Ingénieur de formation, François Pyrek a eu un parcours exclusivement dans l’environnement. Après quinze ans dans le secteur de l’eau en France et en Europe de l’Est, il a été désigné DG chez SUEZ pour les activités Recyclage et valorisation des déchets au Maroc, en septembre 2012. Dans cet entretien, il délivre à IDM ses opinions sur la gestion des déchets au Maroc. Propos recueillis par Said Zinnid
Depuis votre arrivée au Maroc, quel a été l’objectif majeur de votre mission ?
Au Maroc, Suez Recyclage et Valorisation, a trois activités. D’abord, celle historique relative à la collecte des déchets et la propreté urbaine. Le deuxième secteur, que nous avons commencé en 2008, est celui de la gestion des déchets industriels. Le troisième secteur concerne le traitement, allant de la réhabilitation des décharges non contrôlées, à la conception, construction et exploitation de centres d’élimination et de valorisation des déchets ménagers.
Dès mon arrivée, mon objectif était, d’une part, de développer nos services aux industriels dans la gestion de leurs déchets et, d’autre part, de proposer aux collectivités nos solutions de valorisation de leurs déchets ménagers.
En quelques années, le pays a opéré une profonde mutation pour concrétiser son projet d’un Maroc vert, Suez a souhaité accompagner le royaume dans la mise en œuvre de cette politique.
C’est dans ce sens, que nous avons mené un projet de valorisation des déchets ménagers à Meknès.
A ce propos, quel regard porte Suez sur la gestion des déchets industriels au Maroc ?
Il y a, d’une part, de grands groupes dotés d’une politique environnementale claire ; avec une certification ISO 14001. Ces entreprises, en phase avec leur maison mère, structurent la gestion de déchets. Suez les accompagne dans leurs performances environnementale et économique.
Notre accompagnement du Groupe Renault dans la gestion globale des déchets de ses usines de
Tanger et Casablanca en est le parfait exemple. D’autre part, Suez accompagne les petits producteurs en étant présente géographiquement, notamment sur les deux plus importants bassins industriels au Maroc, que sont Tanger et Casablanca.
Pour ce type d’entreprises, nous assurons des services sur mesure comme l’évacuation de déchets ou encore, la mise en place de bennes, de compacteurs. Ce type de services se développe de plus en plus, dans la mesure où l’informel était jusqu’alors très présent dans certaines zones industrielles. Nous avons constaté une évolution dans la prise de conscience environnementale des dirigeants de PME.
Dans ce sens, notre chiffre d’affaires a fortement évolué, en doublant sur une période de cinq années.
Pensez-vous que les petites entreprises opérant dans le secteur industriel sont très sensibles à la gestion de leurs déchets ?
Ces entreprises sont en effet très sensibles à la gestion de leurs déchets, tout en visant l’optimum en termes de compétitivité économique. Dans ce sens, Suez leur propose un accompagnement alliant performances environnementale et économique. Toutefois, nous notons qu’un effort de sensibilisation et de formation quant à l’importance de la gestion des déchets et plus généralement aux sujets environnementaux est nécessaire, notamment sur les décrets relatifs aux déchets industriels dangereux quant à l’importance de la gestion de leurs déchets et sur les sujets environnementaux.
Quel est votre position par rapport au volet législatif marocain dédiée à la gestion des déchets industriels ?
Nous saluons les avancées qui ont été faites depuis 2015. Aujourd’hui, il faut encourager et accompagner encore plus l’application des décrets, ainsi que la structuration des filières. Il existe à ce jour de nombreuses filières à organiser (déchets électriques et électroniques, valorisation des plastiques par exemple) et une feuille de route définissant les filières prioritaires à développer au niveau de la problématique de la gestion des déchets industriels serait à définir.
La gestion des déchets industriels dans les autres pays s’est faite sur le long terme. Ce sera également le cas au Maroc en mettant en place ce type de stratégie.
Dans peu de temps, le Maroc organisera la COP22. Suez a déjà pris part à la COP21 tenue à Paris. Que pouvez-vous nous dire là-dessus ?
Pour SUEZ, la lutte contre le dérèglement climatique est une priorité. Dans le cadre de ses Feuilles de route Développement Durable, le Groupe s’était déjà fixé des objectifs de réduction des émissions de gaz à effet de serre et de préservation de la ressource en eau. En 2015 et dans le prolongement des efforts réalisés, SUEZ a pris 12 engagements pour le climat, partagé les solutions et pris part à des initiatives collectives, notamment en faveur de la ressource en eau, lors de la COP21.
La prochaine conférence des parties qui se tiendra à Marrakech en novembre prochain est un évènement crucial, qui doit transformer l’élan pris à Paris en décembre dernier en véritable programme d’action. L’initiative « Triple A : Adaptation, Agriculture, Afrique » portée par la Présidence Marocaine de la COP22 donne le ton. Elle met en lumière les pays du Sud, les solutions permettant de répondre aux conséquences du réchauffement climatique notamment sur l’eau et l’alimentation. Elle encouragera également la coopération multiforme entre les acteurs… Dans la continuité de nos activités et de nos engagements en faveur du climat et de la ressource, causes communes, nous serons au rendez- vous.