux, mise en place au sein du Département de tutelle pour accompagner les porteurs de projets dans les différentes phases de développement de leurs projets, va au-delà de son rôle de catalyseur.

Outre le Guide du Porteur de Projet qui regroupe tous les détails y compris les personnes contacts, des avantages à l’investissement et des infrastructures d’accueil sont explicités et mis à la disposition des entrepreneurs. Ce Guide présente aux investisseurs potentiels les différentes offres d’accompagnement proposées par la War-Room et met au même niveau les différentes parties prenantes par rapport aux offres existantes.

L’offre Maroc PME

L’Offre Maroc PME comprend un Programme de soutien à l’investissement, dénommé Istitmar. A Travers ce programme, l’entreprise bénéficie d’une prime à l’investissement de croissance non remboursable à raison de 30% du Programme d’investissement (PI) TTC plafonné à 2 MDH pour les TPE et de 20% du PI TTC plafonnée à 10 MDH aux PME.  Cette offre comprend aussi la Mouwakaba ou programme d’assistance technique qui consiste en la prise en charge de 80% du coût de l’accompagnement dans la stratégie de développement / restructuration, la performance opérationnelle, le développement des marchés, etc.

L’offre AMDIE

Il s’agit d’une offre émanant de l’Agence marocaine de développement des investissements et des exportations (AMDIE) qui comprend une subvention à l’investissement et une offre Export.

La subvention à l’investissement concerne les investissements supérieurs ou égal à 100 MDH ou créateurs d’au moins 250 emplois directs, des subventions directes sur le terrain, les infrastructures externes, la formation professionnelle et d’autres encore pour les investissements supérieurs ou égal à 100 MDH, une exonération de la TVA et des Droits d’Importation.

L’Offre Export

Par le biais de cette offre, les porteurs de projets peuvent bénéficier d’une orientation vers les marchés porteurs à l’international, de l’identification des donneurs d’ordres internationaux ou encore de l’amélioration des connaissances des porteurs de projets dans le domaine du commerce international. A noter que beaucoup d’autres mesures et avantages sont à la disposition des industriels en herbe ou aguerris, tels que les données du marché, la normalisation, l’accès au marché local, la formation, l’assistance technique, la facilitation administrative, le Fonds de Développement Industriel et des Investissements (FDII), le foncier.

Pour mémoire, FDII a été créé pour le financement des programmes relevant du Plan d’Accélération Industrielle (PAI). Il permet au tissu industriel de se consolider, de se moderniser et de développer sa capacité de production par rapport aux produits importés.
La prime à l’investissement peut aller jusqu’à 30% du programme d’investissement, plafonnée à 30 MDH.

Foncier industriel, formation…

Quant au foncier industriel, l’accompagnement des porteurs de projets en la matière consiste à mettre à leur disposition toutes les données disponibles et relatives aux différentes offres, à savoir, le modèle commercial, la taille des lots disponibles, les prix moyens de cession/location, le cahier des charges de la zone et les services de base/optionnels mis en place.

En ce qui concerne la formation, une offre variée répondant aux besoins en compétences des porteurs de projets pour assurer une meilleure adéquation offre/demande, est proposée. Parmi les dispositifs disponibles, ceux de l’OFPPT, de l’enseignement supérieur, des instituts à gestion délégué, du programme INMAA, de Cap Compétences Accélération Industrielle, des mesures de formation/emploi de l’ANAPEC, à savoir TAEHIL, IDMAJ, ou encore celui des aides directes à la formation.

Après toutes ces mesures et dispositions, la machine n’a pas tardé à s’emballer. Dès le début du mois de juin 2021, la Banque de Projets a compté la signature de 73 nouveaux projets d’investissement pour 2,8 MMDH pour créer 10 600 emplois. Des projets, alors répartis à raison de 22 dans le Textile, 17 dans la Chimie-Parachimie, 15 dans l’Agro-alimentaire, 06 dans la Plasturgie, 05 dans les industries mécaniques et métallurgiques et le reste dans Matériaux de construction, Mobilité & Transport, Industries électriques, Cuir et Electronique. Sur le site web, énoncé plus haut, cet élan de création ne s’est pas estompé. Reste à savoir si les mesures précitées sont appliquées à la lettre et sans lenteur administrative.

Test anticancer, Vaccin anti-covid, équipements sanitaires…

De toutes les façons, l’innovation des opérateurs économiques n’est pas émoussée. Au-delà d’être résilients, ils n’ont fait que consolider les acquis récents du Made in Morocco, pendant cette période de Covid-post Covid.

