Le leadership féminin dans le monde économique et industriel prend de l’ampleur, avec des femmes qui occupent des postes clés et font preuve d’une grande compétence et d’une détermination remarquable, d’où le choix du thème du premier panel de l’évènement d’industrie du Maroc, « Matinées de l’Industrie, édition spécial Ramadan ».
Les Matinées de l’Industrie, édition Spécial Ramadan ont ouvert leurs portes ce 1er avril 2024, à Casablanca avec un premier panel qui s’est intéressé aux « Parcours Inspirants de Femmes Leaders dans la Sphère Économique et Industrielle au Maroc ».
Cinq femmes leaders ont partagé leurs parcours inspirants lors de ce panel, en vue de retracer leurs intégrations et apports dans la sphère économique et industrielles, participant ainsi au rayonnement du Royaume. Ces cinq modèles qui ont bien voulu partager leurs parcours sont Madame Naoual Zine Directrice Générale Reminex – Ingénierie, R&D et Gestion des Projets; Madame Khadija Tamda Présidente Directrice Générale de Maroc Force Emploi; Madame Lamiae Benmakhlouf Directrice Générale du Technopark; Madame Zohra Samouh Directrice Générale d’Afrique Câbles – Ynna Holding et Madame Imane Zaoui, Directrice générale de Nestlé Maroc.
« Travailler dans un environnement masculin n’a jamais représenté un obstacle, bien au contraire… »
La première a fait part de son expérience est la Directrice Générale Reminex, Naoual Zine. Première ingénieur chez Managem, elle a su tracer le chemin pour plusieurs autres femmes, dans un secteur où le code interdisait la simple présence des femmes sur le terrain. Cette gestionnaire de projets a pu fait entendre sa voix et inspirer le changement au sein du groupe majoritairement dominé par les hommes. Pour elle, « travailler dans un environnement masculin n’a jamais représenté un obstacle, bien au contraire c’était un véritable booster ». « J’ai débuté à l’âge de 22 ans dans le secteur et j’ai immédiatement été envoyé dans une mine d’argent, où j’étais l’unique ingénieur femme. Une action qui m’a donné de la visibilité et m’a galvanisé pour aller de l’avant. Ce moment m’a ainsi permis d’apprécier cette unicité. J’ai également été intégrer très jeune dans le comex du groupe Managem et pendant dix ans, j’étais l’unique femme de comex. C’était certes difficile, mais également très challengeant, un vrai accélérateur de ma courbe d’apprentissage et un boosteur de ma carrière. j’ai eu la chance de faire partir d’un groupe qui sait tirer profit des singularités de chacun pour créer la richesse collective. Je reste toutefois convaincue qu’un management inclusif a lui tout seul n’est pas suffisant. Il faut qu’on soit capable de transformer cette diversité en une vraie efficacité opérationnelle sur le terrain », a déclaré Naoual Zine, qui reste convaincue qu’outre l’engagement des manageurs et entreprises, en matière de diversité, il faut que les femmes se prennent en charge elles-mêmes, ainsi que leurs propres chemins de progrès.
« Célébrer la différence de la femme »
A la suite de la Directrice Générale Reminex, c’est Madame Khadija Tamda Présidente, Directrice Générale de Maroc Force Emploi qui a fait un partage sur l’importance de la notion d’inclusivité, en tant que force motrice de la croissance d’une entreprise. Tout en félicitant l’ensemble l’ensemble des femmes pour leur apport à la société et au Royaume, Mme Tamda a tout de suite pointé l’importance de la diversité et l’inclusion, afin que la femme soit perçue comme un moteur et un pilier de l’entreprise.
Pour la Directrice général de Maroc Force Emploi, toutes les entreprises du 21ème siècle sont aujourd’hui confrontées à un environnement en constante évolution, un changement constant de mindset pour tout un chacun. En tant que partenaire de capital humain, il est clairement perçu que la jeune d’aujourd’hui n’est pas celle d’hier et celle de demain ne sera pas celle d’aujourd’hui.
