Entretien avec Jamal BENHAMOU

IDM : Tout d’abord ,pourquoi un Soft Centre ?

JB : Créé le 28 mai 2010, à un moment historique du développement du Maroc dans les Nouvelles Technologies de l’Information et de la Communication, le Soft Centre, comme son nom l’indique, est un centre de R&D spécialisé en développement logiciel et mis à la disposition des opérateurs du secteur des Technologies de l’Information, dans le but de leur permettre de produire du logiciel innovant en faisant appel aux compétences universitaires.
En effet, depuis le démarrage officiel de ses activités en 2011, le Soft Centre (Centre de R&D logiciel, dont la présidence est assurée par l’ANRT – www.anrt.ma), n’a cessé d’oeuvrer pour établir un « pont de l’innovation » entre le monde universitaire de la recherche dans le domaine du logiciel et le monde de l’entreprise privée et de l’entrepreneuriat, au sein du secteur des technologies de l’information.
Et ce, dans l’objectif de faire des découvertes capitales sans précédent, dans le domaine de l’innovation logicielle.
Ainsi, jusqu’à aujourd’hui, cette dynamique de l’innovation a pu être orchestrée, via l’entremise du Soft Centre, à la fois par la conviction des opérateurs IT, des donneurs d’ordre privés et publics, mais aussi par l’engagement des institutions universitaires de recherche.

IDM : Quelles en sont les retombées à ce jour ?

JB : Depuis 2011, après 3 années d’existence, les chiffres suivants témoignent de la construction progressive de ce pont de l’innovation.
Et ce, notamment grâce à la mise en oeuvre d’une approche collaborative en termes de Clustering :

Auprès des établissements universitaires :

  • Implication de 70 ressources universitaires (chercheurs, thésards et ingénieurs PFE)
  • Fédération de 20 établissements universitaires
  • 49% des PFE, qui sont intervenus au sein de nos projets R&D, ont été recrutés (recruter ici est une impropriété : on recrute une personne je ne sais la signification de « PFE ») par nos donneurs d’ordre. Soit la création de 18 emplois indirects pour 37 PFE syndiqués par nos soins.

Auprès des opérateurs IT du marché :

  • Adhésion de 20 donneurs d’ordre (dont 2 étrangers)
  • Réalisation de 32 projets de R&D logiciels
  • Intégration de 8 opérateurs TIC marocains, opérant dans le segment des applications mobiles, au sein du ‘’Skill Center for Mobile Applications’’.

Auprès des donneurs d’ordre publics et privés :

  • Accompagnement de 16 donneurs d’ordres publics, via le ‘’Skill Center for Mobile Applications’’, pour la rédaction des cahiers des charges et CPS relatifs à 20 projets d’applications mobiles
  • Genèse et la mise en ligne sur les appstores de 8 applications mobiles pour le compte de 8 donneurs d’ordre publics, dont 5 ont bénéficié de l’accompagnement technologique du Soft Centre auprès des adjudicataires finaux.

IDM : Quels enseignements en retirons-nous ?

