Dans un contexte mondial marqué par l’envolée des cours des engrais, avec des implications majeures pour la sécurité alimentaire en Afrique, les participants à la troisième édition du Forum africain de financement des engrais, avec en tête la Banque africaine de développement, ont lancé l’Appel de Casablanca en vue de fédérer les efforts pour sécuriser l’accès aux engrais des agriculteurs du continent.
L’événement de référence, qui s’est tenu à Casablanca (Maroc) les 12 et 13 octobre à l’initiative de la Banque africaine de développement, d’OCP Africa et du Mécanisme africain de financement du développement des engrais (MAFDE), a réuni plus de 200 acteurs clés du secteur : ministres de l’Agriculture, professionnels, experts, banquiers et représentants d’associations.
À l’issue des consultations, tous les intervenants se sont accordés sur une feuille de route concrète à court et moyen terme qui comprend trois points clés :
- Créer les conditions d’une meilleure synergie entre les différentes initiatives visant à faciliter l’accès aux engrais à un prix abordable pour les petits exploitants ;
- Généraliser l’utilisation de nouveaux instruments de financement, tels que la garantie commerciale de crédit qui génère un effet de levier de 15 fois le montant investi ;
- Travailler sur de nouveaux mécanismes qui facilitent l’accès aux autres intrants agricoles, tels que les semences, avec une diffusion plus large de nouvelles techniques et technologies agricoles assurant un rendement maximal.
Ce faisceau d’actions est de nature à augmenter la productivité agricole du continent et combler le déficit des filières concernées afin de garantir la souveraineté alimentaire de l’Afrique. La troisième édition du Forum africain de financement des engrais représente en cela un jalon majeur dans la préparation du prochain Sommet africain sur les engrais et la santé des sols organisé par l’Union africaine et qui doit se tenir en 2023.
« La situation est délicate. Nous avons besoin de sécuriser l’alimentation d’une population qui ne cesse d’augmenter. Mais d’une crise naissent des opportunités et l’Afrique doit saisir ce moment pour bâtir des systèmes alimentaires durables », a déclaré Lobin Lowe, ministre de l’Agriculture de la République du Malawi.
« En Angola, l’agriculture est un secteur clé. Mais nos rendements agricoles restent en-deçà de leur vrai potentiel. Pour répondre à ce défi, nous venons de lancer un vaste programme de production de céréales qui requiert beaucoup d’engrais. Pour nous, il y a urgence et la solution se trouve dans notre continent », a précisé Manuel Bartolomeu da Cunha Joao, secrétaire d’État à l’Agriculture et à l’Élevage de l’Angola.
« Face à l’urgence, la Banque africaine de développement a déployé une réponse dans des délais records. En quelques semaines, 1,13 milliard de dollars a été mobilisé dans le cadre de la Facilité africaine de production alimentaire d’urgence pour permettre à 20 millions de petits exploitants africains dans 24 pays d’avoir accès aux engrais et de se procurer des semences. Objectif : aider à produire 38 millions de tonnes de denrées alimentaires supplémentaires d’une valeur approximative de 12 milliards de dollars sur les deux prochaines années », a souligné Martin Fregene, directeur pour l’agriculture et l’agro-industrie à la Banque africaine de développement.
Dans une convergence d’efforts, OCP Africa a contribué « à la remise de 550 000 tonnes d’engrais dans 20 pays et à destination de 4 millions d’agriculteurs sur le continent sous forme de dons et rabais, ce qui représente 16% des besoins annuels de l’Afrique », a indiqué Dr. Mohammed Anouar Jamali, directeur général d’OCP Africa. Par ailleurs, le Groupe OCP s’est engagé à consacrer en 2023 4 millions de tonnes d’engrais adaptés aux besoins des sols et cultures du continent. Cette opération consistera en une approche novatrice structurante, à la fois holistique et partenariale, basée sur les fondements scientifiques. Elle visera à soutenir le fermier africain afin d’assurer un impact significatif et durable sur sa productivité agricole.
« Le financement est central dans l’accès aux engrais pour les petits exploitants. Nous sommes venus à Casablanca avec l’objectif d’aider chaque agriculteur du continent à accéder aux engrais à un prix abordable. Nous voulons avancer ensemble vers une plus grande sécurité alimentaire », a insisté Marie Claire Kalihangabo, coordinatrice du MAFDE.
Outre l’organisation de conférences et de working sessions animées par des acteurs clés du secteur, la troisième édition du Forum africain de financement des engrais a offert une plate-forme de transactions entre les différentes parties prenantes dans le domaine des engrais en Afrique.