Il ressort du Rapport d’Activité 2021 des acteurs marocains du capital investissement, réunis au sein de l’Association Marocaine des Investisseurs en Capital (AMIC), rendu public, mardi 17 mai à Casablanca que les fonds transrégionaux accaparent 80 % des levées pour le Maroc depuis 2012, tandis que les fonds locaux, surtout des OPCC et SA n’ont représenté que 20 %.
Pour l’année écoulée, les capitaux levés ont atteint un chiffre record de 1 867 millions de dh (MMAD). Sur la période de 2017 – 2021, les levées de fonds ont représenté un montant global de 6 996 MMAD, soit presque le double sur la période 2012-2016. C’est du moins ce qui ressort de l’étude, réalisée par le cabinet Grant Thornton, sous la houlette de la Commission Etudes & Statistiques de l’AMIC (Association Marocaine des Investisseurs en Capital), présidée par Farid Benlafdil, membre du Conseil d’Administration de l’association. Une autre tendance révélée par ce travail a trait au fait que depuis la première génération de fonds (2000-2005), la part des organismes de développement internationaux est en forte hausse. A contrario, la part des investisseurs marocains a connu une forte baisse entre la première et la quatrième génération de fonds. Elle est passée de 73 % des levées sur la période 2000 – 2005 à 37 % sur la période 2017 – 2021, précise-t-on.
Des indicateurs pertinents
L’étude donne un aperçu de la performance du capital investissement. Il en ressort que le TRI (Taux de rentabilité interne) brut moyen calculé sur la base de 91 cessions effectives est de 13 % sur la période de 2000 à 2021. D’autres indicateurs pertinents, tels que le multiple global du secteur à 2 (1,2 pour l’amorçage/risque – 2,3 pour le développement et 1,8 pour la transmission), la durée moyenne de détention des participations à 6,1 ans ou encore les secteurs affichent les TRI les plus élevés, notamment la santé, les services et la construction, avec respectivement, 26%, 18% et 17%, y figurent.
En termes d’investissements, les 12 sociétés de gestion ont réalisé 1, 152 milliards en 2021 Ils portent sur 22 nouvelles entreprises investies et 8 réinvestissements. Un examen un peu plus affiné révèle que les fonds restent généralistes.
Avec 32 % des investissements réalisés en 2021, le secteur industriel s’arroge encore la première place, tandis que celui des services et transports arrive en seconde position et enregistre une hausse de 18 % à 31 % sur la période 2017 – 2021. Plus de 71% des investissements sont réalisés dans la région de Casablanca-Settat et 9 % dans la région Rabat-Salé-Kenitra.
Environ 1/3 au Capital Amorçage et Risque
À fin 2021, les investissements en Capital Amorçage et Risque représentent 32 % des investissements réalisés en nombre et 7 % en valeur. En nombre, leurs parts sont passées de 26 % sur la période 2006 – 2011 à 48 % sur la période 2017 – 2021. Quant aux transactions de moins de 20 MMAD entre la troisième et la quatrième génération de fonds, elles ont connu une augmentation en nombre, suite au développement de l’activité amorçage/risque. L’etude dévoile que la taille des fonds a permis de doubler, sur deux générations, les tickets moyens d’investissements pour le développement et la transmission passant de 55 (2012 – 2016) à 99 MMAD (2017 – 2021). Le ticket moyen pour les entreprises en phase d’amorçage/risque est d’environ 8,6 MMAD sur la période 2017 – 2021.
Des sorties records
Relativement aux désinvestissements, les sorties enregistrées ont été à hauteur de 882 MMAD, courant 2021. Ce résultat constitue le 2ème record après l’année 2017 (968 MMAD) pour les sorties effectuées ces 10 dernières années. Avec 3,18 Mds MAD, le montant des sorties effectuées en 5 ans (2017 – 2021) est plus important que le montant atteint (1,015 Mds MAD) lors de la période (2012 – 2016). A fin 2021, les fonds ont réalisé 136 actes de désinvestissement. Les sorties sur le marché secondaire représentent 37 % des montants désinvestis, suivies des sorties auprès des industriels qui représentent 28 %, puis des sorties boursières qui représentent 18 %.
A noter que le rapport couvre la quasi-totalité des sociétés de gestion ayant un bureau au Maroc, soit un périmètre de 28 sociétés de gestion, incluant des fonds et 60 fonds, dont 16 actifs, les autres en phase de désinvestissement ou désinvestis. Autre particularité du marché, les fonds transrégionaux accaparent 80 % des levées pour le Maroc depuis 2012 et adoptent tout naturellement une forme juridique étrangère pour des raisons liées notamment aux contraintes de change et de fiscalité. Aussi, la configuration dévoile que les fonds locaux, représentant 20 % (en valeur), privilégient les véhicules juridiques marocains (OPCC et SA).
Boubker El Badri