L’ancien ministre de l’Economie et des Finances et expert au Policy center for the new south (PCNS), Fathallah Oualalou, a affirmé que la gestion de la période post-coronavirus nécessite la mise en place d’un programme de démarrage intégré, qui tienne compte à court et à long termes des résultats des travaux de la Commission sur le nouveau modèle de développement (CSMD) et des relations du Maroc avec le monde extérieur.

A court terme, l’Etat est appelé à accompagner ce démarrage afin de sortir de l’impasse sur la base d’une stratégie de reconstruction économique, avec la nécessité de prêter une attention particulière aux pauvres et aux petites unités, en plus de cerner le chômage et rendre les dépenses de l’Etat qualitatives plus que quantitatives, c’est-à-dire les orienter vers davantage de parité sociale au Maroc, a souligné M. Oualalou dans une interview accordée à la MAP.

En ce qui concerne le long terme, l’ancien ministre a souligné la nécessité, après le déconfinement, de prendre en compte les transformations majeures que connaît le monde dans les années à venir, et qui concerneront d’une grande façon les questions de santé, de justice sociale et d’environnement, qui «deviendront des biens communs dans toutes les sociétés».

Quant à la relation avec le monde extérieur et son influence sur la politique économique du Maroc, l’ancien ministre de l’Economie et des Finances estime que l’évolution des relations entre les grandes puissances mondiales (Etats-Unis d’Amérique, Chine et Europe) doit être suivie de près, relevant que le monde de demain sera plus «multipolaire» que le monde d’hier, ce qui nécessite de saisir l’opportunité de bénéficier de l’image positive que le Maroc a acquise grâce à sa politique face à l’épidémie.

Il a, dans ce contexte, souligné que la période post-coronavirus sera marquée par «l’éloignement des Européens de l’Asie» qui verra sa force renforcée, et leur ambition de s’intéresser aux relations de proximité, ce qui constitue une opportunité favorable pour le Maroc de développer et de renforcer ses relations de voisinage avec le vieux continent et de reprendre les négociations avec l’Union européenne (UE), sur fond de «stagnation du projet maghrébin».

Et d’ajouter que la «chaîne de valeur mondiale» dans le cadre de l’industrie, comme les usines «Peugeot et Renault» au Maroc et les usines liées à l’aviation, seraient remplacées par «une série de valeurs régionales».

S’agissant du renforcement de la position du Maroc sur la scène internationale, M. Oualalou a classé ces relations de proximité et de voisinage dans deux sens, le premier concerne l’Europe en la poussant à développer ses relations avec le Maroc, et en profitant de l’occasion pour sortir de la crise épidémique et développer un partenariat fort au niveau de la production, considérant que «la protection doit être régionale».

Le deuxième sens de ces relations puise principalement ses origines dans l’initiative de Sa Majesté le Roi concernant une gestion conjointe avec les pays africains de la crise actuelle, à travers la promotion et le renforcement du partenariat Sud-Sud avec les pays africains, à moyen terme, ce qui consolidera l’orientation africaine du Royaume.

D’un autre côté, M. Oualalou a signalé que le travail accompli par le Maroc dans la lutte contre l’épidémie de coronavirus a été «réussi», ce qui constitue, selon lui, une source clé de succès à l’avenir pour surmonter toutes les difficultés d’ordre économique et social, louant à cet égard la solidarité et la discipline dont les citoyens ont fait preuve sous le leadership de Sa Majesté le Roi.

Il a fait savoir que l’État a joué un rôle de «protecteur» pendant la période de propagation de la pandémie de coronavirus, que ce soit lors de la mise en place du plan sanitaire ou de la création du fonds spécial de gestion de la pandémie sur Hautes instructions de Sa Majesté le Roi Mohammed VI, ainsi que du Comité de vigilance économique chargé de le gérer, puis l’initiative de Sa Majesté d’unir les efforts des pays africains afin d’échanger les bonnes expériences dans la lutte contre le Covid-19, en plus de l’utilisation de quelques aides étrangère, en particulier du Fonds monétaire international (FMI) et de l’UE.

A ses yeux, le moment est venu pour l’État de jouer le rôle d’«État stratégique», malgré les difficultés internes auxquelles il est confronté en raison de la sécheresse, ou les autres difficultés liées au confinement sanitaire, en plus de la crise internationale qui affecte l’économie dans les aspects liés aux revenus du tourisme et certaines exportations en suspens telles que les textiles et les transferts des immigrés marocains ou les grandes exportations comme le secteur automobile, ainsi que la situation critique à laquelle devront faire face certaines institutions publiques qui ont besoin de l’aide de l’Etat.

D’autre part, M. Oualalou a fait observer que cette crise sanitaire obligera le monde à prêter attention à des questions plus importantes que d’autres, comme la justice et la parité sociales ainsi que la santé et l’enseignement à distance, notant que les perspectives de cette dernière seront plus grandes à l’avenir et que l’ensemble du système éducatif sera sujet au changement dans le monde entier.

Il a également souligné la nécessité pour le Maroc d’être prêt pour ce changement éducatif et d’avoir recours à l’expertise accumulée au cours des dernières semaines dans le domaine de l’enseignement à distance, indiquant que la question de l’enseignement est fortement posée dans notre pays, notamment dans le nouveau modèle de développement.

Commentant le recours du gouvernement marocain au dépassement du plafond des emprunts extérieurs déterminé par la loi de finances de l’année 2020, il a estimé que tous les gouvernements du monde prennent des décisions exceptionnelles dans les circonstances actuelles, ce qui est compréhensible par les institutions financières internationales, expliquant que l’utilisation par le Maroc des facilités fournies par le FMI et de l’aide de l’UE était un bon choix.

M. Oualalou pense que tous les pays du monde, qu’ils soient développés ou en voie de développement, se retrouveront, immédiatement après le déconfinement, entre le marteau de la dette élevée et l’enclume de la nécessité de dynamiser leurs économies, ajoutant que cette situation nécessite des accords internationaux et des consultations au niveau des grandes institutions financières (FMI, Banque mondiale (BM) et Banque africaine de développement (BAD)

Ce sont des consultations internationales qui concernent, particulièrement, la recherche de solutions optimales pour remédier à l’asphyxie financière potentielle dans ce contexte, poursuit M. Oualalou, assurant que «nous devons attendre un changement clair dans la gouvernance internationale de toutes ces questions fondamentales».

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