La semaine d’industrialisation de l’Afrique, célébrée tous les 20 novembre, a repris ses lettres de noblesse. Après deux années d’interruption, due à la crise sanitaire, l’édition 2022 qui a pris ses quartiers à Niamey la semaine dernière, a été marquée par la déclaration de l’Union africaine et ses partenaires.
« Unissons nos forces pour bâtir un continent plus durable, plus pacifique et plus prospère pour toutes et tous ». C’est l’appel d’Antonio Guterres, Secrétaire général de l’ONU, à l’occasion de l’édition 2022 de la semaine d’industrialisation de l’Afrique. A cette occasion, le gotha industriel africain s’est mobilisé du 20 au 24 novembre à Niamey, la capitale du Niger.
Tout au long de ces journées, les diverses parties prenantes à l’industrialisation du continent ont planché sur la thématique, « Industrialiser l’Afrique : un engagement renouvelé en faveur d’une industrialisation et d’une diversification économique inclusive et durable ». A cet effet, l’Union Africaine (UA) et ses partenaires, que sont l’Agence de développement de l’union africaine (AUDA-NEPAD), l’Organisation des nations unies pour le développement industriel (ONUDI), et la Commission économique des nations unies pour l’Afrique (CEA), ont produit une déclaration conjointe. Evoquant la conjoncture internationale qui, selon eux, « a révélé la fragilité des économies africaines face aux chocs extérieurs, et renforcé la nécessité de procéder aux changements structurels nécessaires à l’accélération de la transformation productive », elles ont souligné l’importance de réévaluer les capacités de l’Afrique face à ces chocs. C’est dans ce sens qu’elles ont saisi l’occasion de leur déclaration pour faire un bilan des progrès accomplis ces dernières années.
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Industrialisation : un potentiel inouï pour le continent
A ce tire, l’UA et ses partenaires ont égrené les potentialités dont regorge le continent dans différents domaines. Notamment dans l’agriculture et l’agroalimentaire où, l’Afrique possède à elle seule 60% des terres arables inexploitées au monde. Ce qui la place en pole position pour être le grenier du monde. A condition les dirigeants et le secteur privé africains s’accordent à concrétiser la Déclaration de Malabo de 2014. Pour rappel, les pays africains s’y étaient engagés à investir 10% de leurs dépenses publiques dans l’agriculture ; et ce en vue d’en accélérer la croissance et la transformation.
Autres domaines stratégiques énumérés, l’industrie du coton et de l’habillement, et le secteur pharmaceutique. Toujours selon eux, « la perturbation des chaînes d’approvisionnement mondiales ouvre également une fenêtre d’opportunité pour exploiter une industrialisation stratégique orientée vers les produits de base d’une manière respectueuse du climat ».
La problématique environnementale
D’autre part, la stratégie de l’Union relative aux produits de base et la question de l’environnement ont été également abordées. Si la planification de l’utilisation des produits de base a été jugée essentielle, encore plus a été la problématique environnementale. Ainsi, malgré un négligeable 3% au compteur des émissions carbones enregistrées au niveau mondial, l’Afrique est exposée aux « effets d’ampleur du changement climatique et aux phénomènes météorologiques extrêmes ». Cela « de manière disproportionnée, avec de graves conséquences économiques, sociales et environnementales ». Pour contrer les effets ravageurs, il faudra opérer des investissements majeurs. Ce qui est loin d’être le cas quand on considère les données de la Banque africaine de développement. En effet l’institution financière indique que seulement 3% des fonds mondiaux alloués aux effets du changement climatique atterrissent en Afrique. Du reste insuffisant face à un besoin de 118 à 145 milliards de dollars par an.
Le secteur privé pas en reste
Quant au secteur privé, son rôle comme « un excellent moteur pour l’industrialisation, la transformation économique et la croissance de l’Afrique », a été également mentionné. Pour y parvenir, l’UA et ses partenaires ont reconnu l’impérieux besoin de travailler sur les aspects infrastructurels et l’environnement macro-économique, à une main d’œuvre qualifiée et en bonne santé, et l’accès au financement. Par ailleurs, son rôle dans l’égalité des genres a été expressément signifié.
Pour clore, l’UA et ses partenaires ont insisté sur la nécessité de « repenser les engagements stratégiques de l’Afrique avec ses partenaires afin de toujours placer les priorités africaines au centre des négociations internationale ». C’est dans ce sens qu’ils ont appelé la communauté internationale à « renforcer son soutien aux efforts d’industrialisation et de transformation économique de l’Afrique ». Emboîtant ainsi le pas à Antonio Guterres.
Frère John