Moldiag vient de lancer le premier test de diagnostic moléculaire du cancer du sein, 100% marocain développé par MAScIR (Moroccan Foundation for Advanced Science, Innovation and Research). Dans un pays où 1/8 des femmes risque de développer un cancer du sein, le produit est venu répondre à un besoin national. Aussi pour concurrencer un traitement plus onéreux et protéger le secteur d’approvisionnements illicites, Moldiag met sur le marché un autre aussi efficace au coût optimisé, grâce à la mise sur le marché de Biosimilaires. Il s’agit d’un test innovant qui permet le diagnostic et la quantification de l’ARNm qui code pour la protéine HER2 en utilisant la technique RT-qPCR.

Doit-on rappeler que MAScIR est une institution de recherche appliquée, relevant de l’écosystème des laboratoires scientifiques de l’Université Polytechnique Mohammed VI de Benguerir?

MAScIR vise à promouvoir et à développer au Maroc des pôles de recherche et développement répondant aux besoins du pays en technologies avancées, notamment dans le secteur de la biologie médicale.

Le 28 décembre dernier, le protocole d’accord, signé entre Ryad Mezzour, ministre du Commerce et de l’industrie, Khalid ait Taleb, son homologue de la Santé et de l’action sociale, Mohamed Elmandjra, président de l’Association marocaine des groupes de santé et Saïd Benhajjou, président du Cluster médical, consacre le développement de l’industrialisation et du sourcing local des dispositifs médicaux et des produits de santé. Désormais, la production locale de dispositifs médicaux, tels que des guéridons et potences à sérum, des fauteuils ambulatoires et autres écouvillons pour tests PCR, va s’ajouter à celle de masques, gants, de respirateurs artificiels, bref d’équipements sanitaires divers.

Il ne faut surtout pas perdre de vue l’ambitieux programmes de production de vaccins anti-covid par Sothema. Cette industrie pharmaceutique, basée à Bouskoura dans la banlieue de Casablanca serait prête pour lancer la production de son premier lot de vaccins Sinopharm, à raison de 5 millions de doses par mois.

Quelle politique d ‘export en Afrique

Pendant la pandémie de la Covid-19, les compétences marocaines ont attesté au monde entier la capacité du Royaume à faire preuve de réactivité, d’agilité et d’efficacité. Les industriels marocains ont démontré leur capacité à fabriquer des produits et équipements aux normes internationales capables de répondre à la fois à la demande locale et aux marchés à l’export.

Plus que résilients, les opérateurs marocains ont pu surfer sur une réelle innovation locale pour produire des Kits de Test PCR rapide, des respirateurs artificiels, les lits cliniques, les visières et autres robots, des masques, du gel hydroalcoolique, des caméras… et satisfaire la demande locale. Le génie marocain a prouvé ses capacités et démontré qu’il faudra compter sur lui.

La satisfaisante célérité, entre la création de prototype et la mise en ligne de productions de qualité et aux normes, fait du Made in Morocco un produit compétitif dans le continent.

Les mesures d’accompagnement dont peuvent bénéficier les opérateurs dans la recherche de débouchés, ajoutées à la proximité et aux tarifs, constituent de réels atouts.

Le Made in Morocco a le vent en poupe

Les opportunités sont nombreuses. La pandémie a démontré qu’en cas de flux tendus sur certains produits, certains pays de transit n’ont pas hésité à réquisitionner des commandes qui ne leur appartenaient pas. Le Maroc n’a pas tardé, via cette nouvelle démarche, à produire des écouvillons à 1 $ au lieu de 3 $ pour l’import, masques, tissus d’ameublement, cartables pour écoliers…

Avec le volet export de l’Offre AMDIE qui aide à l’orientation des porteurs de projets vers les marchés porteurs à l’international, l’Identification des donneurs d’ordres internationaux, l’Amélioration des connaissances des porteurs de projets dans le domaine du commerce international, les débouchés sont vite trouvés.

A cela s’ajoute la diplomatie économique. Des centaines d’accords ont été signés entre le royaume du Maroc et les pays d’Afrique au Sud du Sahara. Ils mettent à la disposition des entrepreneurs marocains un cadre réglementaire et juridique pour une percée dans ces marchés. Au lendemain de chaque tournée royale dans ces régions du continent, le renforcement des parts de marchés acquises et la diversification des débouchés extérieurs ont été concomitantes.

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