IDM : Quel est l’état d’avancement des explorations pétrolières et gazières au Maroc ? Et quels sont leurs derniers résultats ?
AB : La promotion proactive entreprise ces dernières années par l’ONHYM ainsi que diverses incitations offertes par le code des hydrocarbures ont permis d’attirer davantage d’investisseurs étrangers disposant de l’assise technique et capables d’investir dans des projets capitalistiques.
Au 31 décembre 2014, la recherche des hydrocarbures s’est déployée sur une superficie totale de 353.453,98 km² et comptait 40 permis en onshore, 90 permis en offshore, 2 autorisations de reconnaissance en onshore, 3 en offshore et 11 concessions d’exploitation ainsi que 4 MOU sur les schistes bitumineux.
Sur le plan du partenariat, l’année 2014 à elle seule a été marquée par la signature de deux nouveaux accords pétroliers, de trois nouveaux contrats de reconnaissance, d’une demande de passage à la 1ère période complémentaire et de 2 mémorandums d’entente.
Ainsi, l’ONHYM continue à déployer tous ses efforts pour encourager et intensifier l’exploration pétrolière des bassins sédimentaires marocains par ses propres moyens ou en partenariat.
De nombreux travaux d’acquisitions géophysiques (gravimétrie, magnétisme et sismique) et d’analyses et études de géologie structurale, de sédimentologie et de géochimie, ont été réalisés, en onshore comme en offshore, sur plusieurs bassins du Royaume. L’interprétation de ces données a permis de valoriser le potentiel pétrolier de ces régions, ouvrant la voie à de nouvelles investigations de recherche.
Dans le cadre de l’activité propre de l’ONHYM, les travaux ont porté sur l’évaluation du potentiel en hydrocarbures par le biais de l’interprétation de plus de 24.000 Km de sismique 2D et 2.000 Km² de sismique 3D dans les zones côtières de Boujdour, Meskala/Toukimt, le segment offshore Rabat-Tarfaya, le Mésorif, Zelten et Harchane.
Pour ce qui est des activités de nos partenaires, l’année 2014 a été marquée par la réalisation de treize puits d’exploration, dont deux sont en cours, et par l’acquisition de 11.244 Km² de sismique 3D et 7.799 Km de sismique 2D.
Les résultats des forages, notamment ceux forés dans le bassin du Gharb par nos partenaires Circle Oil et Gulfsands, ont mis en évidence des découvertes modestes, certes, mais avec un taux de réussite très positif.
Ainsi, sur les six puits réalisés cette année, quatre sont positifs.
Sur le bassin d’Essaouira onshore, un autre puits a montré la présence de gaz qui reste à confirmer par des travaux ultérieurs.
IDM : Et en offshore…
AB : En offshore, l’ONHYM et ses partenaires ont réalisé, durant l’année 2014, cinq puits dont un en cours d’exécution.
Deux d’entre eux ont montré de l’huile lourde et un troisième a détecté des indices de gaz.
Ceci démontre que l’offshore atlantique marocain présente un potentiel pétrolier viable qui se confirme de plus en plus et qu’un effort important reste à faire, particulièrement par des programmes intensifs de forage, qui restent le seul, unique et direct moyen pour faire une découverte .
En dépit de cette nouvelle dynamique instaurée, les travaux de recherche, et plus particulièrement le nombre de forages d’exploration sur une superficie de plus de 900.000 Km², restent en deçà de nos aspirations.
A titre d’exemple, la compagnie pétrolière suédoise Lundin Petroleum vient d’achever son sixième puits sec d’affilé en explorant un bassin situé à la côte ouest de la Norvège.
Ces efforts d’exploration rentrent dans un programme intégré d’exploration qui permettra à Lundin Petroleum soit d’aboutir à une ou plusieurs découvertes, soit de s’assurer que la zone explorée ne contient pas d’accumulations d’hydrocarbures.
Cet exemple montre explicitement le caractère de persévérance et de longue haleine et de prise de risque indispensables dans le domaine de la recherche pétrolière.
IDM : Des articles de presse ont parlé dernièrement de certaines découvertes du gaz. Confirmez-vous ces informations ?
AB : En effet, il s’agit du gaz biogénique qui est en exploitation dans le bassin du Gharb. Nos deux partenaires, Circle Oil et Gulfsands, qui opèrent dans cette zone ont réalisé de nouveaux forages qui ont mis en évidence de nouvelles quantités de gaz qui restent modestes mais contribuent à augmenter la production de gaz pour satisfaire les besoins des clients de l’industrie locale.
IDM : Quelles sont les nouvelles sociétés d’exploration qui comptent s’installer prochainement au Maroc ?
AB : Plusieurs sociétés pétrolières sont intéressées par le potentiel des bassins sédimentaires marocains. Parmi elles, on compte des majors, des supers indépendants et des juniors.
Elles sont attirées aussi bien par le potentiel géologique du sous-sol que par le climat d’investissement favorable que présente le Maroc. Actuellement, la répartition des 34 sociétés opérant dans le domaine de l’exploration est de 30 pour le conventionnel et 4 compagnies pour le non-conventionnel.
En 2014, de nouvelles compagnies sont en cours de discussion avec l’ONHYM pour l’obtention de nouveaux permis d’exploration ou l’entrée en association avec l’ONHYM et ses partenaires dans les bassins où l’exploration est déjà avancée.