JB :Bien que la plupart des observateurs sont satisfaits des premiers résultats engendrés, nous estimons que le démarrage opérationnel des activités du Soft Centre a pris du temps en raison de la difficulté à mobiliser les entreprises IT nationales autour de ce projet novateur.
Ce premier niveau de résultat a nécessité un véritable travail de fond et de forme, en termes d’approche du marché, pour drainer le maximum d’entreprises marocaines du secteur des Technologies de l’Information vers le Soft Centre.
Nous expliquons ce retour d’expérience par l’existence de plusieurs facteurs.
En effet, à la différence des donneurs d’ordre étrangers, qui produisent du progiciel et sont donc à même de pouvoir externaliser une partie de ce dernier dans le cadre de projets R&D, la plupart des entreprises marocaines ne produisent encore que du développement spécifique.
Ce dernier point est donc un facteur contraignant quant à la formalisation et à l’externalisation de projets R&D auprès du Soft Centre.
Qui plus est, pour ce qui relève des start-ups, ces dernières ont des propositions de sujets très intéressants.
Mais elles ne disposent pas du budget nécessaire à la réalisation des projets en question par le Soft Centre, de plus, la valorisation de ces projets reste faible.
D’autant plus que leurs projets ne sont pas ‘’pré-vendus‘’ pour en assurer un débouché commercial tangible.
C’est pour répondre à cette dernière problématique (notre ambition étant – à juste titre – d’accompagner les donneurs d’ordre IT, afin de les aider à transformer leurs ambitions technologiques en réalités logicielles) que nous avons mis en oeuvre un ‘’Skill Center for Mobile Applications ‘’, en tant que Centre de services partagés au profit des Start-up souhaitant s’investir dans ce créneau.
Cette plateforme a démontré – à ce jour – qu’elle permet aux TPE (Très Petites Entreprises) d’accéder à des donneurs d’ordre de grande envergure.
Et ce, tout en assurant la genèse de solutions innovantes sur le segment du mobile, via l’implication de ressources universitaires syndiquées par le Soft Centre.
Organisée sous la forme d’un processus de ‘’Clustering’’, cette nouvelle approche nous a ainsi permis de dynamiser le processus d’innovation logicielle, dans le cadre d’un processus collaboratif, syndiquant à la fois la demande utilisatrice, l’offre technologique, ainsi que les compétences universitaires via l’entremise du Soft Centre.
En effet, les actions d’accompagnement du ‘’ Skill Center for Mobile Applications ‘’ ont commencé générer un premier retour, sur l’exercice 2012, via la mise en production de nombreux projets.
Et ce, tout en notifiant que la dynamique relative à ce domaine d’activité n’a commencé à prendre sa vitesse de croisière qu’à partir de 2013, suite à l’engouement exprimé par les grands donneurs d’ordre publics et privés.
La courbe d’évolution ne fait donc que se confirmer, puisque d’autres institutions marocaines commencent à s’adosser à ce dispositif dans le but de délivrer des services innovants et de proximité à leurs clients et partenaires cibles.
Cette dynamique impulsive devrait ainsi nous permettre d’atteindre, d’ici fin 2014, l’objectif d’une mise à disposition de près d’une trentaine de services répondant aux besoins quotidiens du citoyen marocain, via les applications mobiles en question.

IDM: Sur la base de ce retour d’expérience, quelle démarche stratégique adopterons-nous sur l’exercice 2014 ?

JB : Pour l’exercice 2014, notre objectif est d’assurer une duplication à large échelle des activités du Soft Centre, tout en assurant une mise en synergie des différents dispositifs d’appui à l’innovation existants à ce jour au Maroc.
À cet effet, il faut préciser que les résultats tangibles précédemment énoncés, quant aux réalisations du Soft Centre, ont découlé, de manière structurelle, quant au fort positionnement des activités de R&D du Soft Centre sur le segment des services et applications mobiles.
En effet, cette approche nous a permis de faire émerger des solutions innovantes, dans le domaine du mobile, permettant de répondre à des besoins tangibles.
Ce constat permet d’engager notre conviction quant au développement soutenu du ‘’Skill Center for Mobile Applications’’ sur l’exercice 2014, ce procédé étant à même capable de générer une dynamique récurrente.

C’est en ce sens où sur l’exercice 2014, le Soft Centre continuera à maintenir le développement de ses deux principaux domaines d’activités, à savoir :

  • La recherche appliquée et le développement logiciel, c’est-à-dire la génération de projets de recherche et développement logiciel ‘’à la demande’’ pour compte de tiers.
  • Le centre de services partagés (’Skill Center for Mobile Applications’’), via la mise à disposition de ressources mutualisées (infrastructures partagées, données d’intérêt commun, expertise technologique, networking) au profit des opérateurs du secteur des TI, dans le but de favoriser l’essor du tissu des TPE et PME sur le segment des applications mobiles.

Pour autant, notre objectif sur l’exercice 2014 consistera à établir les jalons d’un système de gouvernance qui permettrait de dupliquer, à plus large échelle, les premiers niveaux de réalisation du Soft Centre qui ont été réalisés sur une échelle plus réduite, notamment par la syndication des différents acteurs sur des projets e-gov de plus grande envergure ; sans omettre la nécessaire synergie à établir entre les différents dispositifs, existants à ce jour, pour ce qui relève de l’appui au financement de projets innovants dans l’industrie du logiciel.
En effet, notre lecture de l’environnement nous a permis de comprendre que ce ne sont pas les dispositifs de financement qui manquent, mais beaucoup plus les projets de R&D par rapport à la demande.
Car il faut nécessairement avoir un donneur d’ordre (demandeur de l’innovation) en face pour justifier le lancement d’un projet R&D innovant répondant à ses besoins

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