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Au Maroc, plusieurs projets ont été concrétisés dans le secteur du froid industriel.  De l’exécution du Protocole de Montréal aux différents projets multilatéraux internationaux, en passant par la formation des techniciens et les tendances technologiques… Les réalisations sont nombreuses et d’autres défis restent à atteindre pour ce secteur, comme nous l’explique M. Radouane Alioua, Président de l’Association Marocaine des Professionnels du Froid.

IDM : Pourriez-vous nous présenter l’AMPF ?

RA : L’Association Marocaine des Professionnels du Froid est une association indépendante, à but non lucratif, créée en 1994 par des professionnels du froid et agréée par le ministère chargé de l’industrie. Elle représente la première association créée pour ce secteur au Maroc. Aujourd’hui, l’AMPF collabore étroitement avec de nombreuses institutions nationales, notamment le Ministère de l’Industrie, du Commerce, de l’Investissement et de l’Economie Numérique, l’Office de la Formation Professionnelle et de la Promotion du Travail, ainsi que l’Organisation des Nations Unies pour le Développement Industriel (ONUDI). Notre association compte également des partenaires internationaux tels que l’Agence Française de Développement (AFD) et l’Institut Français du Froid Industriel et de Génie Climatique (IFFI). Notre rôle est de contribuer à la mise en exécution des projets multilatéraux entre le Maroc et les autres institutions auxquelles nous reflétons le marché marocain. Notre objectif, en tant qu’association, est de travailler comme un véritable acteur économique au Maroc.

IDM : Quelles sont les actions menées par votre Association depuis sa création jusqu’à aujourd’hui ?

RA : Depuis sa création, l’AMPF a mené de nombreuses actions avec ses partenaires. A titre d’exemple, en 1996, nous avons signé une convention avec l’OFPPT pour la formation des étudiants, des stagiaires et des techniciens en froid, ainsi qu’un autre partenariat avec le ministère chargé du commerce et de l’industrie. Ce dernier a été scellé à la suite de la signature du Protocole de Montréal, qui stipule l’élimination des chlorofluorocarbures ou gaz CFC. C’est dans ce cadre que l’AMPF a été désignée par le ministère pour veiller à la mise en œuvre de toutes les étapes de ce Protocole au Maroc, depuis 1996 jusqu’à aujourd’hui. Chose qui a été accomplie, puisque le plan d’élimination a été exécuté deux ans avant l’échéance fixée. Le Maroc est d’ailleurs le premier pays africain, au niveau des Nations Unies, à avoir respecté l’exécution de ce Protocole. D’autre part, l’AMPF a été désignée comme l’association représentante de la profession du froid au Maroc pour collaborer avec le ministère chargé de l’industrie dans l’élimination des hydrochlorofluorocarbures ou HCFC, dans le cadre du fond multilatéral signé par l’ONUDI et le Maroc. Nous avons également travaillé avec le Centre Marocain de Production Propre (CMPP), le ministère chargé de l’industrie et l’AFD sur la mise en place d’un projet de deux stations pilotes d’entreposage frigorifique au sein de deux sociétés agroalimentaires. Ce fut un projet réussi qui a servi de modèle pour bien d’autres entreprises. D’autre part, nous avons formé les techniciens pour la récupération des gaz HCFC dans les stations frigorifiques.

Aujourd’hui, nous supervisons diverses actions, dont de nombreux séminaires que nous animons sur toutes les régions du Royaume. Pour rappel, nous avons également organisé en mars 2012 le premier salon international au Maroc dédié aux métiers du froid et de la climatisation, Clim & Froid Expo, auquel avaient pris part près de 3.000 visiteurs et quelques 45 exposants, dont de nombreuses entreprises étrangères venues d’Europe et d’Asie.

IDM : Qu’en est-il pour les chantiers actuellement entrepris pour la formation dans le secteur du froid ?

RA : L’AMPF a signé avec l’OFPPT le nouveau modèle de la bonne gouvernance, qui engage l’association à donner son avis de professionnels sur les décisions de l’OFPPT concernant le secteur du froid et de la climatisation. Le 24 novembre 2014, nous avons signé une convention de partenariat avec l’OFPPT et le Ministère de l’Education Nationale et de la Formation Professionnelle concernant la mise en place du baccalauréat professionnel, dont l’entrée en vigueur a été prévue pour la rentrée 2015/2016. Le but de cette initiative est de permettre à l’étudiant d’avoir le choix de s’inscrire à un baccalauréat professionnel. Il bénéficiera ainsi du titre de technicien et pourra intégrer le marché de l’emploi et même continuer sa formation dans le cycle d’ingénieur. Le technicien en froid doit avoir une formation académique, commerciale et managériale, et être à jour par rapport aux avancées technologiques. Aujourd’hui, il existe une tendance internationale en matière de matériel, de technologie, etc., et la profession a une vision à long terme : celle de former les ingénieurs aux tendances internationales de demain. C’est une initiative issue d’un besoin du marché, qui constitue une nouvelle stratégie adoptée par le Maroc, non seulement pour le froid industriel, mais également pour bien d’autres secteurs.

IDM : Comment se porte le secteur du froid de nos jours ? Suit-il les tendances ?

RA : Le secteur est sur la bonne voie et le marché est porteur. L’industrie du froid est présente dans plusieurs domaines d’activité, que ce soit dans l’agroalimentaire, l’industrie pharmaceutique, la pêche maritime, l’agriculture, le secteur médical, etc. Le froid est indispensable dans plusieurs champs. De plus, ce secteur fait l’objet d’innovations et de nouvelles technologies et suit les tendances énergétiques. Aujourd’hui par exemple, de nombreux procédés sont mis au point afin d’optimiser le coût de l’installation frigorifique en termes d’énergie. Les professionnels recourent en effet de plus en plus aux gaz à efficacité énergétique importante et aux technologies où le coefficient de performance est très élevé.

IDM : Comment contribue l’AMPF au niveau du volet législatif ?

RA : Nous faisons partie du comité décidant dans la réglementation du secteur du froid. A titre d’exemple, l’AMPF contribue dans la fixation des quotas d’importation des gaz frigorifiques. Par ailleurs, notre association joue le rôle d’interface entre les professionnels et les pouvoirs publics en ce qui concerne la régularisation de ces quotas, de façon à répondre à la demande du marché.

Une réglementation nationale commence à être instaurée pour le secteur du froid et de la climatisation. Toutefois, il est nécessaire d’assurer le suivi et d’établir une synergie entre les institutions concernées.  Dans le cas contraire, le manque de synergie peut retarder les projets et entraver leur mise en œuvre.

Propos recueillis par

Siham Hamdi

 

 

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