IDM : A quand la prochaine édition du Sommet Marocain du Gaz et du Pétrole ? Et quels seraient ses principaux thèmes ?
AB : L’édition du Sommet Marocain du Gaz et du Pétrole organisée en 2014 et qui a connu un vif succès, a été réalisée à la veille du démarrage d’une intense activité d’exploration dans nos bassins sédimentaires.
Cet évènement s’est inscrit dans le cadre des préparatifs et discussions qui ont précédé la réalisation d’un nombre important de travaux par nos partenaires, y compris le forage de puits d’explorations.
Vu le volume important des données récoltées en 2014 à partir des forages et des données sismiques, notamment la 3D, l’ONHYM et ses partenaires sont encore en cours d’évaluation et d’intégration de ces données.
Il est important de laisser mûrir les idées et les nouveaux plays concepts afin d’asseoir une meilleure visibilité quant aux programmes d’exploration à venir, avant d’annoncer une date pour le prochain sommet du gaz et du pétrole.
IDM : Il y a plus de 6 mois, vous aviez annoncé que vous travailliez avec des experts de l’industrie du pétrole et du gaz pour réévaluer le portefeuille de prospects et apporter de nouvelles idées afin d’améliorer la prospectivité des bassins sédimentaires du pays. Où en êtes-vous ?
AB : En effet, l’ONHYM a lancé fin de l’année 2014 un projet d’évaluation de la prospectivité des bassins de l’offshore atlantique en collaboration avec une société internationale, afin de préciser davantage la prospectivité de cette vaste zone.
Cette étude est basée sur l’intégration des données géologiques, géophysiques et géochimiques existantes depuis Tanger jusqu’à Lagouira.
Les résultats et les recommandations de cette évaluation apporteront, comme nous le souhaitons, plus de visibilité à même de nous permettre de mieux asseoir le potentiel pétrolier de l’offshore atlantique et d’affiner davantage nos objectifs et nos projets futurs pour augmenter nos chances de réussite.
IDM : Le Maroc est doté d’un potentiel à la fois en gaz de schiste et en huile de schiste. Qu’avez-vous fait et que comptez-vous faire pour l’exploration de ces hydrocarbures non conventionnels ?
AB : Les schistes bitumineux se trouvent principalement dans les bassins de Timahdit et de Tarfaya. Les premiers travaux datent des années 1980. Ils ont été initiés suite aux chocs pétroliers de 1973 et 1979 avant d’être stoppés durant les années quatre-vingt en raison de l’effondrement du prix du pétrole.
Le Maroc s’est doté d’une stratégie de relance du développement de cette ressource à partir de la fin des années 2000.
Aujourd’hui, l’ONHYM a signé des accords avec des compagnies pétrolières pour tester les procédés à Timahdit et Tarfaya.
San Leon Energy et GOS vont effectuer des tests à Tarfaya et Taqa compte tester un procédé pilote à Timahdit.
Il faut garder à l’esprit que les projets de développement des schistes bitumineux font face à des défis technologiques (les procédés industriels ne sont pas matures), sont très capitalistiques et nécessitent des investissements de plusieurs milliards de dollars.
La veille technologique se poursuit.
Pour les gaz de schistes, la géologie régionale est favorable pour l’exploration et le développement de ce type d’hydrocarbures.
Le Maroc occuperait une place de choix en Afrique en ce qui concerne ce potentiel avec ses bassins sédimentaires paléozoïques qui concentrent la majorité de ce potentiel.
Au niveau des gaz de schistes, le Maroc est au début du processus. Des contrats de reconnaissance ont été signés avec certaines sociétés pour commencer les études géologiques afin d’évaluer ce potentiel.
Le Maroc est encore aux premiers pas de l’exploration des gaz de schiste.
La thématique des gaz de schistes ouvre de nouvelles perspectives pour l’exploration des hydrocarbures au Maroc dans des zones où la recherche était traditionnellement orientée vers les hydrocarbures conventionnels.
Il faudra aussi travailler sur des législations spécifiques à ces 2 activités.
IDM : Quels sont les derniers projets sur lesquels travaille l’ONHYM ?
BA : Pour 2015, l’ONHYM a prévu l’acquisition, par ses propres moyens, de 950 km de sismique 2D à Lemsid, dans les provinces du Sud, ainsi que le retraitement de plus de 500 km dans le domaine Méso-Rifain au Nord du Maroc.
L’ONHYM continuera à travailler sur les anciens projets lancés auparavant et qui ne sont pas encore achevés. Les partenaires de l’ONHYM prévoient, quant à eux, de réaliser 14 forages en 2015 et d’acquérir 4.850 Km de sismique 2D et 2.073 Km² de sismique 3D.
IDM : Comment les investisseurs peuvent-ils tirer profit des opportunités d’investissements dans le domaine du pétrole et du gaz ?
AB : Les sociétés pétrolières opérant au Maroc ainsi que les sociétés souhaitant s’y installer apprécient le climat d’investissement que présente le pays, et surtout les différents avantages attribués par la loi sur les hydrocarbures.
En effet, les partenaires de l’ONHYM, dans le cadre des projets pétroliers et gaziers, bénéficient de nombreux avantages, notamment les exonérations fiscales et les facilités dans le cadre de la réglementation de change.
Ces avantages classent le système fiscal marocain parmi les dix premiers systèmes les plus avantageux à l’échelle mondiale.
Il permet ainsi d’attirer le maximum d’investisseurs.