Huit ans après l’annexion de la Crimée par la Russie et le début d’un conflit armé contre les séparatistes pro-russes à l’Est dans le Donbass, le monde s’est réveillé ce 24 février 2022, avec des coups de canon en Ukraine. Des canons déclenchés par la Russie, au motif de protéger les populations russophones du pays. Comment a débuté ce bras de fer ? nous revenons en quelques lignes sur les prémices d’une guerre annoncée depuis huit ans.

Officiellement déclenché le 24 février 2022, le conflit entre la Russie et l’Ukraine remonte bien plus loin dans l’histoire. Avec la domination de l’Ukraine par la Russie de l’impératrice Catherine II. Cependant, le conflit russo-ukrainien actuel est la résultante du non-respect de la parole donnée par les Etats-Unis à Gorbatchev en 1991, selon laquelle l’Ukraine ne devrait jamais faire partie de l’Organisation du traité de l’Atlantique Nord (OTAN).

Les signes avant-coureurs

L’Ukraine, ancienne république soviétique, après plusieurs périodes d’occupation acquiert son indépendante en 1991. Suite à cette acquisition, une grande partie du pays est plutôt pro-occidentale, tandis que la partie orientale de l’Ukraine est majoritairement russophone et se sent proche de Moscou.

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À l’entame des années 2000, un vent nouveau souffle sur l’Europe. Les pays autrefois membres de l’URSS demande à rejoindre l’OTAN. Une action que n’apprécie guère la Russie, mais qu’elle laisse faire. Ainsi, en 1999, les demandes d’adhésion de la République Tchèque, de la Pologne et de la Hongrie sont acceptées.

En 2004, a lieu la deuxième vague d’extension de l’OTAN à l’Est, qui coïncide avec les révolutions de couleur destinées à isoler la Russie de ses proches voisins (Géorgie 2003, Ukraine 2004, Kirghizstan 2005).

En 2008 à Bucarest, l’OTAN invite l’Ukraine et la Géorgie à la rejoindre. Une action qui coûtera chère à la Géorgie qui entre-temps débuta une attaque contre l’Ossétie du Sud (soutenue par la Russie) dans la nuit du 8 août. Un acte qui impliquera une réponse immédiate des Russes. Le 26 août, la Russie reconnaît officiellement l’indépendance de l’Ossétie du Sud et l’Abkhazie et se dit prête « à assurer la sécurité de ces deux États ».

La situation reste ainsi tendue et l’Estonie, la Lettonie, la Lituanie, la Roumanie, la Slovaquie et la Slovénie rejoignent à leur tour l’alliance. La vague d’adhésion se poursuit et en 2009, c’est au tour de l’Albanie et de la Croatie. Enfin, en 2017 et en 2020, le Monténégro et la Macédoine du Nord font leurs entrées dans l’alliance.

Élément déclencheur

Face à cette ruée vers l’OTAN, la Russie se sent de plus en plus isolée et a l’impression d’un véritable encerclement de la part des forces occidentales. Le pays dénonce une volonté de nuire aux intérêts sécuritaires russes. C’est au cours de cette période pas reluisante pour la Russie, que son voisin l’Ukraine, songe à se rapprocher de l’alliance occidentale créée en 1949 dans le but de freiner l’expansion de l’Union soviétique. Une perspective intolérable pour Moscou, car si la Russie semble avoir compris que son influence sur les pays tels la Pologne, la République Tchèque ou encore l’Estonie était de l’histoire ancienne, il n’en est pas de même pour l’Ukraine.

En 2014, la population de la péninsule, majoritairement russophone, se prononce en faveur de son rattachement à Moscou, lors d’un referendum contesté par la communauté internationale. Des combats éclatent alors dans les provinces ukrainiennes de Donetsk et de Lougansk, dans le Donbass, qui s’autoproclament « Républiques populaires ».

Depuis cette date, l’armée ukrainienne combat les séparatistes, au cours d’une guerre qui a fait plus de 13.000 morts. Les affrontements y avaient grandement diminué depuis des accords de Minsk en 2015, mais des violences éclataient encore régulièrement.

Kiev et ses alliés occidentaux ont longtemps accusé Moscou de fournir des troupes et des armes aux séparatistes prorusses du Donbass. Ces accusations étaient rejetées avec véhémence par le Kremlin. Mais pour la Russie, ces séparatistes sont des Russes qui doivent être protégés par Moscou.

D’autres raisons sous-jacentes

En 2020, l’escalade des tensions est freinée par le Covid et la campagne électorale américaine. Puis les événements s’emballent en 2021 avec l’entrée en fonction de la nouvelle administration de Joe Biden. Une spirale infernale s’amorce. Le 24 mars 2021, le président ukrainien Volodymyr Zelensky affirme son intention de reprendre la Crimée et le Donbass.

À la suite de cette annonce, la Russie réagit et commence dès le 25 mars à rassembler des troupes près de la frontière ukrainienne. En avril 2021, le Président américain propose à la Russie un sommet, afin de discuter de sujets clés les concernant, mais aussi désamorcer l’escalade des tensions. Le sommet Biden-Poutine se tiendra le 16 juin de la même année à Genève, sans résultat.

Crise Russo-Ukrainienne : l’OCP grand gagnant de la situation

En décembre, la Russie propose deux traités de paix aux Etats-Unis. Cette proposition inclut la volonté russe de ne pas voir Kiev rejoindre l’OTAN, qu’elle perçoit comme une menace. Cette fois-ci, la Russie exige une réponse écrite, pour éviter de tomber dans le piège des engagements oraux donnés à Gorbatchev en 1991.

Début février 2022, la situation dégénère, La Russie et l’Ukraine s’accusent mutuellement. Les Ukrainiens accusent les Russes d’entasser leur troupe à la frontière, tandis que les Russes incriminent des drones ukrainiens de tirs sur les populations civiles du Donbass et près de la Crimée.

Dans la foulée, la France et l’Allemagne tentent des médiations qui échoueront, car ni Macron ni Scholz ne parviennent à convaincre Zelensky d’appliquer les accords de Minsk, vu comme la dernière chance pour la paix. Le 21 février au soir, Vladimir Poutine proclame l’indépendance des territoires séparatistes pro-russes de Donetsk et Lougansk, avant de lancer trois jours plus tard (le 24 février), une opération militaire engagé en Ukraine.

Hervée Mona

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