« Les attentes du consommateur, des employés et de la société ont connu un changement radical. Les entreprises aujourd’hui pour réussir et prospérer, à travers leur top management doivent adopter de nouvelles normes managériales qui reflètent les valeurs, la durabilité, l’éthique et l’inclusion. Pour mettre en place ces normes, il est primordial d’être un visionnaire anticipé. Dans mon cas, je pense l’avoir été. J’avais pour mission de former une équipe jeune, majoritairement tous sortis de l’école. Il me fallait les sensibiliser, les former et encadrer sur les avantages de la diversité et de l’inclusion, afin de favoriser un climat de travail respectueux et surtout rentable. La recherche de ces objectifs nous a conduit vers la mise en place d’une politique de culture d’entreprise. Une culture d’entreprise qui existe depuis maintenant onze ans et notre groupe est aujourd’hui composé de plus 90% de femmes, contre 10% d’hommes. C’est une mixité dans un domaine difficile, le métier des services et des ressources humaines. La réussite de notre groupe, en tant qu’entreprise citoyenne dépend toujours de la réussite de chaque femme, chef d’équipe.A mon avis, c’est ici qu’une entreprise diversifiée et inclusive prend tout son sens. Créer une culture d’acceptation, de reconnaissance envers la femme surtout, parce que la femme a plus besoin de reconnaissance au sein d’une entreprise en comparaison avec la rémunération. Pour elle, la reconnaissance passe avant la rémunération. En somme, célébrer sa différence pour qu’elle soit perçue comme un moteur et un pilier de l’entreprise».
« Soutenir les jeunes femmes à entreprendre dans le secteur de la technologie »
En continuité de cette discussion sur le genre dans l’entreprise, c’est la première Directrice Générale du Technopark, Madame Lamiae Benmakhlouf qui a apporté sa modeste contribution au débat.
22 ans après son entretien qu’elle ne pensait pas concluant, Mme Benmakhlouf est aujourd’hui aux commandes de Technopark et accompagne les startups, tout en soutenant au mieux les jeunes femmes à entreprendre dans le secteur de la technologie et à assumer des postes de leadership technologique. Pour elle, c’est une mission noble de transformer des porteurs d’idées, de projets en startups créatrices de valeurs, d’emplois, de richesses pour le Maroc.
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« J’ai été nommée directrice générale en 2013 et pour moi c’était un double pari. Le premier était de continuer l’excellent travail déjà amorcé par mes prédécesseurs, qui étaient tous des hommes, donc il me fallait porter encore plus loin cet écosystème des startups et faire du Technopark une meilleure plateforme que ce qu’elle était. Le second pari était l’appui que je pouvais apporter aux autres femmes. « Je suis une femme, que puis-je faire pour aider les autres femmes ? Je suis dans l’entrepreneuriat, quelles mesures, quelles incitations, quels outils, je pourrai apporter à ces femmes, afin qu’elles puissent agir, être partie prenante du développement économique que connaît notre pays ? Mais surtout, les encourager à entreprendre dans un domaine qui a été jusqu’à présent dominé par les hommes ». Je puis vous assurer que lorsque nous sommes armés de beaucoup de volonté, de résilience, de persévérance, on y arrive. On y arrive avec une vision, des valeurs et des équipes qui croient en vous et en qui vous croyez également, en leur donnant de l’autonomie et vous les encouragez à prendre des risques et des initiatives. Je suis adepte du management participatif et je ne fais jamais les choses seules, toujours avec mes équipes et nos partenaires qui partagent avec nous les mêmes valeurs et des objectifs communs ».
« Mentorer la femme à toutes les étapes de la chaîne »
Quant à la Directrice Générale de Nestlé Maroc, Madame Imane Zaoui, elle a mis en exergue l’importance du mentoring pour accompagner les femmes dans toutes les étapes de la chaîne et avoir les mêmes chances que leurs pairs.
« Les statistiques disent que très peu de femmes dirigent des entreprises dans le monde, soit 5% de femmes à des postes de direction; encore moins dans des métiers comme les mines, les produits de grandes consommations. En même temps, le constat fait état d’un pourcentage très élevé de femmes dans les universités et grandes écoles de commerce et d’ingénierie. Il est donc primordial de savoir qu’est-ce qui fait qu’on en perd, car plus nous montons dans la hiérarchie, nous trouvons de moins en moins de femmes. Et que devons nous faire en tant qu’individu et ensemble, en tant qu’organisation pour créer des environnements beaucoup plus inclusifs. Si nous y parvenons et à accompagner les femmes durant les différentes périodes de leur vie, où elles ont besoin de flexibilité, nous pourrions leur offrir plus d’opportunités d’apprentissage, de développement de leurs compétences. Mais également de pouvoir développer des comportements différents selon les différentes positions qu’elles occuperont, avec plus d’opportunités de mentoring, qui sont des chances pour apprendre énormément et d’acquérir cette volonté d’aller au bout de leur rêve. Grâce au mentoring, elles ont un retour d’expérience de leur mentor qui est aussi un modèle pour eux et leur montre que c’est possible. Ce qui fut le cas pour moi, qui ait bénéficié d’énormément de mentoring chez Nestlé, des mentors extraordinaires (des hommes et des femmes) qui ont été dans la bienveillance. Des partages qui m’ont permis d’apprendre de leurs réussites, mais aussi de leurs échecs, tout en étant rassurée dans les moments de doutes que j’ai pu avoir. Le mentoring m’a aidé et il joue un rôle très important et les femmes en ont besoin, ainsi que de sponsors, pour les accompagner à grandir ».
« Toute femme peut réussir si elle est ambitieuse et croit en elle »
Madame Zohra Samouh, Directrice Générale d’Afrique Câbles – Ynna Holding a clore la boucle, en revenant sur un parcours qui lui a permis de transformer ses défis en opportunités.
«Mon parcours se résume en deux grandes étapes, dont la première est mon intégration dans le groupe Ynna Holding. Pour moi c’était une opportunité d’intégrer un groupe diversifié avec plus industries et d’autre part, il est connu depuis de nombreuses années pour son apport aux femmes. C’est ainsi que j’ai pu avoir mon poste de directrice commerciale dans une entreprise (la SNEP), où j’étais la première femme à cette fonction. Trois à quatre ans plus tard, j’ai été chargé de prendre les rennes de la filiale du groupe en Tunisie. C’était certes une promotion, mais une grande surprise pour moi et j’avais beaucoup de doutes, la peur de ne pas réussir ma mission dans un autre pays. Ma mission a coïncidé avec la révolution en Tunisie, je me suis donc retrouvé devant un grand défi, gérer une crise, un capital humain, un environnement socio-économique très spécial et mes propres doutes. Tout ceci fut une grande expérience qui m’a permis de ressortir de là avec une grande confiance en moi et énormement de leçons sur comment gérer des situations très particulières et comment en ressortir gagnante. C’est un tournant de ma vie professionnelle qui pour moi m’a forgé, car je suis resté cinq ans et la société s’en est bien sortir avec de bons résultats. Suite à cette expérience décisive, je suis revenue au Maroc, où je me suis occupée de plusieurs entreprises dans divers secteurs industriels. Aujourd’hui je suis directrice générale de la société Afrique Câbles, qui fabrique des batteries pour l’automobile. Je suis la seule femme directrice générale dans l’automobile et toute femme peut réussir si elle est ambitieuse et croit en elle, ainsi qu’une bonne dose de persévérance » a conclut Mme Samouh, pour qui l’encouragement du management demeure un apport indéniable.